L’égalité de genre dans les projets de coopération syndicale de la fédération de l’industrie des CC.OO.

Les deux actions que nous avons menées au sein de la Fédération de l’industrie dans le cadre de la Convention de coopération syndicale avec l’Amérique latine, conclue avec la fondation Paz y Solidaridad Serafín Aliaga des CC.OO. et l’Agencia Española para la Cooperación y Desarrollo (Agence espagnole pour la coopération et le développement), arriveront à terme cette année. Basées sur la solidarité syndicale internationale, ces deux actions répondent à l’objectif de renforcer, sur le plan syndical, toutes les parties auxquelles nous participons, en analysant les différentes réalités et en établissant des stratégies communes d’action face aux défis que nous a posés la mondialisation.

Comme nous l’avons constaté durant les rencontres tenues avec les partenaires, la participation massive des femmes au marché du travail durant les dernières années (40% des travailleurs) n’a pas résulté en l’élimination des discriminations dont les femmes ont été victimes de tout temps, tant dans la sphère privée que publique. La mondialisation néolibérale a débouché sur une situation précaire de l’ensemble des travailleurs/euses, ayant une incidence directe sur les femmes et devenant plus manifeste dans les secteurs industriels.

Les inégalités frappent de plein fouet ce système, mettant clairement en péril non seulement l’État-providence développé après la Seconde Guerre mondiale, mais également le fondement des systèmes démocratiques, dont un des piliers fondamentaux est l’égalité. Le travail décent, à savoir le travail réalisé conformément aux Conventions fondamentales de l’OIT de 1998 – liberté syndicale, droit de grève et négociation collective, interdiction du travail des enfants et du travail forcé et interdiction de toute forme de discrimination au travail – et le travail réalisé sous contrat, garantissant une rémunération juste et le droit à des prestations sociales de base, tente de devenir l’objectif du syndicalisme international, nécessaire pour changer ce modèle économique, comme indiqué dans le « Guía para la formación sindical internacional. Globalización, Negociación Colectiva y Acción sindical en la empresa transnacional » [1] (Guide pour la formation syndicale internationale - Globalisation, négociation collective et action syndicale dans l’entreprise transnationale), élaboré par la Fédération de l’industrie des CC.OO., comme l’aboutissement du travail développé dans le cadre de l’un des projets.

Ce guide consacre un chapitre complet à l’égalité entre hommes et femmes dans les entreprises transnationales, en vue de mettre en place, après avoir établi un diagnostic de la situation, des stratégies efficaces permettant de corriger effectivement les inégalités et les discriminations en matière de genre au travail, en relevant efficacement les défis posés par la nouvelle organisation de l’entreprise à l’action syndicale.

Nous avons toujours tenté d’intégrer la perspective de genre dans la planification et le développement de nos projets. Malgré les difficultés – diverses conditions socioculturelles, politiques, législatives et syndicales dans les différents pays – nous avons essayé tant de garantir la participation des femmes syndicalistes aux actions que d’organiser une rencontre monographique sur l’égalité de genre dans le cadre de chacune d’entre elles. Si nous pensons réellement que, pour changer le monde, il est nécessaire de changer la vie des femmes, il convient d’agir en conséquence et les femmes doivent êtres les actrices fondamentales, mais pas exclusivement, de ce processus.
Cette pratique a permis, d’une part, d’engager un discours idéologique et d’établir une stratégie conjointe visant à lutter pour une réelle égalité dans nos domaines d’action et, d’autre part, de connaître les instruments dont nous disposons, notamment les réseaux syndicaux et les accords-cadres internationaux, et les structures syndicales supranationales afin d’atteindre l’un des objectifs de l’action syndicale internationale, à savoir l’universalisation des droits fondamentaux du travail.

Malheureusement, les coupes effectuées par le gouvernement du Parti populaire dans la coopération internationale, portant atteinte à la coopération syndicale, ont une incidence directe sur les activités que nous menions au sein de la Fédération de l’industrie et, par conséquent, sur le droit à la réelle égalité que nous voulons garantir et qui est indispensable à la démocratie de tous les pays du monde. C’est pourquoi, nous devrons continuer de rechercher des alternatives nous permettant de développer l’action syndicale dont ont besoin les travailleurs et les travailleuses du monde entier.

Isabel Rodero, responsable des politiques de l’égalité et coordinatrice des projets de coopération de la Fédération de l’industrie des Comisiones Obreras

Nous nous référons à l’action 18 « Formation des travailleurs et des travailleuses du secteur industriel pour la négociation collective dans le cadre de la mondialisation » et à l’action 10 « Développement d’espaces de négociation collective internationale dans des entreprises espagnoles du secteur électrique présentes en Amérique latine »