Birmanie: La « Révolution safran » n’est pas terminée

La CSI et la FIDH ont publié aujourd’hui un nouveau rapport sur la Birmanie intitulé: « La « Révolution safran » en Birmanie n’est pas terminée ».

Les organisations internationales des droits syndicaux et humains appellent la communauté internationale à saisir l’opportunité maintenant !

Paris, 10 décembre 2007: La CSI et la FIDH ont publié aujourd’hui un nouveau rapport sur la Birmanie intitulé: « La « Révolution safran » en Birmanie n’est pas terminée ». Le rapport de 50 pages, basé sur les résultats d’une mission internationale conjointe à la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie et des témoignages recueillis lors d’entretiens avec des participants au mouvement de contestation d’octobre dernier et des victimes de la répression militaire, inclut des propositions et des recommandations politiques détaillées destinées à la communauté internationale. La publication du rapport survient à la veille de deux événements phares pour cette semaine. Le lundi 10 décembre, qui marque également la Journée internationale des droits de l’homme, les ministres des affaires étrangères de l’UE, en session à Bruxelles, devraient procéder à un examen détaillé de la situation en Birmanie, suite aux visites de plusieurs hauts responsables de l’ONU dans le pays. Le lendemain, soit le mardi 11 décembre, la question birmane figurera à l’ordre du jour des discussions du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, réuni à Genève.

Tel que l’indique le sous-titre du rapport, la CSI et la FIDH estiment que « Le moment est venu pour la communauté internationale d’agir ». L’analyse sous-jacente est que la répression violente, en particulier le fait que les militaires birmans aient pris pour cible une manifestation pacifique de moines bouddhistes, a profondément aliéné la société birmane et a, dans le même temps, engendré une nouvelle dynamique de résistance qui ne risque pas de s’estomper de si tôt. « La volonté d’un changement semble être plus résolue que jamais », d’après le rapport. Notant que « la junte au pouvoir n’a laissé entrevoir aucune intention claire de désamorçage de la répression, ni d’un engagement en faveur d’une transition pacifique depuis la vague de répression », la principale organisation syndicale mondiale et la plus ancienne organisation des droits de l’homme dotée d’un mandat universel estiment que les récents événements cautionnent le recours à des pressions internationales urgentes et renforcées. Elles soulignent que leur position reflète les avis exprimés à la fois par les victimes de la répression birmane et par les organisations qui représentent le mouvement démocratique birman, aussi bien en Birmanie qu’à l’étranger. Outre les entretiens avec des victimes et des témoins oculaires de la répression, la mission a eu des échanges avec 15 organisations, de même qu’avec les milieux diplomatiques.

Le rapport conjoint passe en revue quatre principes d’action essentiels et suggère quatre points de pression sur lesquels la communauté internationale devrait concentrer son action. Les principes insistent sur le fait que la Birmanie doive continuer de figurer au nombre des priorités de l’agenda international; qu’à l’heure actuelle, une pression accrue sur la junte serait bénéfique et non nuisible au processus de réconciliation et au processus de démocratie; qu’il incombe à la communauté internationale « d’assumer ses responsabilités vis-à-vis de la Birmane » au lieu de se borner dans son attitude de « wait-and-see » et qu’elle devrait mettre en œuvre une approche à double voie pour influencer le régime tout en encourageant les citoyens à envoyer des messages clairs de soutien international. En ce qui concerne les moyens de pression, des recommandations détaillées ont été présentées qui visent, à la fois, à intensifier la pression internationale à l’égard de la junte birmane et à soutenir un processus de réconciliation nationale; à priver le régime de son lien économique vital, par l’imposition de sanctions exhaustives, y compris, en particulier, une action ciblée sur les secteurs du pétrole, du gaz, du bois, des pierres gemmes et des finances – y compris les banques, en envisageant, lorsque cela se justifie, des exceptions à titre humanitaire ou autre; l’établissement d’un « fonds de transition pour la Birmanie » qui serait disponible après le retour à la démocratie du pays et, enfin, le soutien à une transition pacifique à la démocratie, par des initiatives concrètes visant à la promotion d’une culture de la démocratie en Birmanie, s’adressant également à l’armée, dont la professionnalisation devrait être acceptée à la fois par les officiers, les soldats et la population dans son ensemble.

S’il exprime son soutien pour la « mission de bons offices » de l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies en Birmanie, Ibrahim Gambari, ainsi que pour le mandat du rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’homme, Sergio Pinheiro, le rapport signale néanmoins que la junte a jusqu’ici manqué de collaborer pleinement avec eux. Il explique aussi pourquoi il faudrait permettre aux deux mécanismes d’avoir des représentations permanentes en Birmanie.

Le rapport contient des recommandations détaillées concernant toutes ces questions, adressées au Conseil de sécurité de l’ONU, au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, à l’UE, à l’ASEAN, ainsi qu’à d’autres organisations et gouvernements. Il lance en outre un avertissement concret à la junte militaire au pouvoir, appelant cette dernière à « considérer très sérieusement » que faute d’une « action prompte pour la mise en œuvre des réformes attendues de sa part », elle risque de se retrouver au box des accusés à la Cour internationale de justice, de même qu’à la Cour criminelle internationale. Les deux options actuellement à l’examen au niveau de l’Organisation internationale du travail (OIT), de la communauté légale internationale et des mouvements pour les droits humains sont expliquées en détail dans les sections pertinentes du rapport. D’autres moyens de pression tels que l’imposition d’un embargo sur les armes par le Conseil de sécurité ou la décision de placer tous les revenus provenant des investissements internationaux et des échanges commerciaux avec la Birmanie en dépôt fiduciaire sont également examinés dans le rapport.

L’ensemble des parties prenantes de la crise birmane doivent assumer leur part de responsabilité dans la promotion d’une transition pacifique à la démocratie, ont souligné la FIDH et la CSI. « Il n’y a pas une minute à perdre: nous ne pouvons pas risquer que la fenêtre de possibilité actuellement ouverte en vue d’une transition démocratique ne se referme », a indiqué Olivier De Schutter, secrétaire général de la FIDH. « Alors que le secrétaire général des Nations unies déclarera ouverte, ce lundi 10 décembre, une campagne d’un an en célébration du 60e Anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, c’est notre capacité collective de réaliser et de promouvoir efficacement la paix, les droits humains et la démocratie qui est en jeu » a ajouté Guy Ryder, secrétaire général de la CSI.

Veuillez cliquer ici pour le rapport (EN - pdf)


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