Avianca - Colombie : Pour les syndicats, la Société financière internationale devrait suivre les recommandations du médiateur concernant le respect des normes du travail

La Confédération syndicale internationale (CSI) et la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) ont demandé à la Société financière internationale (SFI), l’institution de la Banque mondiale chargée de prêter au secteur privé, de suivre les recommandations émises aujourd’hui par le conseiller-médiateur pour l’application des directives (CAO) de la SFI en vue d’améliorer les procédures de conformité dans le cadre du deuxième critère de performance de la SFI sur le travail et les conditions de travail.

http://www.cao-ombudsman.org/documents/CAOInvestigationReportAvianca-May182015.pdf

Le rapport du CAO, rédigé à la suite d’une plainte déposée par la CSI et l’ITF en novembre 2011, critique vertement la façon dont la SFI a traité les graves manquements survenus au sein de la compagnie aérienne colombienne Avianca, bénéficiaire d’un prêt de la SFI, relatifs au respect de la liberté syndicale de son personnel.

On peut y lire qu’au vu des informations que la SFI avait recueillies auprès des syndicats colombiens et de l’OIT avant l’approbation du prêt à Avianca, elle n’aurait pas dû procéder au versement du prêt en 2009. Le CAO reproche aussi à la Société financière internationale de ne pas avoir demandé à Avianca de rendre publics ses plans d’action et les évaluations de son respect des obligations de la SFI en termes de normes du travail, en infraction de sa Politique de durabilité environnementale et sociale adoptée en 2006.

La secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow, a déclaré :
« Nous saluons le rapport du conseiller-médiateur pour l’application des directives et approuvons la plus importante de ses recommandations, à savoir que la Société financière internationale ne devrait pas soutenir financièrement des entreprises qui enfreignent clairement ses normes sociales et environnementales, plus précisément ici, la liberté syndicale de son personnel. Il est évident qu’une fois qu’Avianca a reçu les versements du prêt accordé par la SFI, elle a dénigré les normes et a estimé que leur respect se faisait sur une base volontaire. »

Le secrétaire général de l’ITF, Stephen Cotton, a pour sa part déploré le temps bien trop long que la SFI a pris pour répondre aux plaintes relatives aux pratiques de travail d’Avianca que les syndicats colombiens ont déposées avant l’approbation du prêt de la SFI en 2008 :
« Les syndicats affiliés à l’ITF en Colombie ont dû attendre près de sept années pour s’entendre dire par le médiateur que la SFI avait fait une erreur en accordant un prêt à une entreprise qui enfreignait les normes de la Société en discriminant les membres syndiqués de son personnel. Nombre de ces travailleuses et travailleurs ont perdu leur emploi ou ont dû se désaffilier sous la pression de leur employeur.

Il ne faut pas perdre de vue que la Colombie est un pays où des centaines de dirigeants syndicaux ont perdu la vie pour avoir exercé leurs droits syndicaux. Même si Avianca n’est plus un emprunteur de la Société financière internationale, ayant fini de rembourser son prêt en 2013, elle aurait dû exiger publiquement de son ancien client qu’il cesse ses actes d’intimidation et de discrimination à l’encontre des membres syndicaux. »

Doutant de la réponse de la direction de la SFI, dans laquelle elle assure avoir renforcé ses pratiques relatives aux questions du travail depuis l’approbation et le versement du prêt à Avianca, Sharan Burrow l’a invitée à améliorer toutes ses procédures de suivi, de mise en œuvre et de divulgation liées à son critère de performance sur le travail, de façon à ce que d’autres salariés n’aient pas à souffrir d’un manque de respect ou d’une conformité différée aux normes. Réponse (en anglais) de la direction de la Société financière internationale au rapport du conseiller-médiateur pour l’application des directives : http://www.cao-ombudsman.org/documents/Avianca_IFCManagementResponsetoCAOInvReport_Jan232015.pdf