Enquête mondiale de la CSI sur le COVID-19 : La moitié des pays en confinement, tandis que la pandémie du COVID-19 ravage la santé et la situation économique des travailleurs et leurs familles

Plus de la moitié des pays ayant répondu à l’enquête (53 %) ont adopté des mesures nationales de confinement pour endiguer la propagation du coronavirus, incluant la fermeture des écoles et des commerces non essentiels. Sur les 15 pays du G20, qui sont les moteurs de l’économie mondiale, six ont procédé à la fermeture de leurs entreprises non essentielles entre le 17 et le 23 mars 2020, mais seulement 50 % d’entre eux fournissent une couverture médicale gratuite.

« Les répercussions financières et humanitaires de la pandémie du COVID-19 vont se faire sentir pendant des années si les gouvernements ne protègent pas les travailleurs, les chaînes d’approvisionnement et les petites entreprises. À mesure que les magasins ferment et que la demande chute dans les pays du G20, qui sont les moteurs de l’économie mondiale, l’impact sur les chaînes logistiques mondiales se fera ressentir dans les semaines à venir, tout comme sur les millions de travailleuses et de travailleurs dont les moyens de subsistance dépendent de ces chaînes. »

« Les dirigeants du G20 n’ont aucune excuse d’être pris de court lors de la réunion virtuelle qu’ils vont tenir cette semaine : si les travailleurs sont en mesure d’appréhender la crise qui pèse sur eux, les dirigeants de ce monde devraient l’être tout autant. Ce n’est qu’en planifiant la réponse à la crise humanitaire et économique qui va sévir toute l’année que l’on pourra protéger la vie et les moyens de subsistance des populations et stabiliser l’économie », a dit Sharan Burrow, Secrétaire générale de la CSI.

Les conséquences mondiales de la pandémie, tant sur la santé qu’en termes économiques, sont mises en lumière dans les résultats de la première enquête mondiale de la CSI sur le COVID-19, à laquelle ont pris part 109 syndicats de 86 pays, dont 28 pays sur les 36 qui composent l’OCDE et 15 qui figurent parmi les pays du G20.

Cette première enquête fait partie d’un suivi qui va se faire régulièrement concernant les réponses à la pandémie de COVID-19 apportées par les gouvernements et par les employeurs. La CSI, au long des mois à venir, va faire parvenir régulièrement ses questions de suivi à ses affiliées syndicales du monde entier.

« Les conséquences économiques de la pandémie de COVID-19 sont généralisées et l’OMS annonce que la pandémie s’accélère. Dans la moitié des pays repris dans notre enquête, les gouvernements ont décidé la fermeture des commerces non essentiels (à l’exclusion des supermarchés et des pharmacies). Dans 6 des 15 pays du G20 (les première économies mondiales) repris dans notre enquête (40%), les entreprises non essentielles sont désormais fermées, à l’exclusion des supermarchés et des pharmacies.

En dépit de ces changements si nécessaires, davantage de pays (29 %) proposent aux entreprises des fonds de sauvetage que des congés de maladie ou à temps partiel, puisque seulement 23 % des pays prévoient un congé à temps partiel pour les soignants et seulement 21 % des pays prévoient un congé maladie pour l’ensemble des travailleurs ou pour certaines catégories de travailleurs. Les premières réponses de bon nombre de gouvernements ont été inadéquates, et à mesure de la rapide évolution de la situation, ils doivent faire mieux », a dit Sharan Burrow.

Les professionnels de la santé, les ouvriers du transport et les travailleurs des secteurs de la distribution et des services sont parmi les plus frappés par la pandémie en raison de leur exposition qui leur fait courir un plus grand risque, tout comme la pénurie d’équipements de protection individuelle (EPI).

Des inquiétudes particulières sont identifiées chez les travailleuses et travailleurs de l’économie informelle, de petites entreprises, les travailleurs indépendants et ceux de l’économie des plateformes, en raison de la réduction de la demande découlant des fermetures requises pour arrêter la propagation du virus.

Des signaux précoces alertent déjà de l’effondrement des exportations dans certains secteurs tels que l’habillement, où les ouvriers des ateliers de confection font face à un risque économique car les fermetures de frontières se multiplient et la production est annulée ou reportée en raison de l’absence de la demande dans les pays importateurs.

« Le soutien public à la santé est essentiel, les gouvernements doivent faire en sorte que tous les travailleurs bénéficient d’un congé maladie adéquat et de dispositions concernant leur revenu, afin de maintenir des emplois au moment où les restrictions imposées par la pandémie pourront être levées. Alors que des millions de personnes sont confinées, 12 % des pays seulement ont mis en place des mesures d’appui aux revenus et des versements en espèces. »

« Il est urgent que les dirigeants du G20 aillent plus loin et interviennent avec nous, par le biais du dialogue social, en vue de riposter à cette crise mondiale sanitaire et économique. Ce n’est qu’avec l’augmentation d’une assistance internationale coordonnée, notamment pour les pays les plus vulnérable, que nous serons en mesure d’arrêter cette pandémie, qui ne connaît pas de frontières », a dit Sharan Burrow.

Dans les 15 pays du G20 repris dans notre enquête :

  • Seul un tiers (5 sur 15) prévoit une protection de l’emploi de la population confinée,
  • Moins d’un tiers (4 sur 15) peut faire bénéficier tous les travailleurs du congé maladie rémunéré.

L’enquête a également mis en lumière des restrictions aux droits et libertés démocratiques qui découlent des mesures gouvernementales, qu’il conviendra d’observer de très près :

  • 24 pays ont recours à des applications de surveillance pour retracer les individus et la propagation du virus
  • 13 pays ont repoussé des élections locales ou nationales.

Les cinq principales mesures mises en place par les gouvernements pour ralentir la propagation du virus sont les suivantes :

  • Restriction du nombre de personnes autorisées à se rassembler (92 % des pays)
  • Annulation des événements sportifs (88 % des pays)
  • Fermeture des écoles (84 % des pays)
  • Auto-isolement des personnes et des ménages présentant des symptômes du virus (83 % des pays)
  • Restrictions des déplacements des voyageurs arrivant dans le pays (82 % des pays)

65 % des pays favorisent le télétravail pour certaines catégories de travailleurs.

Dans plus de la moitié (58 %) des pays faisant l’objet de notre enquête, les gouvernements ont alloué des financements extraordinaires au système de santé public.

Les cinq principales mesures mises en place par les gouvernements pour répondre à l’impact économique du virus sont les suivantes :

  • Gratuité des soins de santé – 50 % des pays
  • Protection de l’emploi de quiconque est en auto-isolement – 34 % des pays
  • Allègements fiscaux pour les entreprises – 31 % des pays
  • Congé maladie rémunéré pendant la période d’auto-isolement – 29 % des pays
  • Fonds de sauvetage pour entreprises ou sectoriels – 29 % des pays

L’enquête montre que 62 % des gouvernements répondent de manière adéquate, mais que dans 48 % des pays les employeurs ne répondent pas comme il le faudrait aux besoins des travailleurs. Sur les 15 gouvernements de pays du G20, sept ont une réponse insuffisante à la crise.

FIN

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