Davos : Halte à la convoitise des milieux d’affaires

Les dirigeants syndicaux qui assisteront à la conférence annuelle du Forum économique mondial à Davos cette semaine saisiront l’occasion pour presser les gouvernements d’adopter des mesures urgentes en réponse à la crise mondiale croissante dans le domaine de l’emploi et de procéder à la réforme et la restructuration des banques et des finances. Les syndicats défieront en même temps les milieux d’affaires d’œuvrer aux côtés des gouvernements et des syndicats en vue de la création d’emplois décents et de soutenir la réforme financière plutôt que de s’opposer à des changements fort nécessaires tel que cela a souvent été le cas jusqu’ici, notamment dans le secteur financier.

« Les milieux d’affaires se sont traditionnellement servis de la tribune de Davos pour pousser dans le sens d’une déréglementation toujours accrue et convaincre les gouvernements de tout déférer au marché. Cette approche a mené à des résultats catastrophiques, avec des prévisions de l’ordre de 60 millions de pertes d’emploi résultant de la crise et le renflouement à charge des contribuables d’institutions financières qui ont périclité des suites d’un cocktail toxique fait de convoitise et de renoncement des gouvernements à leurs responsabilités de gouverner efficacement », a déclaré Sharan Burrow, présidente de la CSI.

Dans sa déclaration* à la conférence de Davos, la CSI, épaulée par ses partenaires du groupement Global unions et ses affiliées nationales, mettra en avant un ensemble de demandes politiques clefs qui figurent au cœur des positions syndicales soumises au G20, aux institutions financières internationales et à l’OMC. Celles-ci incluent:

- La réforme et la restructuration du secteur bancaire et financier, où les plans annoncés par le président des Etats-Unis Barack Obama constituent des éléments-clés à l’intérieur d’un cadre global de mesures législatives; celui-ci devrait également inclure des recommandations relatives à la rémunération et aux bonus des cadres et une taxe sur les transactions financières;

- L’adoption par les gouvernements de mesures de stimulation économique renouvelées et renforcées, où un accent particulier serait mis sur l’emploi décent;

- La coopération intergouvernementale par le biais du G20 et des institutions internationales pour assurer une approche cohérente et exclure tout « arbitrage en matière de régulation » permettant à des entreprises de recourir à des juridictions laxistes pour conduire leurs affaires.

« Il est prévu que les pertes d’emplois se poursuivent tout au long de 2010. Tandis que les mesures de stimulation devraient toucher à leur fin au cours des prochains mois, les gouvernements devront renouveler leur soutien économique pour éviter une récession prolongée et aggravée. Outre les conséquences désastreuses pour les personnes directement touchées, le chômage croissant risque d’étrangler la demande économique et de compromettre les perspectives de relance. L’emploi, y compris l’investissement vers des économies bas carbone devra figurer au cœur des nouveaux programmes de stimulation », a déclaré John Evans, secrétaire général de la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE.

Les syndicats pressent les gouvernements et les instances compétentes en matière de régulation de prendre les mesures qui s’imposent face au tollé international suscité par les émoluments des cadres et, en particulier, les bonus du secteur financier. De fait, des bonus s’élevant à plusieurs milliards de dollars ont été annoncés, y compris par des banques renflouées avec l’argent des contribuables.

« Les PDG de Davos sont surpayés et n’ont aucune notion de la réalité » a déclaré Philip Jennings, secrétaire général de la Fédération syndicale internationale UNI, qui représente les salariés du secteur des services. « Il n’existe pas le moindre rapport entre la performance des mieux rémunérés du secteur financier et les bonus colossaux qu’ils soutirent au système pour leur compte propre, et ce, alors que l’économie réelle est en plein marasme. Les gouvernements doivent y mettre un terme. La proposition envisageant de plafonner les revenus des cadres à 20 fois les revenus médians leur laisserait plus qu’assez pour vivre. »

Très souvent, ceux dont les émoluments et les bonus sont les plus élevés ont pignon sur les discussions entre les gouvernements et les régulateurs dans la recherche d’une issue à la crise.

« Ceux qui dans les secteurs des banques et des finances continuent d’affirmer que cette crise n’aurait pas pu être prédite sont malhonnêtes ou incompétents. Que cela suffise aux banques, soit, mais on est bien loin de ce dont les sociétés ont besoin et de ce que les gouvernements devraient accomplir », a déclaré Guy Ryder, secrétaire général de la CSI.

Quatorze dirigeants syndicaux représentant la CSI, le groupement Global Unions et les centrales syndicales nationales assisteront à la conférence annuelle du Forum économique mondial à Davos, du 27 au 31 janvier. Les dirigeants syndicaux donneront une conférence de presse, le 28 janvier à 15h00, au Centre des Congrès de Davos.

Contacts (à Davos) : Tim Noonan, directeur des Communications CSI : [email protected] ou Mathieu Debroux, chargé de Presse CSI : + 32 476 621 018

*Lire le texte intégral de la déclaration des dirigeants syndicaux à Davos 2010


La CSI représente 175 millions de travailleurs au sein de 311 organisations affiliées nationales dans 155 pays. http://www.youtube.com/ITUCCSI

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