Débat de l’OIT sur les chaînes d’approvisionnement : un test pour la lutte contre la pauvreté

Le débat sur les chaînes mondiales d’approvisionnement, lors de la Conférence annuelle de l’Organisation internationale du travail qui s’ouvrira cette semaine, permettra d’évaluer l’attachement à l’État de droit dans l’économie mondiale, d’après la CSI.

Cette année, la Conférence doit poser les jalons d’une nouvelle norme internationale afin de changer le modèle inefficace des chaînes d’approvisionnement qui domine l’économie mondiale et où l’exploitation n’est que trop fréquente.
Le rapport de la CSI « Scandale » publié en janvier dernier fait état d’une main-d’œuvre cachée de 116 millions de travailleurs, soit 94 % de la main-d’œuvre totale des fournisseurs des 50 plus grandes entreprises multinationales, et la plupart de ces sociétés refusent de prendre la responsabilité d’accorder à leurs employés un salaire minimum vital, la sécurité de l’emploi et des conditions de travail décentes.
Sharan Burrow, la secrétaire générale de la CSI, déclare : « Le modèle des chaînes mondiales d’approvisionnement maintient les travailleurs et leur famille dans la pauvreté, tandis que les entreprises pour lesquelles ils travaillent engrangent d’énormes bénéfices en échappant à l’État de droit hors de leur pays. Le défi à relever, pour l’OIT et son système tripartite unique, est de rappeler que l’État de droit doit être respecté et que la richesse du monde peut être partagée de manière plus équitable. Les gouvernements reconnaissent désormais la gravité de ce problème, et quelques grandes multinationales réalisent aujourd’hui qu’elles doivent accepter leur part de responsabilité à tous les niveaux des chaînes d’approvisionnement. Ne pas agir laisserait des millions de travailleurs et leur famille dans la pauvreté, et restreindrait encore les marchés à un moment où l’économie mondiale a besoin d’une impulsion, soutenue par des salaires décents et des emplois sûrs ».
Le nouveau sondage d’opinion Nouveaux Fronts 2016 de la CSI, à paraître demain, révèle un immense soutien en faveur de l’action, dans la mesure où 82 % des personnes interrogées considèrent que les entreprises sont responsables des actions de leurs sous-traitants et où 77 % veulent que les entreprises soient ouvertes et transparentes en ce qui concerne leurs sous-traitants.
Cette année, une des principales demandes des travailleurs lors de la « discussion générale » sur le travail décent dans les chaînes mondiales d’approvisionnement est d’inciter les participants à la Conférence de l’OIT à approuver l’élaboration d’une norme juridique qui comporterait des dispositions exigeant que les gouvernements rendent les entreprises établies dans leur pays légalement responsables de la manière dont l’ensemble de la main-d’œuvre des chaînes d’approvisionnement est traitée, et que les gouvernements ordonnent aux entreprises d’appliquer la « diligence raisonnable » tout au long de leurs chaînes d’approvisionnement.
« Les gouvernements et les employeurs doivent reconnaître que le système actuel ne répond pas aux besoins des familles qui travaillent, et admettre qu’il n’est plus acceptable pour les travailleurs que les entreprises ne respectent pas l’État de droit », précise Burrow.
Voir également:

Les problèmes signalés partout dans le monde, à partir de la Plateforme de ressources sur les chaînes d’approvisionnement

Le blog de Sharan Burrow sur Equal Times, « It Doesn’t Add Up »