Kazakhstan : Une dirigeante syndicale condamnée dans un simulacre de justice

La CSI a condamné la peine prononcée aujourd’hui par un tribunal du Kazakhstan contre la dirigeante syndicale Larisa Kharkova comme un simulacre de justice et un affront à la démocratie.

Larisa Kharkova, présidente de la confédération syndicale indépendante CNTUK, a été condamnée à quatre années de restriction de mouvement et à 100 heures de travaux forcés, outre l’interdiction d’occuper toute fonction au sein d’une organisation publique ou non gouvernementale durant cinq ans. Il lui est interdit de changer de lieu de résidence et de lieu de travail et de visiter certains endroits, ainsi que de quitter, sans autorisation préalable, la ville où elle réside.

Les chefs, basés sur une série d’accusations inventées de toutes pièces contre elle, font suite à une campagne de répression contre un mouvement de grève des travailleurs de la Compagnie de construction pétrolière du Kazakhstan (OCC). En avril, le président adjoint de la CNTUK Nurbek Kushakbayev fut condamné à deux ans et demi de prison pour avoir simplement évoqué lors de discussions la possibilité que la grève se poursuive. Au début de 2017, la justice kazakhe a radié la CNTUK du registre des syndicats, gelé ses comptes et saisi son équipement et ses propriétés.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a déclaré : « Les peines prononcées contre Larisa Kharkova et Nurbek Kushakbayev, qui défendaient simplement les droits fondamentaux des travailleurs garantis en vertu du droit international et de la constitution nationale, sont absolument scandaleuses et nuiront à la réputation du Kazakhstan internationalement. Les bénéficiaires d’une telle persécution contre un syndicat indépendant légitime ne sont autres que les dirigeants riches et puissants de la compagnie pétrolière de l’État, cependant que le non-respect des droits inscrits dans les Conventions de l’OIT portera préjudice aux conditions de vie des gens ordinaires au Kazakhstan. Il en va de la dissuasion de toute forme d’action protestataire. Cette atteinte à l’État de droit est antidémocratique et nous appelons instamment le président Nursultan Nazarbayev à prendre les dispositions qui s’imposent pour que les peines soient révoquées et qu’un terme soit mis à la campagne contre la CNTUK, y compris les poursuites contre le délégué syndical de l’OCC, Amin Yeleusinov. »

La condamnation de Kushakbayev et d’Amin Yeleusinov, qui purge une peine de prison de deux ans, et la radiation de la CNTUK et de ses affiliés ont incité la CSI à déposer auprès de l’OIT une plainte formelle contre le Kazakhstan au titre de violation de la liberté syndicale, tandis que la pression internationale contre le gouvernement kazakh devrait s’intensifier à la suite du jugement prononcé contre Larisa Kharkova.

La peine rendue aujourd’hui par le tribunal du district d’Enbekshinskiy, dans la ville de Chimkent, dans le sud du Kazakhstan, intervient à l’issue d’une période de sept mois durant laquelle Larisa Kharkova a été soumise à des interrogatoires pratiquement quotidiens et des pressions psychologiques soutenues et a été suivie dans ses moindres mouvements par des agents de la sûreté de l’État.

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