Congrès mondial de la CSI : point de vue des syndicats sur les ODD

Lundi 3 décembre, le RSCD a organisé une session sur les ODD dans le cadre du 4e Congrès mondial de la CSI (Copenhague, du 3 au 7 décembre). Les participants ont pris part à une discussion dynamique sur le rôle potentiel des Objectifs de développement durable (ODD) comme moteurs de politiques progressistes. Ils ont également partagé leur expérience quant aux contributions des syndicats aux ODD et aux solutions qu’ils proposent pour faire face aux nombreux défis qui entravent leur mise en œuvre.

Paola Simonetti, directrice adjointe du département Politique économique et sociale de la CSI, a ouvert la session par une brève introduction concernant la pertinence de l’Agenda 2030 pour les syndicats : « L’Agenda 2030 va au-delà de la notion de PIB. Il examine plus avant les inégalités existantes et appelle à un effort soutenu et une croissance économique durable et inclusive, qui ne seront possibles que si la richesse est partagée et l’inégalité des revenus résolue.» Les rapports nationaux des syndicats sur les ODD contribuent à créer un système efficace de gouvernance multi-niveaux dans le secteur public, qui est une nécessité pour la réussite de l’Agenda 2030.

 

Partage d’expériences des affiliées

La session s’est poursuivie par une discussion avec Ragnhild Lied (Présidente d’ UNIO, Norvège), Japhet Moyo (Secrétaire général de ZCTU, Zimbabwe), Sulistri Afrileston (Chef du Département international de KSBSI, Indonésie) et Andrés Larisgoitia (Directeur du Secrétariat de relations internationales de CTA-T, Argentine). Ils ont exprimé leurs points de vue sur le rôle des syndicats dans l’Agenda 2030 et partagé des exemples d’engagement de leurs organisations dans le processus.

« Les ODD ont touché le cœur même de nos valeurs fondamentales, » a déclaré Ragnhild Lied au cours de son intervention. Elle a également souligné le fait qu’un dialogue social efficace constitue un élément central au succès des ODD.

Japhet Moyo a expliqué comment ZCTU contribue à l’engagement du Zimbabwe pour les ODD. Le syndicat a participé en 2017 au Forum politique de haut niveau ainsi qu’à des ateliers rassemblant les parties prenantes et organisés pour valider la révision nationale volontaire du Zimbabwe.

Au départ, la situation de l’Indonésie était assez complexe car le gouvernement n’a pas impliqué les syndicats dans les premières discussions, a expliqué Sulistri Afrileston. Ce n’est que plus tard qu’un décret gouvernemental a permis aux parties prenantes, y compris aux syndicats, de contribuer aux plans du gouvernement sur les ODD. Mais KSBSI n’était pas resté passif dans cette attente puisque le syndicat a pris l’initiative de produire son propre agenda sur les ODD et a initié un programme pour sensibiliser les travailleurs, notamment les jeunes, aux ODD et à la manière de les intégrer dans leurs activités syndicales.


Le gouvernement en place en Argentine n’est pas enclin à soutenir des réformes favorables aux ODD. Au contraire, il met en péril les réalisations antérieures issues d’un dialogue social tripartite efficace. Pour faire face à cette situation, les syndicats argentins ont établi un front commun et rédigé un Rapport syndical sur la mise en œuvre des ODD au niveau national, afin de faire la lumière sur ce que le rapport officiel du gouvernement laisse dans l’ombre. « Au bout de trois ans, le gouvernement discute toujours de la nature des futurs programmes de mise en œuvre (des ODD), mais il s’agit là d’une stratégie marketing, car en termes réels, la pauvreté a augmenté et les salaires sont en baisse, » a déclaré Andrés Larisgoitia.


C’est dans ce contexte que les syndicats argentins ont également décidé de revoir leur stratégie conjointe d’engagement aux côtés du gouvernement. Ils ont créé une plate-forme (PAMPA2030) avec les acteurs de la société civile dans le but d’assurer le suivi de la mise en œuvre de l’Agenda 2030. Ils ont par ailleurs initié une collaboration avec le Coordonnateur résident des Nations Unies, l’OIT et plusieurs organismes régionaux afin d’attirer l’attention du gouvernement et de démontrer que les syndicats sont des acteurs clés du développement.


Pour conclure, tous les participants ont convenu de la grande importance de l’engagement et de la participation des jeunes dans le travail syndical sur les ODD. Il s’agit à présent d’une priorité pour KSBSI (Indonésie) et ZCTU (Zimbabwe). En Norvège, UNIO travaille avec les syndicats d’enseignants pour tenter d’inscrire la connaissance des ODD au programme scolaire. Toutes les personnes présentes ont également soutenu l’appel du CTA-T demandant aux syndicats de poursuivre leurs programmes de solidarité et de maintenir leurs engagements liés aux ODD.