Par Amélie Nguyen - Coordinatrice au CISO - @CISO_Qc
L’économie informelle
L’économie informelle, en marge du contrôle de l’État, se caractérise par des salaires extrêmement bas, des heures de travail illimitées, l’absence de protection sociale (pension de vieillesse, assurance santé, congés de maternité, etc.), de piètres conditions de santé et sécurité au travail et une grande insécurité financière et psychologique. Les secteurs les plus pauvres et les plus vulnérables de la société y sont confinés. Les mesures d’ajustement structurel imposées dans les années 80 et 90 par les grandes institutions financières internationales (Banque mondiale, Fonds monétaire international) à l’État burkinabé ont gonflé les rangs de l’économie informelle, repoussant des travailleuses et travailleurs qualifié.e.s du secteur public vers la précarité et l’informalité et affaiblissant du même coup le mouvement syndical burkinabé. Aujourd’hui, cette « économie de la débrouille », fruit de la résilience de populations marginalisées par le capitalisme mondialisé, occupe plus de 80% de la main d’œuvre burkinabé souvent peu alphabétisée, dont 74% sont des femmes.
Le projet
En décembre dernier, des membres de l’équipe du CISO se sont rendus au Burkina Faso à l’occasion du démarrage du projet : « Coordination Intersectorielle Burkinabè pour L’Emploi – CIBLE travail décent ». Il s’échelonnera sur les 3 prochaines années grâce à l’appui financier du ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec (MRIF). Lancé officiellement à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso il constitue en quelque sorte une seconde phase du « Projet d’appui au secteur de l’économie informelle » entrepris par le CISO en 2014. Il vise à faire valoir et reconnaître les revendications des travailleuses et travailleurs de l’économie informelle dans le cadre du dialogue entre le gouvernement et les syndicats, par un appui à leur organisation, des formations sur le travail décent et des formations techniques liées à leur métier. L’intérêt du projet est aussi de briser l’isolement des travailleuses et des travailleurs aussi le groupe-cible est composé de femmes à plus de 60% et des jeunes de l’économie informelle.
Un partenariat novateur
Le partenariat novateur entre la Marche mondiale des femmes et les syndicats semble particulièrement porteur pour l’égalité entre les genres. Les croisements entre ces cultures organisationnelles et ces mandats différents engendrent un apprentissage mutuel qui teintera l’action collective des groupes de femmes et des syndicats au terme des 3 années de collaboration. Souhaitons que cette solidarité entre les travailleuses et travailleurs du Québec et du Burkina Faso se poursuive et s’accroisse dans les années à venir, à travers la richesse des échanges et des apprentissages réciproques ; d’un côté ou l’autre de la planète, nos luttes ont beaucoup plus en commun qu’on pourrait le croire.
Plus de détails sur ce partneriat sont disponibles ici.