Forum 2018 Comité d’aide au développement (OCDE) et syndicats

La quatrième édition de ce forum annuel a réuni les représentant(e)s des États membres du Comité d’aide au développement de l’OCDE (CAD) et ceux des grandes organisations syndicales, provenant à la fois des pays donateurs et des pays partenaires. Ensemble, ils ont examiné les dernières avancées des travaux du CAD et ont étudié les possibilités de maximiser sa participation à l’Agenda 2030 et à l’Agenda pour le travail décent. Le forum a eu lieu le 20 mars 2018 au siège de l’OCDE à Paris, juste après la discussion thématique sur le dialogue social à l’ère des ODD.

Le CAD se compose d’États membres de l’OCDE. Son mandat est de promouvoir des politiques, de coopération pour le développement et autres, qui contribuent à l’instauration d’un développement durable, y compris à une croissance économique pro-pauvres, à la lutte contre la pauvreté et à l’amélioration du niveau de vie dans les pays en développement, ainsi qu’à un avenir où plus aucun pays ne sera tributaire de l’aide. Il est chargé de définir les termes de l’Aide publique au développement (c’est-à-dire le financement public alloué à la coopération au développement), et de déterminer les conditions des donateurs en matière de notification. En tant qu’acteurs du développement, les syndicats sont concernés par ces travaux et le Forum CAD et syndicats leur offre un espace important pour contribuer à ce processus.

La première séance, intitulée «Financement mixte, dépasser les principes pour les mettre en pratique», était présidée par Charlotte Petri Gornitzka (présidente du CAD). Le financement mixte est une pratique consistant à utiliser le financement de l’APD pour attirer des ressources supplémentaires provenant d’autres acteurs, en particulier du secteur privé. La discussion de la séance a rassemblé les principaux acteurs qui souhaitent faire participer le secteur privé au développement, en s’appuyant en particulier sur le financement mixte: gouvernement, institutions de financement multinationales et institutions de financement du développement. Les participants ont discuté des Principes de financement mixte de l’OCDE récemment mis au point ainsi que des méthodes pour progresser. L’intervenant Jorge Moreira da Silva (directeur de la Direction de la coopération pour le développement de l’OCDE) a notamment permis de mieux comprendre comment les principes se rattachent à un processus plus général qui englobe les futurs principes directeurs et l’adaptation des normes relatives à la notification.

Les syndicats ont soulevé plusieurs questions liées aux principes et, de manière plus générale, au financement mixte. Pierre Habbard (secrétaire général de la TUAC) a plaidé en faveur d’une approche circonspecte à l’égard de l’intégration des instruments propres au secteur privé, comme le financement mixte, à la coopération au développement, en rappelant aux participants les échecs passés, tels que les partenariats public-privé. Les éléments indiquant que le financement mixte favorise les pays à revenu moyen ont suscité des interrogations sur la manière dont il peut concorder avec l’approche fondée sur les besoins, qui est à la base de la coopération au développement. La création d’emplois est souvent citée comme la principale contribution au développement en ce qui concerne ces initiatives. Les participants ont signalé que les dispositions actuelles étaient insuffisantes pour garantir le respect des normes du travail et la mise en place de mécanismes de réclamation adaptés. Davantage de rigueur permettrait de recentrer ces initiatives sur les bénéficiaires finaux ciblés plutôt que sur les intermédiaires du secteur privé. Les syndicats ont attiré l’attention sur les résultats du rapport du RSCD, qui révèle d’autres lacunes de l’approche actuelle du financement mixte.

La deuxième séance, intitulée «Le CAD, les syndicats et la mise en œuvre et le suivi des ODD», visait à identifier les possibilités de concilier la fonction de notification du CAD avec les efforts déployés pour atteindre les ODD. Paola Simonetti (coordinatrice de la politique de développement de la CSI) a présenté la stratégie syndicale vis-à-vis de l’Agenda 2030, en expliquant le rôle des syndicats dans la mise en œuvre, le suivi et la responsabilisation. Julia Benn (chef d’unité de la Division du financement pour le développement durable de l’OCDE) a donné une vue d’ensemble détaillée de l’adaptation actuelle du Système de notification des pays créanciers (SNPF) dans le but de l’harmoniser à la fois avec l’Agenda 2030 et avec l’Agenda pour le travail décent.

Le Forum CAD et syndicats est un lieu d’échange important et l’édition de 2018 a permis d’évaluer de manière fidèle et fructueuse les actions en cours et d’identifier les possibilités de renforcer leur cohérence et leur coordination pour continuer d’avancer.

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