Colombie : 10 syndicalistes assassinés depuis le début de l’année

La Confédération syndicale internationale (CSI) est une fois de plus vivement préoccupée par la vague incessante d’assassinats, d’attentats et de menaces de mort qui déferle sur la Colombie et ce qui apparaît comme l’absence d’un engagement tangible de la part du gouvernement, qui a jusqu’à présent manqué d’ouvrir une enquête exhaustive sur les crimes presque quotidiens commis contre le mouvement syndical.

Bruxelles, le 20 mars 2008 : La Confédération syndicale internationale (CSI) est une fois de plus vivement préoccupée par la vague incessante d’assassinats, d’attentats et de menaces de mort qui déferle sur la Colombie et ce qui apparaît comme l’absence d’un engagement tangible de la part du gouvernement, qui a jusqu’à présent manqué d’ouvrir une enquête exhaustive sur les crimes presque quotidiens commis contre le mouvement syndical.
La persécution, les menaces et les agressions ciblées sur les dirigeants syndicaux créent un climat difficilement supportable. Depuis le début de l’année, 10 travailleuses et travailleurs ont déjà payé de leur vie le fait d’être syndicalistes et de lutter pour améliorer la condition de la classe ouvrière colombienne. Les syndicalistes assassiné(e)s ou menacé(e)s de morts proviennent de tous les secteurs, y compris l’enseignement, les banques et la santé, entre autres. Le 2 février, Jose Martin Duarte Acero, du syndicat SINTRAMBIENTE-CGT vaquait à ses occupations dans le Parc National La Macarena lorsqu’il été abattu d’une balle dans le dos. Il a perdu la vie quelques minutes plus tard, ayant tout juste eu le temps d’avertir sa famille par téléphone.

Rafael Boada, président du syndicat des employés des banques UNEB, section de Bucaramanga, a été victime d’une attaque armée le 7 mars. Deux individus à moto ont tiré plusieurs coups de feu dans son pare-brise. Il en est fort heureusement sorti indemne. M. Boada avait déjà fait l’objet de plusieurs menaces de mort.

A noter qu’un certain nombre de ces meurtres sont survenus à l’approche de la « Marche pour la dignité des victimes » réalisée en Colombie le 6 mars avec le soutien du mouvement syndical. Cette activité de portée nationale devait constituer un hommage et un témoignage de solidarité à l’égard de toutes les victimes de l’arbitraire et du conflit armé ; des familles des 2574 syndicalistes assassinés ; des personnes déplacées qui, dans la majorité des cas, ont été dépouillées de leurs possessions et expropriées et dont le nombre est estimé à plus de quatre millions ; des plus de 10 milles disparus ; des centaines de personnes kidnappées, ainsi que des milliers de personnes assassinées et des centaines de victimes de massacres et d’attentats sélectifs.
Dans une lettre adressée au président Uribe (ES - pdf), Guy Ryder, secrétaire général de la CSI exhorte le gouvernement colombien à ouvrir une enquête exhaustive sur la totalité des crimes qui ont été commis et lui enjoint, tout particulièrement, à déployer les dispositifs de sécurité nécessaires pour éviter que les menaces de mort ne soient exécutées. Les mêmes faits ont été communiqués au Bureau international du travail (BIT) dans le cadre d’une plainte officielle de la CSI contre le gouvernement colombien concernant les violations systématiques de la liberté syndicale.

« Il faut abolir toute persécution contre des membres des organisations syndicales, identifier les responsables, les traduire devant un tribunal compétent et impartial et leur appliquer les sanctions prévues par la loi de manière à ce que ces crimes ne demeurent pas dans l’impunité totale et que les travailleuses et travailleurs de la Colombie puissent exercer leurs droits en toute liberté, sans mettre leur vie dans la balance. »


La CSI représente 168 millions de travailleurs au sein de 311 organisations affiliées nationales dans 155 pays.

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