Appel des syndicats en faveur d’un engagement international renouvelé dans la lutte pour l’éradication de l’épidémie du SIDA

Les représentants syndicaux qui assistent à la Conférence internationale sur le SIDA 2012 (AIDS 2012) – ont lancé un appel en faveur d’un engagement international renouvelé dans la lutte contre la pandémie, fondé sur une appropriation commune de la riposte au SIDA. La délégation a également prôné une action sur le VIH/SIDA sur les lieux de travail.

La conférence, qui s’est tenue du 22 au 27 juillet 2012, à Washington, avait pour thème « Ensemble, inversons la tendance » (Turning the Tide Together), un mot d’ordre soutenu par les travailleurs et qui se fonde sur la nécessité d’atteindre les objectifs suivants :
- Zéro discrimination liée à l’emploi sur la base du statut VIH réel ou supposé ;
- Zéro nouvelles infections – en s’attaquant aux déterminants socioéconomiques de la vulnérabilité à l’infection au VIH, y compris ceux directement liés au monde du travail ;
- Zéro décès liés au SIDA – en s’attaquant à l’injustice sociale dans l’accès au traitement et en étendant la protection sociale comme facteur de soutien au développement et de la productivité au niveau individuel et collectif.

Près de 90% des 34 millions de personnes dans le monde qui, à l’heure actuelle, vivent avec le VIH sont des travailleuses et travailleurs engagés dans des activités économiquement productives leur permettant de subvenir à leurs besoins propres et, par extension, à ceux de leurs familles et communautés. Pour beaucoup d’entre eux, le test de dépistage du VIH peut avoir des conséquences désastreuses comme la stigmatisation, l’exclusion des possibilités d’embauche, voire le licenciement par les employeurs.

Le maintien de coûts prohibitifs de traitement et de soins constitue une barrière infranchissable pour les personnes vivant aux confins de la précarité, entre la pauvreté et la classe moyenne. Quand un travailleur ou une travailleuse est atteint(e) du SIDA ou en meurt, les autres travailleurs, les communautés et les entreprises sont tous perdants. Dès lors, les syndicats considèrent que toute stratégie exhaustive de lutte contre le VIH/SIDA doit impérativement inclure des interventions au niveau des lieux de travail, pour sensibiliser les travailleuses et travailleurs au VIH/SIDA et venir en aide aux personnes atteintes du virus.

Nous pouvons éradiquer le SIDA

La question du financement futur des droits humains et du développement à l’échelon international continue à susciter préoccupation. Au milieu de la semaine de la Conférence, les syndicats ont participé à une marche aux côtés de militants et d’activistes – dont bon nombre étaient des personnes vivant avec le VIH/SIDA – pour demander l’introduction d’une taxe Robin des Bois en faveur de l’éradication du SIDA. La profonde préoccupation suscitée à niveau mondial était reflétée par une participation nombreuse. Les marcheurs ont battu le pavé en scandant : « Nous pouvons éradiquer le SIDA »

La Conférence a fait l’état des lieux du débat sur le SIDA et mis en exergue l’importance d’un engagement syndical permanent. D’autre part, dans la mesure où les progrès engrangés au plan des traitements médicaux ont pour résultat des travailleuses et travailleurs en meilleure santé et une durée de vie prolongée, l’action des syndicats vise aussi à les mettre à l’abri de la discrimination et de la stigmatisation, des enjeux qui figurent à l’ordre du jour de la plateforme pour la protection sociale prônée par l’OIT.

Alors que les défis liés au développement sont interdépendants, les réponses internationales à ces problèmes sont généralement mises en œuvre isolément, donnant lieu à des résultats limités. Les dirigeants mondiaux, dont le président du Groupe Banque mondiale Jim Yong Kim, se sont engagés à mener une lutte internationale contre le SIDA, à abolir la pauvreté et à s’attaquer aux autres Objectifs du millénaire pour le développement. À ce titre, une concertation pourrait avoir lieu prochainement entre les participants et les organisations partenaires visant la mise au point d’une réponse conjointe à ces enjeux, ainsi qu’aux autres défis du développement.

Le rôle des syndicats dans la lutte contre le VIH/SIDA

En marge de la conférence, la CSI et l’AFL-CIO ont organisé un forum d’un jour, le 21 juillet, consacré au rôle des syndicats dans la lutte contre le VIH/SIDA, où un accent particulier a été mis sur l’amélioration de la protection sociale et la sensibilisation des jeunes et des jeunes travailleurs et travailleuses.

Le forum a mis en lumière divers exemples de programmes de lutte contre le VIH/SIDA menés par des travailleuses et travailleurs aux quatre coins du monde, notamment au Brésil, au Nigeria et en Afrique du Sud. L’événement a également servi de plateforme d’échanges entre les participants et les orateurs de haut niveau de l’OITSIDA, de l’ONUSIDA, de la Banque mondiale et du PEPFAR (Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le SIDA).

Ont participé à AIDS 2012 des délégations syndicales de la Suède (LO-TCO), du Brésil (Central Unica dos Trabalhadores), du Ghana (Trade Union Congress Ghana), du Nigeria (Nigeria Labour Congress and NUPENG), de la Grande-Bretagne (Trade Union Congress), du Canada (Congrès du travail du Canada et Syndicat canadien des employés de la function publique), du Kenya (Central Organization of Unions), de la Tanzanie (Trade Union Congress of Tanzania), de l’Afrique du Sud (Southern African Clothing and Textile Workers’ Union), ainsi que Union Aid Abroad APHEDA (Australie), la Fédération internationale des ouvriers du transport, Industriall, l’Internationale des services publics et la Confédération syndicale internationale.

Les participants ont souligné qu’il était d’une importance cruciale, lors des conférences internationales sur le SIDA, de mettre au point des interventions syndicales futures et d’affirmer le rôle clé des stratégies au niveau d’entreprise. Ces événements mettent en présence des experts, des acteurs politiques internationaux et des professionnels de la santé avec des personnes vivant avec le VIH/SIDA, facilitant, par-là même, la recherche conjointe d’approches nécessaires pour mener en avant la lutte contre le VIH/SIDA à niveau mondial.