La transition verte : pas « si ? » mais « comment ? »

Les syndicats belges ont participé au Forum belge des Objectifs de développement durable. Ils y ont porté un message clair : des mesures s’imposent pour freiner le réchauffement climatique et aussi pour accompagner ses effets destructeurs sur l’activité économique et l’emploi.

Thierry Aerts au nom de la CSC, CGSLB et la FGTB

Le Forum belge des Objectifs de développement durable (ODD) s’est tenu le 5 octobre sous le signe de la transition verte. Pour les syndicats belges il ne fait aucun doute que la transition écologique doit être juste, que son coût doit être équitablement réparti et qu’elle ne peut se faire au détriment des travailleurs qui se sont déjà trouvés en première ligne de précarité suite aux crises financières et sanitaires.

Il est certain que plusieurs mesures sont possibles et que rares sont celles qui sont neutres en termes d’impact économique et social. Par exemple, les gouvernements européens devraient empêcher le Traité international de libéralisation de l’énergie de contrer le Green Deal de l’Union européenne tout en s’assurant aussi de la sécurité d’approvisionnement et de prix indispensable à l’emploi, parce que la réalisation de transitions justes et socialement équitables nécessite des changements dans la manière dont les politiques commerciales sont actuellement construites.

Au Forum, les entreprises reçoivent chaque année l’opportunité de s’octroyer une image écologique positive. Pour essayer d’aller au-delà de ce marketing vert, les syndicats ont pris plusieurs initiatives de dialogue social, telles :

  • un outil issu d’une enquête en Wallonie, destiné à aider les délégations à se situer dans une perspective d’évolution de leur travail sur l’environnement et la mobilité ;
  • des propositions de protection de l’environnement (assainissement de la pollution accumulée sur le site, utilisation plus efficace de l’eau et des matières premières) formulées par la représentation syndicale via les mécanismes de consultation dans l’entreprise de traitement des métaux Nyrstar de Balen en Flandres ; et
  • un guide syndical d’actions concrètes pour aider les délégués à négocier la réduction des déchets et de la consommation énergétique dans le secteur hôtelier bruxellois.

En parallèle, les syndicats déplorent l’attitude des multinationales qui produisent « biens et services verts » (voiture électrique, livraison de repas, etc.) en violant le droit à la représentation syndicale de leurs salariés, en les soumettant à des statuts hybrides et précaires, et plus. Il n’y aura pas d’acceptabilité renforcée de la transition verte sans justice sociale. Le pilier social ne doit pas devenir le parent pauvre des piliers ODD par rapport aux piliers écologiques et économiques.

Il est de la responsabilité des autorités publiques de faire respecter les normes internationales du travail par les entreprises et d’inciter celles qui bénéficient de prêt ou garanties à l’investissement privé à l’étranger à suivre, via une due diligence renforcée, les principes de la Déclaration OIT sur les multinationales. Quant à l’Union européenne, elle propose à juste titre une taxe carbone contre le dumping écologique mondial. Mais, à quand enfin des mesures commerciales plus fortes contre le dumping social mondial ?

Information additionelle
Pas de transition socialement juste sans changement des politiques commerciales !