17e réunion du Conseil général de la CSI

La demande d’adhésion d’une nouvelle organisation membre, la General Federation of Iraqi Trade Unions (fédération générale des syndicats irakiens – GFITU), a été acceptée lors de la 17e réunion du Conseil général de la CSI, qui s’est tenue du 29 novembre au 1er décembre à Bruxelles.

Le Conseil a également décidé d’approuver l’inscription des travailleurs de l’économie informelle membres des centrales syndicales indiennes INTUC et HMS dans la liste des membres déclarés de la CSI. L’inclusion des membres du secteur informel de l’économie affiliés à l’INTUC porte le nombre total des membres de la CSI à 202 millions, issus de 331 organisations dans 163 pays et territoires. La HMS informera la CSI du nombre de ses membres appartenant à l’économie informelle après vérification au sein des structures de l’organisation.

Le Conseil a exprimé sa gratitude et son estime envers le Secrétaire général adjoint, Wellington Chibebe, qui quitte la CSI pour prendre la tête du Bureau de l’OIT pour l’Afrique de l’Est à Dar es-Salaam, et a élu Mamadou Diallo au poste de Secrétaire général adjoint par intérim.

L’un des principaux points inscrits à l’ordre du jour du Conseil concernait les préparatifs du 4e Congrès mondial de la CSI, qui se tiendra à Copenhague du 2 au 7 décembre 2018, sous l’égide des filiales danoises LO et FTF. Le thème choisi pour le Congrès est le « Renforcement du pouvoir des travailleurs : changer les règles du jeu » et s’inscrit dans la continuité du thème du Congrès de 2014 à Berlin. Cela renforce le rôle actuel qui consiste à renforcer l’adhésion syndicale et l’influence syndicale afin de contrecarrer le modèle actuel de la mondialisation dominée par les entreprises en militant pour des cadres juridiques nationaux et mondiaux qui garantissent les prestations aux travailleurs et freinent le pouvoir débridé des entreprises multinationales et de la finance.

Le Congrès se déroulera en séances plénières et sous-plénières afin de maximiser les occasions de participer à un débat interactif et de susciter la mobilisation des participants au Congrès. Les préparatifs du Congrès prévoient la diffusion d’un projet de déclaration du Congrès au début de l’année 2018 qui fera l’objet de discussions au sein des syndicats, mais aussi entre les syndicats, ainsi qu’une invitation adressée aux affiliés les enjoignant à soumettre des propositions d’amendements constitutionnels, ce qui permet d’avancer le processus de préparation par rapport au minimum statutaire de 6 mois avant le début du Congrès. Les réunions du Bureau exécutif de la CSI en mars et mai 2018 et du Conseil général en mai débattront des propositions et des réactions des affiliés en préparation du Congrès, et une section dédiée sur le site Web de la CSI facilitera la diffusion et l’échange de propositions formulées par les affiliés. Le Conseil général a accueilli favorablement la proposition du TUC britannique d’accueillir sa prochaine réunion à Londres les 24 et 25 mai.

Le Conseil a approuvé les plans de travail pour 2018 sur les Nouveaux fronts de la CSI : éliminer l’esclavage, maîtriser le pouvoir des entreprises et assurer une justice climatique ainsi qu’une transition juste. La fin du système de la kafala et d’autres réformes clés dans le domaine du travail au Qatar ont marqué le point culminant de la campagne contre l’esclavage. Les actions contre la kafala dans d’autres pays du Golfe et les efforts visant à obtenir 50 ratifications du Protocole de l’OIT sur le travail forcé en 2018 seront au cœur de ces objectifs. La reconnaissance par le Sommet du G20 de 2017 que la concurrence ne devrait pas reposer sur les violations des droits des travailleurs et que les salaires minimums doivent correspondre à des salaires minimums vitaux ont marqué une étape importante. Par ailleurs, dans le cadre du lancement de la campagne mondiale sur les salaires au cours de l’année, les initiatives à travers plusieurs pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine et une action conjointe avec la CES en Europe ont constitué les points forts du Nouveau front consistant à maîtriser le pouvoir des entreprises. Ces efforts s’intensifieront en 2018. L’adoption du thème de la transition juste dans l’Accord de Paris sur le climat et les travaux en cours du Centre pour une transition juste de la CSI seront renforcés par l’inclusion de travaux spécifiques relatifs au climat dans l’Académie d’organisation mondiale et les actions de la campagne sur le « droit des travailleurs de savoir » concernant les politiques et les projets des employeurs en matière de climat.

