OMC : Les Syndicats appellent à une Action sur le Coton

Les syndicats mondiaux demandent que la session de haut niveau sur le coton organisée cette semaine lors de la réunion de l’Organisation Mondiale du Commerce à Genève s’engage dans une réforme fondamentale du commerce du coton en lieu et place d’un simple rafistolage.


Bruxelles, 16 mars 2007: Les syndicats mondiaux demandent que la session de haut niveau sur le coton organisée cette semaine lors de la réunion de l’Organisation Mondiale du Commerce à Genève s’engage dans une réforme fondamentale du commerce du coton en lieu et place d’un simple rafistolage. L’objectif est d’assurer des progrès concrets afin de répondre aux besoins des pays en voie de développement producteurs de coton et de leurs travailleurs, et ainsi d’aider ces pays, principalement en Afrique, à sortir de la pauvreté. La production de coton est particulièrement importante pour un certain nombre de pays en voie de développement producteurs. Toutefois, malgré l’insertion de la question du coton sur la liste des priorités de l’OMC en 2004 et 2005, seuls quelques progrès ont été effectués dans le domaine des énormes subventions que certains pays industrialisés versent à des producteurs nationaux dans ce secteur, ces subventions ayant des conséquences désastreuses en Afrique principalement.

Bien que la réunion de l’OMC cette semaine soit censée traiter à la fois de questions, liées à la réforme commerciale et à l’aide au développement, relatives à la production de coton, les syndicats sont convaincus qu’elles doivent être traitées comme un problème de développement fondamental. L’Afrique produit actuellement quelques-uns des meilleurs cotons du monde, mais près de 97 % du coton africain sont exportés bruts et seuls 3 % sont transformés sur le continent. Les producteurs africains de vêtements doivent ensuite importer les toiles finies d’autres continents, ce qui implique des coûts supplémentaires considérables et les rend ensuite non compétitifs sur les marchés mondiaux.

Dans le même temps, les véritables problèmes, auxquels le secteur agricole, en général, est confronté, ne sont pas débattus dans le cadre du système commercial multilatéral. Bien que les revenus issus du coton soient primordiaux pour les pays en voie de développement les plus pauvres, la capacité de production alimentaire nationale a diminué à cause d’un dumping subventionné, et les institutions financières internationales ont poussé les pays en voie de développement à orienter leur agriculture vers l’exportation, au détriment des besoins domestiques. La pérennité de cette stratégie orientée vers l’export est particulièrement contestable et, aboutir à des prix équitables et des exportations de coton plus élevées ne représente qu’une seule partie d’un vaste agenda de développement. L’instabilité des prix du coton et la surtarification des facteurs de production tels que les engrais, le carburant et les produits chimiques doivent aussi faire l’objet d’une discussion. De même, la production alimentaire nationale devrait jouer un rôle central dans l’agenda stratégique de développement des pays en voie de développement, afin de les sortir de cette dépendance au coton.

De plus, les conditions de vie et de travail des travailleurs et des petits agriculteurs du secteur du coton doivent être prioritaires. Ce secteur se caractérise par de bas salaires, un taux élevé d’accidents et de maladies causées par les engrais et les pesticides, le travail des enfants et le travail forcé et des installations médicales et sanitaires en mauvais état ou inexistantes. De nombreux travailleurs migrants bénéficiant une protection sociale faible ou inexistante travaillent dans ce secteur. "Dans certains pays producteurs, les travailleurs du coton ne bénéficient même pas des Droits de l’Homme fondamentaux", a déclaré Ron Oswald, Secrétaire Général de la Fédération Syndicale Internationale UITA qui couvre le secteur agricole.

Les organisations syndicales exercent aussi une pression en faveur d’une plus grande utilisation du coton cultivé localement dans la production de textile et de vêtements dans les pays en voie de développement. "La meilleure façon de combattre la pauvreté réside dans la création d’emplois et, l’une des manières d’y arriver en Afrique est de transformer les matières premières, telles que le coton, sur le continent, en leur ajoutant de la valeur et en favorisant la croissance" a déclaré Neil Kearney, Secrétaire Général de la FITTHC, la Fédération Internationale des Travailleurs du Textile, de l’Habillement et du Cuir. "A l’heure actuelle, des pays en voie de développement font face à une situation perdant-perdant, d’un côté en étant forcés d’exporter le coton brut, mais d’un autre côté, en voyant leur développement stoppé par la production subventionnée dans le monde industrialisé. L’OMC doit prendre les rênes et se consacrer à ce problème de toute urgence avant que des dommages supplémentaires ne soient causés aux travailleurs et à leurs communautés dans les pays en voie de développement producteurs de coton.

"L’histoire du coton montre aujourd’hui le chemin qu’il reste à parcourir pour réformer les systèmes commerciaux et financiers mondiaux" a déclaré Guy Ryder, Secrétaire Général de la CSI. "Des travailleurs issus de pays comptant parmi les plus pauvres du monde supportent le poids de politiques mondiales qui effritent les économies et les communautés et qui engendrent une exploitation et des inégalités croissantes à travers le monde".

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