300 millions d’emplois et des progrès en faveur des femmes grâce à un investissement dans les soins

photo: ILO

La CSI a accueilli favorablement les conclusions d’un rapport historique qui révèle qu’un investissement dans les soins se traduirait par un changement transformateur dans le monde du travail et contribuerait à relancer les progrès en faveur des femmes, qui sont au point mort.

Parmi les millions de personnes qui ont dû quitter le marché du travail durant la pandémie de Covid-19, la majorité sont des femmes, qui assument également la majeure partie des tâches non rémunérées en matière de prestation de soins.

Selon les estimations présentées dans le rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) Soin à autrui au travail, les investissements réalisés à l’échelle mondiale dans les services universels de soins aux enfants et de soins de longue durée permettront de créer 280 millions d’emplois d’ici 2030 et 19 millions d’emplois supplémentaires à l’horizon 2035.

La secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow, a déclaré: « Ce nombre total de près de 300 millions d’emplois constitue un pas très important dans la voie de notre appel mondial à la création de 575 millions d’emplois d’ici 2030.

« Des investissements dans les soins se justifient sur le plan économique. Un investissement de 4 % du PIB annuel total contribuerait à créer des millions d’emplois qui pourraient être financés, en partie, par les recettes fiscales qui augmenteraient grâce l’accroissement des revenus et du nombre d’emplois, réduisant ainsi le coût à 3 % du PIB.

« Des investissements dans les soins se justifient pour accroître la participation des femmes à la population active. Ainsi, 78 % des emplois créés contribueraient à relever le taux d’emploi des femmes et 84 % seraient des emplois formels.

« Des investissements dans les soins se justifient pour nos sociétés dans la mesure où la santé, l’éducation, les services de garde pour les enfants, les soins pour les personnes handicapées et les personnes âgées sont désormais reconnus comme fondement de la résilience dans nos communautés face aux bouleversements nationaux ou mondiaux et pour tenir la promesse de réalisation des Objectifs de développement durable de l’ONU ».

Un nouveau contrat social

Les millions d’emplois qui pourraient être créés dans le secteur des soins auraient un impact direct sur la garantie de l’emploi et du travail décent pour les femmes et les travailleurs/euses migrants, ainsi que sur la libération des femmes du fardeau du travail des soins pour participer à des secteurs plus vastes de l’économie.

« Nous avons besoin de plans pour l’emploi et les investissements dans tous les pays afin de stimuler les progrès en faveur des femmes et de traduire en réalité ces emplois dans le secteur des soins dans le cadre d’un nouveau contrat social. Le rapport de l’OIT démontre que les emplois, les salaires, la protection sociale, les droits pour tous les travailleurs, l’égalité et l’inclusion – les revendications fondamentales des syndicats pour un nouveau contrat social – sont liés, réalisables et souhaitables », a ajouté Sharan Burrow.

Sur la base des conclusions du rapport, la CSI exhorte les gouvernements à réaliser des progrès immédiatement afin de mettre fin aux pratiques discriminatoires en soutenant:

  • la protection de la maternité: elle relève du bien public et de la responsabilité collective, mais le rapport révèle qu’au rythme actuel, il faudra 46 ans pour obtenir des droits minimums en matière de congé de maternité dans les 185 pays analysés;
  • les responsabilités des hommes en matière de soins: près de deux tiers des pères potentiels (1,26 milliard d’hommes) vivent dans des pays où le congé de paternité n’existe pas;
  • les services de soins aux enfants indispensables pour leur épanouissement et l’emploi des femmes: ils ne constituent un droit universel que dans 21 pays, ce qui se traduit par un accès potentiel à des services de soins aux enfants gratuits ou abordables pour seulement un parent potentiel sur dix;
  • face au vieillissement des sociétés, le congé rémunéré pour soins de longue durée peut jouer un rôle clé dans la prise en charge de besoins croissants en matière de soins: seuls 55 pays, soit deux adultes sur dix dans le monde, ont inscrit dans leur législation le droit au congé de longue durée pour soins et ce congé n’est rémunéré que dans 34 pays;
  • les services de soins de longue durée sont indispensables pour garantir le droit de vieillir dans la dignité: seulement 16 % de la population mondiale vit dans des pays où ces services sont universels et gratuits;
  • la santé et la sécurité au travail, et des lieux de travail favorables à l’allaitement maternel;
  • une collaboration avec les syndicats et les employeurs dans le cadre d’un dialogue en vue d’élaborer des programmes de politiques de soins transformatrices.

L’OIT estime qu’en 2021 le nombre de femmes occupant un emploi était inférieur de 13 millions à son niveau de 2019, tandis que le niveau d’emploi des hommes a rattrapé celui de 2019.

Selon les données antérieures, seulement 43,2 % des femmes en âge de travailler dans le monde ont occupé un emploi en 2021, par rapport à 68,6 % des hommes ayant le même statut. Autrement dit, faute de mesures appropriées, la vie professionnelle des femmes sera durablement perturbée.