Renforcer le pouvoir des travailleurs et des travailleuses

Bulletin d’information de la CSI - Décembre 2020

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI

2020 fut l’année où une pandémie a arrêté le monde ; cependant, nous avons été témoins d’incroyables actes de solidarité entre les travailleurs.

À l’approche de 2021, nous savons qu’il faudra des actions de solidarité mondiale encore plus fortes pour relancer les économies – avec des droits et des protections pour tous les travailleurs et travailleuses.

Tous les effets de la pandémie de COVID-19 et de la crise économique qu’elle a provoquée ne se sont pas encore fait ressentir. Des millions de personnes de plus vont perdre leur emploi, et les inégalités dans les pays et entre les pays vont s’accentuer et atteindre des niveaux inédits si les gouvernements ne continuent pas d’intervenir de manière coordonnée.

Le recours aux tests rapides contribuerait à mettre fin au yo-yo entre les périodes de confinement et de réouverture partielle. Nous vous invitons à lire le dossier de la CSI, qui explique pourquoi les gouvernements doivent investir dans les tests rapides antigéniques, outre l’utilisation de masques, la distanciation physique et les congés payés pour toute personne testée positive, et les mesures d’aide à l’emploi et au commerce.

Nous n’avons pas cessé de réfléchir à la manière dont le monde devrait faire face à cette situation. Lors de la Réunion du Conseil général de la CSI les 24-25 novembre, nous avons adopté un programme ambitieux et orienté pour l’année à venir. Vous trouverez ici nos campagnes « Nouveaux Fronts » et les quatre piliers d’action de la CSI, qui constituent le cadre du nouveau contrat social dont nous avons besoin de toute urgence pour accompagner une reconstruction et une résilience fondées sur des emplois respectueux du climat, les droits, des salaires équitables, la protection sociale universelle et l’inclusion. Le travail du mouvement syndical mondial est essentiel pour relever ces défis.

Les grandes institutions mondiales, de par leur réaction face à la crise, n’ont absolument pas répondu aux attentes des travailleurs. La déclaration des dirigeants du G20 était dépourvue de la dynamique urgente et coordonnée à l’échelle mondiale qui est indispensable sur toute la planète pour garantir les emplois et la protection sociale. De surcroît, les recommandations des dirigeants du FMI (Fonds monétaire international) devraient encourager une action plus forte en faveur de l'allègement de la dette et de l'annulation de la dette, tout en éliminant les conditionnalités économiques et sociales préjudiciables. La Banque mondiale n'a pas pris les mesures dont les pays en développement ont cruellement besoin, où la crise touche le plus durement les travailleurs. Les institutions mondiales doivent axer le financement sur les emplois durables et la protection sociale en partenariat avec les banques multilatérales de développement. La Banque mondiale, en travaillant avec l’OIT et le groupe de nations de l’OCDE, peut créer un fonds mondial pour la protection sociale.

La riposte d’urgence à la Covid-19 n’est plus adaptée ; il est temps de mettre au point un plan de reprise et de résilience qui prévoie un fonds mondial pour la protection sociale, dans le cadre d’un nouveau contrat social qui privilégie l’investissement dans les soins et les emplois respectueux de l’environnement, et veille à la transition juste dans tous les secteurs clés.

Il faut également dénoncer l’incapacité collective d’agir pour retarder l’urgence climatique alors que nous célébrons le cinquième anniversaire de l’Accord de Paris, le 12 décembre. Aujourd’hui, 136 pays devraient avoir présenté leurs contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN) – c’est-à-dire leur engagement à réduire les émissions de gaz à effet de serre au plan national et à s’adapter à l’impact du changement climatique.

Or, de nombreux pays n’ont pas remis leur CPDN. Mais nous ne leur permettrons pas de se soustraire à leurs responsabilités : nous surveillons leurs avancées en la matière et nous nommerons les gouvernements qui ne s’acquittent même pas de cette mesure simple pour lutter contre l’urgence climatique.

Les conséquences du changement climatique n’auront pas la même incidence sur tout le monde car ce sont les plus pauvres qui en paieront le plus lourd tribut. Nous devons combattre les inégalités sous toutes leurs formes. Ce mois-ci, à l’occasion de la Journée internationale des migrants, le 18 décembre, nous vous remercions de manifester votre solidarité avec les personnes contraintes au déplacement sur le globe en raison de facteurs environnementaux, sociaux ou économiques.

Pour finir, je tiens à vous adresser mes meilleurs vœux et souhaite à tous et toutes une bonne année. Comme il y aura des périodes de congés dans de nombreux pays au cours des semaines à venir, j’espère que vous aurez la possibilité de faire une pause pour vous ressourcer et être prêts à faire face aux enjeux de 2021.

En solidarité,

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI

@SharanBurrow  

Réunion du Conseil général de la CSI en 2020

Le Conseil général de la CSI, qui s’est réuni les 24 et 25 novembre, a adopté un programme précis et ambitieux pour l’année à venir, ratifiant les trois campagnes « Nouveaux fronts » : un nouveau contrat social en faveur de la reprise et de la résilience, notre travail à l’épreuve du climat et de l’emploi grâce à une transition juste, et des démocraties pour les citoyens.

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