L’interdiction de la participation de la société civile à l’OMC par l’Argentine est inacceptable

La décision par l’Argentine d’interdire aux représentants de la société civile de participer aux réunions de la Conférence ministérielle de l’OMC, qui débutera le 10 décembre, est étrange et antidémocratique.

De nombreux représentants de la société civile ont annulé leur projet de voyage après avoir été informés que le gouvernement ne leur permettrait pas de se rendre dans le pays, bien que l’OMC leur ait déjà octroyé une accréditation. D’autres représentants sont parvenus à se rendre en Argentine, mais le gouvernement bloque leur accréditation.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a déclaré que « cette décision est empreinte de paranoïa et est davantage liée au passé dictatorial de l’Argentine qu’à une démocratie moderne. Des défenseurs des droits numériques, des ONG de commerce et de développement et une série d’autres groupes légitimes ont vu leur inscription aux événements à l’OMC annulée par le gouvernement de Mauricio Macri sans raison valable. Cette décision pose de sérieuses questions quant à la capacité de l’Argentine à accueillir le Sommet du G20 en 2019 et constitue un grave revers pour les libertés fondamentales dans le pays. Alors qu’aux quatre coins du monde on préconise la conclusion d’accords commerciaux qui soutiennent des emplois décents, les droits fondamentaux, le développement et un environnement durable, la suppression de la participation de la société civile est insensée et déplorable. »

La CSI coordonne actuellement une délégation syndicale internationale auprès de la Conférence de l’OMC, regroupant des participants ayant échappé à l’interdiction par le gouvernement. La Conférence examinera des résolutions sur les subventions agricoles et les systèmes publics de stockage, la pêche, la réglementation intérieure des services, les services d’aide aux investissements et une série de questions en suspens concernant la mise en oeuvre du Programme de Doha pour le développement.

Un groupe composé principalement de pays développés a proposé de transformer le mandat de 1998 de l’OMC pour débattre de questions liées au commerce électronique en un mandat de négociation complet. Cette décision est considérée comme l’un des points les plus controversés lors de la Conférence ministérielle de cette année et a été rejetée par un grand nombre de pays en développement.

Le groupement Global Unions a adopté une déclaration (https://www.ituc-csi.org/global-unions-statement-of-19506), qui appelle au règlement des questions en suspens en matière de développement avant de soumettre de nouveaux points à la négociation, et formule des propositions sur l’inclusion de questions en matière de travail à l’ordre du jour de l’OMC.