Cambodge : déclaration de la mission syndicale internationale

Une mission syndicale internationale menée au Cambodge a exhorté, aujourd’hui, le gouvernement à procéder immédiatement à une enquête sur l’assassinat de quatre travailleurs de l’industrie du vêtement durant les grèves organisées le 3 janvier, à libérer les 23 syndicalistes détenus et à établir un salaire minimum permettant aux travailleurs/euses et à leur famille de couvrir au moins leurs besoins élémentaires.

La mission s’est déclarée particulièrement préoccupée par le sort du président du syndicat, Vorn Pao, qui a été violemment battu et demeure derrière les barreaux malgré sa mauvaise condition physique.

Dans une déclaration (en anglais) publiée par la CSI, son organisation régionale CSI-AP et le bureau régional de la Fédération syndicale internationale IndustriALL, la mission a exigé qu’une enquête crédible et indépendante soit menée sur les assassinats et que les responsables rendent compte de leurs actes. Cette demande a été présentée, aujourd’hui, au ministre du Travail du Cambodge. La délégation lui a, en outre, indiqué que le plan annoncé en vue de mettre sur pied une commission d’enquête contrôlée par le gouvernement est jugé insuffisant, dans la mesure où ces commissions gouvernementales n’ont donné que peu de résultats dans le passé.

La délégation a également appelé le ministre à prendre des mesures urgentes pour augmenter le salaire minimum et tenir la promesse du gouvernement de respecter pleinement la Convention 87 de l’OIT sur la liberté syndicale, que le Cambodge a ratifiée. La proposition du gouvernement de mettre sur pied une nouvelle Commission sur les salaires, dirigée par le ministre des Finances, a été jugée inadéquate. Aucune réunion de cette Commission n’a encore été prévue et retarder davantage l’établissement d’un salaire minimum décent conduira probablement à de nouvelles actions syndicales de la part des travailleurs et des travailleuses qui réclament justice.

Les menaces proférées par l’organisme des employeurs de l’industrie du vêtement, la GMAC, d’intenter une action en justice pour éliminer efficacement les syndicats ont également été dénoncées par la délégation.

Selon la déclaration, l’industrie du vêtement au Cambodge, générant un chiffre d’affaires annuel de 5,1 milliards USD, peut se permettre de payer des salaires plus élevés que le salaire minimum mensuel de 100 USD. Elle souligne, en outre, les recherches menées par IndustriALL selon lesquelles 260 USD au minimum sont nécessaires pour couvrir les dépenses de base d’une famille de quatre personnes.