Cambodge : La CSI déplore l’approbation d’une nouvelle loi antisyndicale

photo: Photo: LICADO

La CSI déplore la nouvelle loi sur les syndicats approuvée cette semaine par l’Assemblée nationale du Cambodge, malgré les objections répétées des syndicats, de l’Organisation internationale du travail et de plusieurs marques mondiales de vêtements.

Cette loi, soutenue par le parti au pouvoir du Premier ministre Hun Sen, apporterait de nouvelles restrictions au droit de grève, faciliterait l’intervention du gouvernement dans la gestion interne des syndicats et autoriserait des tiers à demander la dissolution de syndicats, entre autres, tout en imposant de minuscules sanctions aux employeurs en cas de pratiques de travail injustes. Les syndicalistes, qui ont manifesté pacifiquement au moment du vote de la nouvelle loi, ont été agressés à la matraque par des malfaiteurs à la solde du gouvernement et plusieurs manifestants ont été blessés.

Sharan Burrow, la secrétaire générale de la CSI, déclare : « Le Cambodge, avec le soutien d’une fédération locale rétrograde dans le secteur de la confection, reporte sans cesse à plus tard la question des conditions de travail décentes. Si le pays n’inverse pas rapidement cette tendance, il se trouvera bientôt en marge du secteur mondial de l’habillement et cela pèsera très lourd sur l’économie du pays, qui est largement tributaire de ce secteur. Les grandes entreprises connaissent les risques, pour leurs marques et pour les travailleurs, de mener des activités commerciales dans un pays qui réprime les travailleurs ; d’autre part, les consommateurs, partout dans le monde, sont de plus en plus vigilants et soucieux à l’égard du traitement inhumain qu’une telle loi pourrait entraîner dans les chaînes mondiales d’approvisionnement. La violence et le harcèlement judiciaire dont le gouvernement fait usage contre les personnes qui défendent les droits fondamentaux garantis par le droit international doivent cesser ».

La CSI est par ailleurs fortement préoccupée par le fait que les accusations d’incitation fabriquées de toutes pièces contre Rong Chhun, qui était à la tête du syndicat au moment des grèves de 2014 sur les salaires (et qui est désormais membre du Comité national des élections dans le parti de l’opposition), s’acheminent actuellement vers une possible mise en examen et un procès. D’autres syndicalistes risquent d’être bientôt mis en examen eux aussi. Une telle procédure ne ferait que confirmer que le gouvernement ne respecte pas l’État de droit et qu’il crée un des environnements les plus hostiles d’Asie du Sud-Est pour les travailleurs.

Photo: LICADO