Agenda de Développement de l’après 2015: déclaration de la Pakistan Workers’ Federation (Fédération des travailleurs du Pakistan)

La Pakistan Workers’ Federation souhaite soumettre, pour examen, les points suivants dans le cadre de l’élaboration de « l’Agenda de développement de l’après 2015 »:

1. Le Pakistan est, d’après les statistiques mondiales, le 6e État le plus peuplé et emploie la 9e plus importante main d’œuvre au monde. Le pays ne fournit pas uniquement une main d’œuvre suffisante aux « employeurs » pakistanais (dans tous les secteurs) mais alimente également le marché international du travail. Du fait du dividende démographique, cette main d’œuvre est, en majorité, jeune, énergique et pleine de potentiel.

2. Plusieurs forums internationaux, dont le Sommet mondial de 2005, le Conseil économique et social des Nations Unies de 2006, le Conseil des chefs de secrétariat des Nations Unies de 2007 et la Commission du développement social des Nations Unies, ont reconnu que la réalisation du plein emploi productif à temps complet et du travail décent pour tous devrait être un objectif fondamental des politiques nationales et internationales pertinentes et des stratégies de développement et constituait la principale voie de sortie de la pauvreté pour les populations pauvres du monde. La contribution significative de l’Agenda du travail décent à la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement, et en particulier à la cible 1B de l’OMD 1, est également reconnue par le système des Nations Unies.

3. Les crises et surtout les mauvaises pratiques de gouvernance n’ont pas permis au Pakistan d’obtenir de bons résultats dans le domaine des OMD. Le pays accuse en effet un retard sur plusieurs points, notamment dans les domaines suivants :

a. le ratio emploi-population relativement élevé, de près de 80% pour les hommes (âgés de 15 et plus), indique une abondance probable d’emplois de faible qualité dans le pays.

b. En général, les hommes semblent davantage bénéficier de l’amélioration du marché du travail. L’écart, près du double, entre la proportion d’hommes occupant un emploi salarié de (41,2%) et celle des femmes (21,6%) en 2010-2011, reflète une situation où les rares emplois salariés créés ont tendance à être occupés par les hommes plutôt que par les femmes.

c. Environ 6 travailleurs pakistanais sur 10 (61,6%) étaient considérés vulnérables en 2010-2011, c’est-à-dire « susceptibles de ne pas avoir accès au travail décent ». La grande proportion de femmes vulnérables (78,3%) requiert une attention particulière.

d. La grande vulnérabilité des jeunes (60,9%) est, de même, préoccupante. Bien qu’ils soient souvent mieux qualifiés que les autres catégories de la population active, les jeunes semblent confrontés à des difficultés similaires à celles des adultes dans le domaine du marché du travail.

e. Le Pakistan a connu une très faible productivité du travail au cours de la dernière décennie. Par ailleurs, la croissance relativement faible de la productivité du travail ne s’est pas accompagnée d’une croissance de la main d’œuvre et de l’emploi. Cette évolution suggère que de nombreux nouveaux arrivants sur le marché du travail occupent des emplois à faible productivité et peu rémunérés .

4. Le mouvement syndical du pays a, qui plus est, été témoin d’évènements malsains au cours de ces dernières années, notamment :

a. la détérioration de l’ordre public et la crise de l’énergie qui ont conduit à la fermeture d’entreprises - frappant par conséquent les catégories défavorisées de la population active

b. la croissance continue de l’emploi « informel » dans le pays, caractérisé par une sécurité de l’emploi et de conditions de travail minimales

c. un manque de considération à l’égard de la « santé et la sécurité » des travailleurs, à l’origine du plus grave incendie industriel du pays, survenu à Karachi le 11 septembre 2012

d. la dévaluation continue de la devise nationale et son corollaire l’augmentation des prix des produits de base qui ont entraîné une diminution de la productivité du travail et de la capacité à faire face aux pressions économiques

e. l’application inadéquate des dispositions du droit du travail, en particulier la liberté syndicale et le droit aux négociations collectives privant la main d’œuvre de son droit fondamental à bénéficier de conditions de vie et de travail décentes à travers les conventions collectives.

5. Compte tenu de cette situation nationale et à la lumière du contexte mondial, la Pakistan Workers’ Federation souhaite soumettre, pour examen, les points suivants dans le cadre de l’élaboration de « l’Agenda de développement de l’après 2015 » :

a. Il est nécessaire de privilégier « la croissance économique inclusive et l’emploi décent » et d’adopter des mesures visant à assurer un suivi continu de chaque pays sur la base d’indicateurs spécifiques afin d’améliorer les perspectives d’emploi et les conditions de travail de millions de travailleurs dans le monde.

b. Il faut donner la priorité à « l’État de droit et l’application des lois » dans la mesure où de nombreux pays établissent un nombre suffisant de lois mais ne les appliquent pas dans leur lettre et leur esprit, en particulier en ce qui concerne les réglementations relatives aux relations professionnelles afin de garantir les droits prévus par les conventions n°87 et 98 de l’OIT.

c. « L’investissement dans le développement des ressources humaines » devrait également être privilégié. A l’exception des stratégies axées sur le marché, il est nécessaire d’élaborer des normes de base afin de mesurer la performance des travailleurs tout en tenant compte des défis spécifiques auxquels ils sont confrontés.

d. Il convient de donner la priorité à la promotion des valeurs démocratiques afin de permettre aux groupes marginalisés de la société de se réunir, d’exprimer leurs préoccupations et de prendre des mesures collectives contre toute les formes d’exploitation dont ils sont victimes.

e. Il convient de privilégier « la promotion de la culture de recherche et de collecte de données précises » dans la mesure où de nombreux problèmes humains ne sont pas suffisamment abordés de façon appropriée en raison de l’absence de données et d’études pertinentes dans le domaine concerné.

Article fourni par PWF