Bélarus : l’OIT renforce la pression pour mettre un terme aux violations des droits des travailleurs

photo: Artur Widak, NurPhoto via AFP

L’OIT intensifie actuellement la pression sur le gouvernement biélorusse pour mettre fin aux graves violations systématiques des droits fondamentaux des travailleurs.

Le Bélarus est resté sourd aux principales conclusions de la Commission d’enquête de l’OIT menée en 2004. Le régime de Loukachenko poursuit en effet sa campagne de répression des syndicalistes et le démantèlement de leurs organisations et a procédé au cours de ces derniers mois à l’arrestation et à l’incarcération de plusieurs membres du personnel et de la direction de syndicats.

La semaine dernière, le Conseil d’administration tripartite du BIT a décidé de suspendre toutes les relations de l’OIT avec le Bélarus, à l’exception de l’assistance pour l’application immédiate et intégrale des recommandations de la Commission d’enquête, et a soumis une résolution à la Conférence internationale du Travail prévue cette année.

Cette résolution appelle les gouvernements et les partenaires sociaux à :

  • Revoir les relations qu’ils entretiennent avec le Bélarus.
  • Faire respecter le principe de non-refoulement des réfugiés et des demandeurs d’asile vers le Bélarus, étant donné les risques auxquels sont exposés les défenseurs des droits humains et syndicaux.

La résolution prévoit également que l’OIT informe les autres organisations internationales du non-respect des recommandations de la Commission d’enquête de 2004, en leur demandant de réexaminer leurs relations de coopération avec le Bélarus et de « mettre fin le plus rapidement possible à toute activité qui pourrait avoir pour effet de justifier, directement ou indirectement, le fait qu’aucune mesure ne soit prise pour remédier au non-respect des droits syndicaux dans le pays ».

Il est également demandé au gouvernement de Loukachenko d’accepter une mission tripartite urgente de l’OIT pour examiner la situation et rendre visite aux dirigeants et militants de syndicats autonomes détenus ou emprisonnés.

Le 24 mars dernier, la Cour suprême du Bélarus a rejeté un appel contre les peines de prison auxquelles ont été condamnés Aliaksandr Yarashuk, Siarhei Antusevich et Iryna But-Husaim, tous membres du personnel et de la direction de la centrale syndicale indépendante BKDP. Aliaksandr Yarashuk est membre du Conseil d’administration du BIT.

Le président de la CSI, Akiko Gono, a souligné : « Ce sont des mesures très fortes qui ont été prises par l’OIT. Les pressions internationales se poursuivront et s’intensifieront jusqu’à ce que le gouvernement de Loukachenko respecte les droits fondamentaux des travailleurs, tels que la liberté syndicale et la négociation collective. La décision de la Cour suprême indique clairement que le gouvernement continue d’ignorer l’OIT et de bafouer le droit international. Nous demandons une nouvelle fois aux autorités d’abandonner toutes les charges retenues contre des syndicalistes condamnés pour le simple fait d’avoir exercé leurs activités syndicales en toute légitimité et réclamons leur libération immédiate. »

Parmi les autres décisions importantes du Conseil d’administration du BIT, l’OIT est chargée de préparer un règlement visant à mieux garantir le travail décent au sein de l’économie des plateformes et de mettre en œuvre une nouvelle stratégie pour le travail décent dans les chaînes d’approvisionnement. Les discussions ont également porté sur la révision de la stratégie globale de l’OIT en matière de santé et de sécurité au travail, deux facteurs désormais considérés comme un droit fondamental des travailleurs, ainsi que sur les actions de l’OIT au Bangladesh, au Myanmar, au Venezuela et celles en lien avec l’agression russe de l’Ukraine.