Banque mondiale et FMI – Des changements radicaux s’imposent

Le rapport Doing Business de la Banque mondiale présente une image faussée de la situation de l’emploi et des droits des travailleurs. (...)

Le rapport Doing Business de la Banque mondiale présente une image faussée de la situation de l’emploi et des droits des travailleurs

Bruxelles, le 20 septembre 2007 (CSI En Ligne) : Alors que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) se préparent à la tenue de leurs réunions annuelles à Washington le mois prochain (20-22 octobre) et au lendemain des changements intervenus à la tête des deux institutions, le mouvement syndical international les a appelées à saisir l’occasion de leurs réunions annuelles pour procéder à des changements radicaux aux plans organisationnel et politique.

« Les syndicats ont depuis longtemps critiqué les institutions financières internationales (IFI) de négliger leurs responsabilités envers les pays en développement et leurs citoyens. Le débat concernant le manque de transparence dans le processus de sélection des dirigeants à la tête des IFI a focalisé l’attention sur ce problème. « Le temps est désormais venu d’amorcer un changement », a dit Guy Ryder, secrétaire général de la CSI.

Dans une déclaration émise conjointement aujourd’hui par les Global Unions, qui englobent la CSI, les Fédérations syndicales internationales et la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE (TUAC), le mouvement syndical a exhorté la Banque mondiale et le FMI à mettre leurs politiques en adéquation avec les Objectifs du Millénaire pour le développement et l’Ordre du jour du travail décent.

La déclaration se concentre, en particulier, sur les propositions de déréglementation des marchés du travail, très controversées, incluses dans l’édition 2008 du rapport annuel de la Banque mondial Doing Business (Pratique des Affaires). Celui-ci accorde ses meilleurs scores à des pays qui ont mis au rancart leurs règles de protection des travailleurs, sans se préoccuper de l’impact sur l’emploi, les salaires, les conditions de travail et le respect des droits fondamentaux des travailleurs.

« En soutenant que des pays comme l’Afghanistan, le Bangladesh, le Bélarus, la Chine, la Colombie, Haïti et l’Arabie Saoudite ont fait mieux que la plupart des pays d’Europe occidentale en ce qui concerne « l’emploi des travailleurs », la Banque mondiale déclare, en essence, qu’elle n’a pas le moindre égard pour le bien-être des travailleurs et le respect de leurs droits », a affirmé Guy Ryder. Une telle assertion contre les droits des travailleurs paraît profondément ironique, d’autant plus que certaines filiales de la Banque mondiale exigent à présent que les programmes qu’elles financent s’inscrivent dans le respect des normes fondamentales de l’Organisation internationale du travail. M. Ryder de déclarer : « La Banque mondiale doit remédier, une fois pour toutes, à cette contradiction flagrante en éliminant le thème de la réglementation du marché du travail des attributions du groupe responsable de la publication Doing Business. »

La déclaration de Global Unions insiste plus particulièrement sur le fait qu’un changement de politique s’impose d’urgence au sein du FMI, dont l’influence a considérablement diminué, dès lors qu’un grand nombre de pays à revenus moyens ont pris des dispositions pour éviter de devoir recourir à ses prêts. Prenant pour exemple la crise financière asiatique il y a dix ans, la déclaration syndicale remet en cause les politiques du FMI et s’interroge si le FMI a réellement appris de ses erreurs.

« Dix ans après la crise asiatique, il y a tout lieu de s’inquiéter du fait que le FMI puisse répéter les mêmes erreurs aujourd’hui », a dit Ryder. « Le FMI n’a pas réussi à prédire le resserrement dramatique des marchés du crédit qui a démarré en août ; de surcroît, en réponse aux retombées économiques possibles, les porte-parole du FMI se sont déclarés admiratifs devant la créativité des institutions financières privées. » Notant que les stratégies d’investissement à fort levier financier convoitées par les fonds à capital-risque et les fonds spéculatifs semblent avoir contribué à une répercussion mondiale de problèmes trouvant leur origine dans le marché des prêts hypothécaires à haut risque aux Etats-Unis, la déclaration enjoint au FMI d’élaborer une réponse politique en conséquence. « Le FMI doit prendre l’initiative en mettant au point des cadres réglementaires internationaux imposables aux fonds spéculatifs, aux fonds de capital-risque et aux autres activités financières non-transparentes, qui exploitent des subventions fiscales injustifiées et contribuent à l’instabilité du marché financier», a déclaré Guy Ryder.

« Les institutions financières internationales peuvent représenter une force pour une mondialisation équitable », a conclu Ryder, « sauf si elles poursuivent dans la même voie qu’elles ont suivie durant ces soixante dernières années. Les prochaines réunions annuelles seront une occasion idéale pour amorcer des changements. »

Pour lire le texte intégral du rapport, prière de cliquer ici (EN - pdf)


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