Moyen-Orient : les droits syndicaux massivement réprimés, surtout pour les migrants

Le Moyen-Orient reste une région très hostile à l’exercice des droits syndicaux et le cas de l’Iran focalise particulièrement les inquiétudes tant la répression antisyndicale y est massivement sévère. Au-delà de progrès législatifs enregistrés dans plusieurs pays de la région, beaucoup de travailleurs/euses continuent de vivre sous la menace d’une arrestation, d’un licenciement, d’une peine d’emprisonnement, voire de violence.

Bruxelles, le 20 novembre 2008 : Le Moyen-Orient reste une région très hostile à l’exercice des droits syndicaux et le cas de l’Iran focalise particulièrement les inquiétudes tant la répression antisyndicale y est massivement sévère. Au-delà de progrès législatifs enregistrés dans plusieurs pays de la région, beaucoup de travailleurs/euses continuent de vivre sous la menace d’une arrestation, d’un licenciement, d’une peine d’emprisonnement, voire de violence. Les nombreux travailleurs/euses migrants restent privés de leurs droits les plus élémentaires, en particulier les travailleuses migrantes domestiques encore trop souvent victimes de conditions épouvantables.

Au cours des huit dernières années, plusieurs pays – Bahreïn, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite, le Yémen et les Émirats arabes unis – ont introduit des législations du travail, mais celles-ci accusent en général de graves carences. En Arabie saoudite et au Qatar, les droits syndicaux reconnus par les nouveaux codes du travail sont très limités. En revanche, à Oman, les syndicats sont reconnus, de même que le droit de grève et la négociation collective, bien qu’avec certaines restrictions.

La reconnaissance des droits du travail n’est souvent que de pure forme et les gouvernements concernés continuent à contrôler étroitement l’organisation des travailleurs/euses. C’est notamment le cas du Bahreïn, de la Jordanie, du Koweït, du Liban et du Qatar. En Jordanie, la grève est soumise à l’autorisation préalable des autorités. Au Liban, les travailleurs n’ont aucune protection contre la discrimination antisyndicale. En Syrie, les fonctionnaires qui perturbent les services publics s’exposent à des peines de travaux forcés. Une autre forme de contrôle consiste à imposer un syndicat unique, généralement sous la coupe du gouvernement, comme c’est le cas à Bahreïn, en Jordanie, au Koweït, au Qatar et en Syrie.

La plupart des pays de la région, et en particulier Bahreïn, Israël, le Koweït, la Jordanie, le Liban, Oman, le Qatar, la Syrie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ont besoin d’une main-d’œuvre migrante pour faire fonctionner leurs économies. Mais ces migrants vivent et travaillent dans des conditions très difficiles et souffrent d’un manque cruel de protection légale. Le rapport expose notamment les conditions de vie épouvantables de travailleurs parqués dans des camps au Koweït. Au Qatar, les conditions de vie et de travail dans le secteur de la construction ont coûté la vie à plusieurs travailleurs étrangers. À Oman, la police a réprimé une grève de travailleurs indiens et népalais qui protestaient contre le non-paiement de leurs salaires, bon nombre d’entre eux ayant été déportés par la suite. Aux Émirats arabes unis, le rapport révèle aussi des cas de déportation de travailleurs asiatiques qui avaient eu « l’audace » de réclamer des salaires plus élevés. Particulièrement déconsidérés, les gens de maison sont exploités de façon éhontée. En Arabie saoudite, quatre domestiques indonésiennes ont été battues au point que deux en sont mortes. La police a expulsé de force les deux autres de l’hôpital. Le rapport de la CSI note l’avancée positive de la Jordanie et du Koweït, qui ont adopté un contrat de travail standard pour le personnel domestique étranger.

La région est aussi marquée par des conflits politiques qui ont un impact négatif sur les droits syndicaux et les droits des travailleurs. Au Liban, l’opposition conduite par le Hezbollah a détourné à son profit l’appel à la grève générale lancé par la Confédération générale des travailleurs du Liban pour protester contre le programme économique du gouvernement. En Palestine, un dirigeant de la Fédération générale palestinienne des syndicats a fait l’objet de tentatives d’assassinat et une bombe a explosé dans les locaux du syndicat. En Israël, où beaucoup d’employeurs seraient en infraction avec la législation du travail, les travailleurs/euses palestinien(ne)s qui entrent dans le pays pour y chercher du travail sont discriminés.

En Irak, les syndicats sont visés par les milices et les groupes terroristes. Le président du Syndicat des employés de l’hôtellerie et du tourisme, Hassan Hamsa, a été assassiné après avoir reçu des menaces de mort d’islamistes sunnites tandis que les bureaux de la Fédération générale des travailleurs irakiens ont été mis à sac par des militaires. Le secrétaire général du Syndicat des ouvriers mécaniciens, Najim Abd-Jasem, a été enlevé et torturé à mort.

L’Iran reste le pays de la région où la répression exercée contre des syndicalistes est la plus massive et le rapport dénombre pas moins de 40 syndicalistes derrière les barreaux en 2007. Le gouvernement iranien contrôle strictement l’activité des syndicats et sévit contre les militants. La répression s’est notamment centrée sur le syndicat des enseignants. Mahmoud Salehi, du Comité de coordination pour la création d’organisations de travailleurs, a été emprisonné pour « conspiration ». Mansour Osanloo, dirigeant du syndicat des conducteurs de la compagnie d’autobus de Téhéran et de banlieue, a été enlevé, mis au secret et victime de mauvais traitements. Sa famille a également été ciblée. A l’heure de la diffusion de ce rapport, cette figure de proue du mouvement syndical est toujours détenue, privée de visite de son avocat et de sa famille, malgré son état de santé très préoccupant.


La CSI représente 168 millions de travailleuses et de travailleurs au travers de 311 organisations nationales de 155 pays et territoires.

www.youtube.com/ITUCCSI

Pour de plus amples informations, veuillez contacter le Service Presse de la CSI aux numéros suivants : +32 2 224 0204 ou au +32 476 621 018.