Émirats arabes unis : Interdiction de former des syndicats pour les enseignants, les juristes et les ouvriers de la construction

Un nouveau rapport de la Confédération syndicale internationale sur les droits des travailleurs dans les Émirats arabes unis montre que les travailleurs sont privés du droit d’adhérer à un syndicat et de négocier collectivement, cependant que le recours à des pratiques s’apparentant au travail forcé est répandu.

Le rapport, qui paraîtra le 27 mars, date de l’examen des politiques commerciales des EAU à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), souligne que les Émirats arabes unis enfreignent toutes les normes fondamentales du travail.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale, a indiqué que pas un seul syndicat n’est autorisé à exercer librement et équitablement aux Émirats.

« En plus de spolier les travailleurs et travailleuses de leurs droits, le gouvernement use de son pouvoir pour restreindre toute action défavorable des associations professionnelles, lesquelles ont été créées pour tenter de contourner les restrictions drastiques contenues dans la législation du travail », a déclaré Sharan Burrow.

« Il y a six mois, le ministre du Travail a révoqué l’Association des juristes et les Conseils des associations d’enseignants, remplaçant ceux-ci par des instances désignées par l’État », a indiqué Sharan Burrow.

Dans les zones franches d’exportation des Émirats, qui brassent des millions de dollars, toute organisation de travailleurs quelle qu’elle soit est strictement interdite et la négociation collective est pour ainsi dire inexistante.

« La main-d’œuvre étrangère, qui constitue 70% de la population, subit tout le poids des violations des droits syndicaux. De fait, la législation du travail locale discrimine ces travailleurs embauchés par le biais d’un système de parrainage, qui les rend vulnérables au travail forcé et à l’exploitation », a dit Sharan Burrow.

Parmi la main-d’œuvre étrangère embauchée aux Émirats, il y a notamment des femmes de ménage et des ouvriers de la construction en provenance de pays d’Asie du sud comme le Népal, l’Inde et le Bangladesh. Ces travailleurs et travailleuses sont soumis à des horaires de travail excessivement longs et sont fréquemment victimes d’abus physiques, psychologiques et sexuels.

En janvier 2011, 70 ouvriers de la construction bangladeshis ont été arrêtés et déportés après avoir été accusés d’avoir incité une grève qui a mobilisé 3000 ouvriers dans les entreprises Arabtec. Les services domestiques se trouvent en dehors du champ d’application de la loi et les droits ou prestations éventuels accordés aux travailleurs et travailleuses dépendent entièrement du bon vouloir des employeurs.

« Les EAU et Dubaï tentent de se réinventer en tant que centre culturel du Golfe, avec une Maison de l’Opéra et un Musée de l’Art Moderne, tous deux construits à grand renfort de travail forcé et d’exploitation abusive de main-d’œuvre. Les violations des droits des travailleurs jetteront, pour longtemps, une ombre sur le développement de cet État du Golfe, à moins que les autorités n’accordent à l’ensemble de leur population les libertés qui leurs sont reconnues en vertu du droit international », a indiqué Sharan Burrow.

Le Conseil général de l’OMC procédera à l’examen des politiques commerciales des EAU du 27 au 29 mars, à Genève. L’OMC a pris des engagements envers l’application des normes fondamentales du travail à niveau international.

Lire le texte intégral du rapport de la CSI destiné à l’Examen de la politique commerciale de l’OMC

En 2011, la CSI a présenté des preuves documentées de violations des droits des travailleurs à Dubaï, dans un rapport d’enquête intitulé « Golfe : La face honteuse du miracle ».

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