L’APEC ne répond pas aux questions les plus pressantes

Les leaders des 21 Etats membres du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) ont une fois de plus négligé les problèmes les plus graves à l’échelon régional lors de leur toute dernière rencontre à Hanoi, au Vietnam, ces 18 et 19 novembre.

CONFEDERATIONSYNDICALE INTER NATIONALE

CSI EnLigne
014/171106

L’APEC ne répond pas aux questions les plus pressantes

Bruxelles, le 21 novembre 2006 (CSI En Ligne) : Les leaders des 21 Etats membres du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) ont une fois de plus négligé les problèmes les plus graves à l’échelon régional lors de leur toute dernière rencontre à Hanoi, au Vietnam, ces 18 et 19 novembre.

« Il est déconcertant de voir à quel point les dirigeants politiques de l’APEC continuent de fermer les yeux sur les préoccupations quotidiennes des citoyens de leur région » a dit Guy Ryder, secrétaire général de la Confédération syndicale internationale (CSI). Et de poursuivre : « Qu’ils ne souscrivent qu’en paroles à des questions comme le développement durable et la cohésion sociale, cela est inacceptable. »

« Malgré la forte croissance économique de ces dernières décennies, l’absence de perspectives d’emploi décent continue de nuire à un grand nombre de pays de la région Asie-Pacifique où la majorité de la population se voit contrainte de lutter jour après jour pour survivre au hasard de l’une ou l’autre activité économique informelle. Or l’emploi et les droits des travailleurs n’apparaissent pratiquement nulle part dans l’ordre du jour sur la coopération de l’APEC. Et s’il est vaguement question d’inclusion, rien n’a jamais été fait en substance à une telle fin », a signalé Ryder.

« L’APEC a pour objectifs d’assurer la stabilité, la sécurité et la prospérité pour la région Asie-Pacifique –des objectifs louables, certes, si ce n’est qu’il se méprise sur la formule employée. Cette année, les leaders se sont même engagés à œuvrer à l’établissement d’une communauté dynamique et harmonieuse en construisant des sociétés fortes, pour le bien-être de leurs citoyens. Ils semblent convaincus que la libéralisation suffira, à elle seule, à parvenir à cette fin. C’est de la pure naïveté. En effet, si l’APEC persiste dans cette voie, il risque d’engendrer davantage de problèmes que de solutions pour les citoyens, rendant la communauté moins harmonieuse et sapant le bien-être d’une majorité de la population », a déclaré Ryder avant de conclure : « il va de soi que pour être efficace, l’APEC doit être dotée d’une dimension sociale beaucoup plus importante. »

Dans un appel lancé la semaine dernière aux leaders de l’APEC, le Réseau syndical Asie-pacifique (APLN) a enjoint à ces derniers de se servir du forum de l’APEC pour promouvoir le travail décent, établir des règles efficaces pour l’économie mondiale et renforcer la sécurité du marché de l’emploi, en veillant à la pleine participation des syndicats aux économies de l’APEC. Comme points d’action immédiats, l’APLN a appelé les leaders de l’APEC à :

1) Adopter de mesures concrètes pour promouvoir la participation des syndicats à l’APEC et approuver l’établissement d’un Forum syndical de l’APEC ;
2) Développer plus en profondeur l’analyse et les idées présentées dans l’enquête de 2006 sur les disparités économiques dans la région APEC, fruit d’une initiative de la Corée, pour augmenter la pertinence et la valeur de l’APEC aux yeux de la population de la région ;
3) Renforcer l’ordre du jour sur le Développement des ressources humaines (DRH) au sein du processus de l’APEC et organiser la prochaine Réunion ministérielle sur le DRH en pleine consultation avec les interlocuteurs sociaux ; placer l’accent sur la création d’emploi décent et productif par le recours à des Principes directeurs exhaustifs de l’APEC concernant l’emploi.
4) Promouvoir les droits fondamentaux des travailleurs au sein des systèmes d’échange multilatéraux, bilatéraux et régionaux, de même qu’au sein de l’APEC.
5) Elaborer des Principes directeurs de l’APEC pour assurer l’application en bonne et due forme de politiques non-discriminatoires relatives au sexe et aux autres formes de discrimination ;
6) Elaborer un cadre de l’APEC pour une approche basée sur les droits pour ce qui a trait aux travailleurs migrants :
7) Lancer une initiative de l’APEC pour promouvoir un cadre juridique et politique favorable à la structuration des activités économiques informelles ;
8) Elaborer un cadre de l’APEC pour encourager le dialogue social au sein des entreprises multinationales et réviser les principes d’investissement non-contraignants de l’APEC ; et
9) Entamer une initiative de l’APEC visant à l’établissement de politiques efficaces pour la promotion du travail décent et des investissements et des échanges durables plutôt que, comme c’est généralement le cas, permettre la production dans des ateliers de misère ou l’exploitation flagrante dans des ZFE, où les femmes constituent la majorité de la main-d’œuvre.

Pour accéder au texte intégral en langues anglaise et espagnole de la Déclaration de l’APLN examinée par une délégation de l’APLN préalablement à sa réunion avec l’hôte du Forum de l’APEC, le Premier ministre du Vietnam, à Hanoi, le 9 novembre 2006.

Créée le 1er novembre 2006, la CSI représente 168 millions de travailleurs au sein de 307 organisations affiliées nationales dans 154 pays.

Pour plus d’informations, veuillez contacter le Service Presse de la CISL au +32 2 224 0206.