Guinée : La CSI exige la libération des dirigeants syndicaux arrêtés

La Confédération syndicale internationale (CSI) exige la libération immédiate et inconditionnelle des principaux dirigeants syndicaux arrêtés ce Lundi en début de soirée à Conakry.


Bruxelles, 23 janvier 2007 : La Confédération syndicale internationale (CSI) exige la libération immédiate et inconditionnelle des principaux dirigeants syndicaux arrêtés ce Lundi en début de soirée à Conakry. Selon ses sources syndicales dans la capitale guinéenne, un nombre indéterminé de dirigeants syndicaux, dont les Secrétaires généraux de ses trois organisations affiliées dans le pays, ont été arrêtés ce Lundi par les bérets rouges de la Garde présidentielle. Ces derniers, commandés selon plusieurs sources par Ousmane Conté, le propre fils du Président Lansana Conté, auraient également saccagé la Bourse du Travail, siège des syndicats guinéens, dont la construction, puis la reconstruction suite à une tornade, ont été financées en grande partie par des syndicats belges membres de la CSI.

Plusieurs dizaines de syndicalistes ont été arrêtés ce Lundi à la Bourse du Travail, dont Rabiatou Sérah Diallo, Ibrahima Fofana et Yamadou Touré, Secrétaire-généraux, respectivement, de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG), de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG) et de l’Organisation nationale des syndicats libres de Guinée (ONSLG). Plusieurs dirigeants syndicaux avaient ces derniers jours été menacés de mort personnellement et de vive voix par le Président Conté, selon des rapports détaillés fournis à la CSI.

D’autre part, la CSI exige aussi du Président Lansana Conté qu’il ordonne immédiatement aux forces de l’ordre et à l’armée l’arrêt des tirs à balles réelles contre les syndicalistes et autres civils. Au moins 23 personnes ont été tuées ce Lundi et près de 170 blessées, selon un bilan établi ce soir par l’Agence France Presse (AFP). Ces chiffres portent à 33 morts confirmés le nombre de victimes depuis le 10 janvier, date du déclenchement de la grève générale par l’Intersyndicale, soutenue par l’ensemble des syndicats et de nombreux partis d’opposition. Les syndicats protestent contre la corruption, les détournements de deniers publics et la libération, par le Président Conté en personne, de plusieurs de ses proches incarcérés dans des dossiers judiciaires. Ils exigent à présent que l’Assemblée nationale déclare la « vacance du pouvoir » et que soit nommé un gouvernement civil de transition.

Face à ces évènements d’une exceptionnelle gravité, la CSI met en garde contre les risques d’un coup d’état militaire et appelle la communauté internationale à se mobiliser d’urgence pour contribuer à une résolution urgente et pacifique de la crise. « La libération de tous les syndicalistes détenus et l’arrêt de la violence étatique sont une condition indispensable du retour au calme », selon un porte-parole de la CSI.

D’ores et déjà, la CSI est en mesure d’annoncer plusieurs démarches concrètes. A Nairobi, ou se trouve réuni le Forum social mondial, une manifestation aura lieu demain matin, Mardi 23 janvier, sous le slogan : « Démocratie et solidarité avec les travailleurs de Guinée ». Les organisations syndicales internationales et régionales présentes au Forum envisagent également une démarche auprès du Président du Kenya, Mwai Kibaki, en vue d’obtenir son intervention urgente auprès de l’Union africaine (UA) afin que soit accéléré l’envoi en Guinée d’une mission de la CEDAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). D’autres démarches sont prévues auprès des diplomates français dans la capitale kenyane.

Cette démarche sera appuyée à partir de Genève, où une délégation de la CSI devrait rencontrer ce Mardi les Ambassadeurs auprès de l’ONU de l’Union africaine, du Nigéria et du Sénégal. Les Présidents de ces deux états, Olusegun Obasanjo et. Abdoulaye Wade, respectivement, ont été pressentis par la CEDAO pour mener une mission en Guinée en vue de dégager une solution à la crise.

La CSI examine aussi les possibilités d’envoyer sa propre mission en Guinée et a renouvelé ce Lundi soir ses démarches auprès du Bureau international du Travail (BIT, Genève) afin qu’il intervienne au plus haut niveau dans ce dossier.

A Bruxelles, enfin, la CSI a pris des mesures en vue d’obtenir l’appui de ses organisations affiliées en Belgique dans une démarche officielle auprès de leur compatriote, le Commissaire européen Louis Michel.

Créée le 1er novembre 2006, la CSI représente 168 millions de travailleurs au sein de 304 organisations affiliées nationales dans 153 pays.
voir site web www.ituc-csi.org

Pour plus d’informations, veuillez contacter le Service Presse de la CSI au +32.2.224.02.10 ou au +32 477 580 486.

Lire aussi:
Guinée: La répression de la grève fait plusieurs morts et blessés