"Avant qu’il ne soit trop tard" (HIV/SIDA)

Guy Ryder (Secrétaire général de la CSI): "Le VIH/SIDA affecte les travailleurs partout ; au nord ; au sud; à l’est et à l’ouest. Mais; l’Afrique reste le continent le plus touché de la planète. Au Lesotho un petit pays de 2 millions et demi d’habitants 25 % de la population adulte est séropositive. Au cours de 5 dernières années ; le pays a perdu l’équivalent de 10% de sa population à cause du SIDA."

Maseru la capitale de Lesotho, a connu une industrialisation rapide ces dernières années mais l’épidémie du VIH a balayé tous les avantages du développement puisque des milliers de travailleurs ont été infectés. La communauté enseignante est également très affectée par la maladie. La mort d’enseignants expérimentés compromet sérieusement le futur des enfants du pays.
Des syndicats locaux, comme l’Association des Enseignants du Lesotho ont lancé des programmes sur le lieu de travail pour inverser la tendance de la maladie. Avec l’aide de l’Education Internationale le syndicat a mis en place une formation sur le VIH pour les membres et propose un soutien à ces enseignants vivant avec le VIH. Gabriel Ntueba ; le coordinateur VIH/SIDA de l’Association des Enseignants du Lesotho et Christian Ramonane enseignant au Lycée Saint James sont bien conscients du problème. Bernard Ramonane est un des seuls enseignants qui a révélé son statut séropositif.

Interview du professeur séropositif du Lycée St. James : « J’ai été absent de l’école pendant longtemps. Et les parents ont commencé à se plaindre de moi. Ils savent que je suis un des enseignants consciencieux de l’école. Ils étaient surpris de mes absences répétées et ont commencé à se plaindre, même les étudiants et la directrice, les enseignants… Alors se sentant concernés ; ils ont demandé : « Pourquoi êtes-vous toujours absent?». J’avais peur qu’ils découvrent que j’étais séropositif. Je n’avais pas le courage de le dire à l’école. Je pensais que j’allais être discriminé. Et. Un jour ; je suis allé au bureau de la directrice et je lui ai dit la raison de mes absences. Et à ma surprise ; elle m’a fait m’asseoir, et elle m’a conseillé. Elle m’a dit : « Nous allons former tous les autres enseignants. Et je vous assure qu’ils vont vous soutenir. »
Groupe de théâtre des étudiants de St. James: « Il faut prendre soin de toi si tu as le VIH ; Tu crois que le VIH tue, il tue. Ce n’est pas vrai ! Ca ne tue pas ; sauf si tu le laisses faire.
Montrez-moi les résultats/
C’est pas vrai ! »

Interview du professeur séropositif du Lycée St. James : « Quand vous avez le virus ; vous devez accepter qu’il est là. Et aujourd’hui ; il n’existe pas de remède. Il est à l’intérieur de vous ; il est là ; il faut vivre avec. Je pense que l’exemple que je montre à l’école va beaucoup aider. Même ceux qui sont malades en ce moment pourront l’avouer et voir qu’ils ne seront pas discriminés.

Interview. du coordinateur du VIH/SIDA de LAT : «Un enseignant est un leader. C’est comme ça qu’on les voit. Ce sont les leaders de la communauté. Vous savez, je repense à quand j’enseignais. J’ai commencé très jeune et dans la communauté ; tout le monde venait me demander conseil ; sur n’importe quel sujet. »

LECAWU; le plus grand syndicat des travailleurs du textile au Lesotho; s’attaque aussi aux ravages du VIH et du SIDA. Avec le soutien de l’American Solidarity Center; et de la Fédération Internationale des Travailleurs du Textile, de l’Habillement et du Cuir; le syndicat a commencé des activités de formation et de conseil sur les lieux du travail.

Séance de formation dans une usine de vêtements: « C’est comme ça que l’on tient un préservatif. Il faut empêcher l’air d’entrer. Ne le laissez pas entrer. Vous voyez comme il est serré ? C’est ferme. Ca ne casse pas.
Après la relation sexuelle il faut immédiatement retirer le préservatif. Ne le déchirez pas. Faites un nœud et jetez-le.
Puis-je avoir votre attention ?
Des ‘groupes de soutien » ont été formés dans plusieurs usines grâce à l’initiative de LECAWU.
Ces groupes de soutien sont composés d’ouvriers qui vivent ouvertement avec le VIH.
Le syndicat a formé ces travailleurs pour éduquer et conseiller ; ce qui leur permet d’éduquer leurs collèges ; de rompre les préjugés et de les encourager à connaître leur statut.
Récemment ; LECAWU a décidé d’étendre les activités des groupes de soutien aux proches des ouvrières ; pour toucher leurs maris et leurs familles. Maintenant ; ca s’améliore dans les syndicats.

Interview LECAWU coordinatrice : « Nous avons formé beaucoup de monde sur le VIH et le SIDA. Et notre objectif quand on forme des membres ; c’est qu’ils puissent aller éduquer les autres membres et nous utilisons aussi des groupes d’études ce qui est beaucoup plus efficace pour communiquer au plus grand nombre. Pour qu’au syndicat les gens comprennent. Je connais des personnes séropositives dans notre syndicat ; ils en parlent librement, et ils vont vers les autres leur en parler. »

Interview formateur LECAWU : « Jusqu’à maintenant nous avons réussi à convaincre beaucoup d’ouvriers à révéler qu’ils sont séropositifs. Nous utilisons des personnes sous trithérapie ; comme moi. Pour expliquer que l’on peut quand même vivre positivement et profiter de la vie. Que ça ne veut pas dire que si vous êtes séropositifs vous allez mourir. Ca veut juste dire qu’il faut prendre soin de soi ; prendre le traitement et vibre positivement. »

Au Lesotho, et plus largement en Afrique ; le faible financement du système de santé se traduit par d’interminables queues pour les patients. Les ouvriers font souvent la queue pendant trois ou quatre jours avant de voir un docteur. En conséquence, les ouvriers épuisent rapidement les 12 jours de congé maladie auxquels ils ont droit. Les journées passées à atteindre devant des cliniques sont considérées comme de l’absenteisme et ne sont pas payées par l’employeur. Les ouvriers du textile subissent des lourdes pertes de salaires.
LECAWU essaye de remédier à cette situation. Chez Precious Garment Ltd. ; le syndicat a négocié des jours de congé maladie supplémentaires pour les ouvriers séropositifs qui ont besoin d’aller à la clinique pour des bilans ou pour le traitement. Une pause spécifique a également été négociée avec la direction pour permettre aux employés séropositifs de prendre leur traitement et de manger correctement.

De telles actions sur le lieu de travail font partie des missions de base des syndicats. Elles contribuent à améliorer les vies des ouvriers et leurs conditions de travail mais également à combattre une maladie qui menace l’avenir de beaucoup de pays dans le monde. Mais plus doit être fait ! et sur une plus grande échelle.

L’Association des Enseignants du Lesotho (LAT) et le LECAWU nous montrent le chemin à suivre. Néanmoins, il manque encore à beaucoup de syndicats dans le monde une prise de conscience de l’aide financière et une meilleure coordination qui sont si nécessaires.

Interview. LECAWU VIH/SIDA coordinateur : « Je pense que tout le continent africain doit faire quelque chose. Par exemple ; quand je pense à d’autres pays ; ils disent qu’ils ne sont pas concernés. MAIS ILS VOIENT leurs pays frères être infectés ; ou affectés. Je pense que ces pays sont affectés également. Alors ils devraient commencer à faire quelque chose aussi. »