Congrès de la CSI: débats sur la crise mondiale de l’emploi et l’appel en faveur d’une plus forte réglementation du secteur financier

Alors que le Congrès de la CSI en est à son deuxième jour, ses délégués continuent de débattre âprement de la situation économique de la planète et de la crise mondiale de l’emploi. Des dirigeants d’importantes organisations internationales ont été invités à prendre part à ces discussions. La première d’entre eux à s’exprimer a été Helen Clark, administratrice du Programme des Nations Unies pour le Développement. Précédemment première ministre de Nouvelle-Zélande, Helen Clark fut la première femme à diriger le PNUD en avril 2009.

Helen Clark a partagé l’inquiétude de nombreux participants au Congrès devant l’essoufflement de l’élan pour une réforme réglementaire de grande ampleur du secteur financier. Pour elle également, les projets de certains pays de se dégager rapidement des politiques de relance budgétaire « ont de sérieuses implications pour la croissance de l’emploi ». Du reste, a ajouté Helen Clark, « nul ne peut garantir que la reprise des activités ira automatiquement de pair avec une création d’emplois. Il arrive souvent que les chiffres de l’emploi soient les derniers indicateurs à suivre lorsque la croissance reprend. » Pour elle, le Pacte mondial pour l’emploi de l’OIT montre la voie que devraient suivre les pays pour rétablir les niveaux d’emploi et soutenir l’emploi décent.

Plus tard dans l’après-midi, Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international, et Pascal Lamy, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, ont prononcé des discours et participé à des tables rondes au cours desquelles, aux côtés de Kari Tapiola, directeur général adjoint du BIT, ils ont répondu aux questions et commentaires des délégués.

Dominique Strauss-Kahn a évoqué l’action positive des politiques de relance économique pour éviter une récession encore plus forte et a déclaré que les pays qui n’étaient pas assaillis par d’importants problèmes financiers devraient maintenir cette année encore les mesures d’incitation fiscale prévues au vu de l’irrégularité de la reprise. Il a toutefois ajouté que les pays qui sont dans l’impossibilité de financer la dette étaient forcés de réduire leur déficit fiscal dès maintenant.

Bien que les organisations syndicales et le FMI ne concordent pas sur les stratégies économiques que les gouvernements devraient adopter, Dominique Strauss-Kahn a expliqué que le FMI appréciait les propositions syndicales avancées au nom des travailleuses et des travailleurs, et que le Fonds avait fait des efforts pour garantir le maintien de filets de sécurité sociale en vue de protéger les plus vulnérables et avait souscrit au besoin de mettre en place une imposition plus progressive. Il a par ailleurs annoncé que le FMI et l’OIT organiseraient une conférence commune en septembre, à Oslo, sur le thème de la création d’emplois.

Le directeur général du Fonds monétaire international a également parlé du soutien du mouvement syndical international en faveur d’une taxe sur les transactions financières. Faisant remarquer que le FMI avait marqué sa préférence pour d’autres mesures d’imposition fiscale basées sur les bénéfices et les indemnisations, il partageait le point de vue de la CSI selon lequel il était justifié de faire participer substantiellement le secteur financier aux coûts de la crise et de modérer les positions trop risquées de ce même secteur. Il a encore ajouté que le choix entre une taxe sur les transactions financières et un autre type d’imposition devait se faire au cours d’une « discussion technique ».

Pascal Lamy, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, a défendu, à l’instar des syndicats, une plus forte réglementation du secteur financier à l’origine de la crise mondiale et a fait remarquer que le mouvement syndical international avait joué un rôle important en plaidant en faveur d’une plus grande cohérence entre les institutions internationales. Il a invité les organisations syndicales à s’engager encore davantage en faveur de la réglementation et de la cohérence, tant au niveau national qu’international.

Kari Tapiola, du BIT, a lui aussi fait part de ses inquiétudes face à l’attention décroissante ces derniers mois de certains pays à la question de l’emploi par rapport aux questions fiscales. « De notre point de vue, il n’y aura pas de relance tant qu’il n’y aura pas de reprise de l’emploi. »