Le Conseil a également approuvé les propositions pour 2018 concernant les Priorités de la CSI, y compris le programme « Comptez avec nous ! » visant à accroître l’adhésion des femmes et leur participation aux instances dirigeantes syndicales, le programme « Pays à risque » avec l’Indice des droits des travailleurs et le soutien juridique aux affiliés ainsi que le Pacte mondial des Nations unies sur la migration. Les travaux menés dans le cadre de la priorité « Cohérence mondiale » ont contribué à la reconnaissance par toutes les grandes institutions mondiales de l’ampleur des inégalités économiques et les mesures qui seront prises en 2018 consisteront à faire en sorte que les salaires, la protection sociale et la négociation collective occupent une place de premier plan. Il s’agira notamment de faire campagne pour la ratification universelle de toutes les normes fondamentales du travail de l’OIT et de la Convention 155 sur la santé et la sécurité au travail en prévision du centenaire de l’OIT qui aura lieu en 2019. Le Conseil a également salué les résultats des travaux de la CES qui ont permis l’adoption du Socle européen des droits sociaux. L’Académie d’organisation mondiale de la CSI, qui a déjà formé plusieurs centaines d’organisateurs principaux et associés, poursuivra et intensifiera son action en 2018.

Le Conseil a adopté un rapport sur la paix, la liberté et la démocratie, une conférence intergénérationnelle sur ce sujet ayant eu lieu une semaine après la réunion du Conseil. Des informations sur la situation économique mondiale ont été fournies au Conseil général par la TUAC ainsi que par la FNV des Pays-Bas sur les travaux du Comité sur le capital des travailleurs.

Le Conseil a adopté un rapport intitulé « L’avenir du travail » comportant des points clés sur la situation économique, les enjeux en matière de réglementation, la technologie et les actions des syndicats dans ce domaine. Ce rapport soulignait la nécessité de garantir des droits de négociation collective aux travailleurs dans des emplois basés sur des « plates-formes » et autres emplois similaires, ainsi que la nécessité pour la CSI de promouvoir et de diffuser les approches novatrices adoptées par les syndicats face à ces défis émergents. Avec le soutien d’un Groupe de référence sur L’avenir du travail, ce rapport sera révisé et distribué aux affiliés dans le cadre du processus de consultation et d’élaboration des politiques qui précédera le Congrès. Le Groupe de référence soutiendra également les travaux des représentants des travailleurs siégeant dans la Commission de l’OIT sur l’avenir du travail.

Des rapports des organisations et structures régionales de la CSI ont été adoptés par le Conseil, ainsi que des rapports de l’Assemblée mondiale de syndicalisation des femmes de 2017 et de la Commission Femmes, la Commission des droits humains et syndicaux et la Commission Jeunesse.

L’adoption du budget de la CSI pour 2018 comportait une augmentation de 2 % des frais d’adhésion.

En décidant d’enregistrer parmi les membres déclarés de la CSI, plusieurs millions de travailleurs de l’économie informelle qui sont membres de ses affiliés INTUC et HMS en Inde, le Conseil général a considéré que, malgré le fait que ces travailleurs ne sont pas en mesure de payer des cotisations importantes, ils font partie intégrante du mouvement syndical indien et qu’il convient de reconnaître leur présence au sein des syndicats.

Relevant qu’en se retirant de la CSA et en créant une organisation régionale distincte, dix organisations membres en Amérique latine avaient agi contre les intérêts de la CSI, le Conseil général a officiellement suspendu l’adhésion de ces organisations à la CSI. Il a été décidé de garder ouverte la possibilité de dialoguer avec ces organisations au cas où elles souhaiteraient quitter l’organisation distincte et réintégrer la CSA, en amont d’une éventuelle décision de les expulser définitivement de la CSI lors du prochain Congrès mondial de la CSI. Ces organisations sont : FTA (Aruba), Força Sindical (Brésil), CAT (Chili), CGT Colombie, CGTC (Curaçao), CSE (Équateur), CROC (Mexique), CTM (Mexique), CGTP Panama et CNT Paraguay.

Le Conseil général a adopté des résolutions concernant l’Argentine, condamnant la décision du gouvernement de bloquer la participation des organisations de la société civile à la réunion ministérielle de l’OMC de 2017 qui se tiendra à Buenos Aires, concernant la Côte d’Ivoire, condamnant les actions du gouvernement visant à réprimer les activités de la société civile dans le cadre du Forum des citoyens Afrique-Europe et concernant le Venezuela, soulignant l’importance des droits fondamentaux des travailleurs et du dialogue afin de parvenir à une solution démocratique à la situation actuelle.