Gros-plan sur Jardélia Rodrigues (CUT Brésil – Décisions pour la vie)

« Les témoignages et les luttes des femmes me rendent plus forte »

Jardélia Rodrigues est secrétaire à la formation auprès de la confédération syndicale brésilienne CUT, dans la région de Rio Grande do Sul. Elle s’est engagée dans la campagne Décisions pour la vie à l’invitation de la secrétaire du Comité des femmes de la CUT. La campagne Décisions pour la vie actuellement en cours dans 12 pays de par le monde, du Brésil à l’ouest, à l’Indonésie à l’est, vise à organiser les jeunes femmes et à les sensibiliser à leurs droits au travail. Au Brésil, les principaux enjeux sont les salaires, les inégalités entre hommes et femmes et le manque de débouchés pour les jeunes femmes sur le marché du travail.

Quel genre d’activités organisez-vous dans le cadre de la campagne Décisions pour la vie ?

- J’ai été activement impliquée dans l’organisation d’ateliers de travail et de formations s’adressant aux jeunes femmes au Brésil. Les activités que nous organisons pour la campagne Décisions pour la vie sont quelque peu différentes de nos activités habituelles. Elles sont plus spécifiquement adaptées aux besoins des jeunes femmes. La CUT n’est pas encore pleinement engagée dans la campagne à l’échelon national. Je suis toutefois heureuse de pouvoir affirmer qu’il y a désormais un réel intérêt de la part de la CUT de faire de cette campagne une campagne nationale. Dans le cadre de Décisions pour la vie, nous avons choisi de commencer par le secteur des services. Nous avons lancé un appel à propositions adressé aux syndicats et autres organisations et les réponses ont été si nombreuses que nous avons du faire un tri sévère! De nombreux secteurs différents se sont montrés intéressés.

Quelles sont les thématiques centrales de vos ateliers et formations ?

- Les sujets abordés ont principalement tourné autour des salaires et des inégalités et d’autres questions liées aux conditions et aux droits au travail. Nous avons mis sur pied un site web « Mon salaire » au Brésil et avons inclus une formation sur son utilisation lors des ateliers de travail. Il s’agit là d’un des résultats spécifiques de la campagne Décisions pour la vie.

- Lors des ateliers, nous avons mis en exergue les différences en termes de conditions d’emploi entre hommes et femmes. Nous nous sommes servies de données statistiques comme base pour nos discussions, ce qui a systématiquement suscité des débats très intenses. Elles sont choquées d’apprendre les différences et veulent savoir pourquoi l’écart salarial entre l’homme et la femme, par exemple, est si important. Un autre problème qui retient de plus en plus l’attention à l’heure actuelle est l’écart salarial important entre femmes blanches et noires, où les femmes noires touchent les salaires le plus bas.

Quels sont les principaux défis qu’ont à affronter les jeunes femmes au Brésil ?

- Pour ce qui a trait au marché de l’emploi, les questions brûlantes sont les conditions de travail et les salaires. Les syndicats doivent continuer à lutter pour l’égalité salariale entre hommes et femmes.

- Il est vraiment difficile pour les jeunes de trouver un emploi. Et c’est d’autant plus difficile pour les jeunes femmes. Beaucoup de jeunes femmes travaillent dans l’économie informelle et ont énormément de mal à décrocher un emploi dans le secteur formel. Il y a également un problème de compétences pour beaucoup de jeunes gens qui ne dépassent pas le niveau d’enseignement secondaire, ce qui les rend peu attractifs sur le marché de l’emploi et représente un obstacle à leur autonomie.

Comment atteignez-vous les jeunes femmes en dehors des ateliers de travail ?

- Je ne pense pas qu’elles soient très nombreuses à faire des recherches spécifiques sur Internet concernant Décisions pour la vie mais nous pouvons les atteindre en grand nombre à travers les réseaux sociaux. C’est un moyen réellement efficace d’atteindre les gens.

- Orkut a traditionnellement été le principal réseau social au Brésil mais aujourd’hui de plus en plus de gens se servent de Facebook et c’est donc là que se porteront nos efforts. Si Orkut n’enregistre pratiquement plus de nouvelles souscriptions, c’est loin d’être le cas de Facebook. Je suis membre de la page Décisions pour la vie sur Facebook, ce qui me permet de me tenir informée des derniers développements de la campagne. Facebook comporte aussi certaines fonctionnalités qui n’existent pas dans Orkut, comme les causes, par exemple. Nous exploitons également d’autres réseaux sociaux comme YouTube, Twitter et MSN.

Que vous a apporté personnellement la campagne Décisions pour la vie ?

- Cette campagne m’a donné des possibilités de travailler avec des femmes dans le cadre de sessions de formation. Je connais à présent les récits et les luttes de ces femmes. Ces témoignages me rendent plus forte, y compris le fait que je sois capable de prendre des décisions informées concernant ma propre vie.

Cela fait trois jours que vous participez à la conférence Décisions pour la vie ici à Amsterdam et vous avec rencontré des centaines d’autres femmes – Que tirez-vous de cette expérience ?

- Une fois encore, les récits de ces femmes et les décisions qu’elles prennent – toutes ces femmes qui luttent jour après jour. Je retiendrai en particulier l’histoire de la femme sud-africaine séropositive. Son récit ma véritablement émue ; son témoignage est aussi très, très important du fait qu’il montre comment elle y fait face. Elle semble être une femme capable d’apporter un changement dans la vie des autres femmes.

Propos recueillis par Kristin Blom

Voir auussi l’interview Gros-plan sur Irina Livkovich (PIT.Ua Ukraine, Décisions pour la vie), intitulé: « De plus en plus de jeunes femmes pourront accéder à la direction et oser aller au bout de leurs ambitions grâce à ce projet. »