Trafic de main-d’œuvre de l’Inde vers les Etats-Unis

Dans une lettre adressée aux gouvernements des Etats-Unis et de l’Inde, la CSI a lancé un appel à l’action au nom d’une centaine de travailleurs indiens qui, le 10 mars 2008, ont manifesté contre les pratiques des trafiquants d’êtres humains dont ils sont devenus victimes lorsqu’ils ont été recrutés en Inde pour finir exploités dans un chantier naval à Pascagoula, dans le Mississipi.

Bruxelles, le 18 mars 2008: Dans une lettre adressée aux gouvernements des Etats-Unis et de l’Inde (EN - pdf), la CSI a lancé un appel à l’action au nom d’une centaine de travailleurs indiens qui, le 10 mars 2008, ont manifesté contre les pratiques des trafiquants d’êtres humains dont ils sont devenus victimes lorsqu’ils ont été recrutés en Inde pour finir exploités dans un chantier naval à Pascagoula, dans le Mississipi.

Les travailleurs demandent au département de la Justice des Etats-Unis d’ouvrir une enquête criminelle contre leurs trafiquants et de prendre les mesures qui s’imposent pour éviter qu’à l’avenir d’autres travailleurs et leurs familles ne deviennent les victimes de ce nouvel esclavage. Le même jour, une action aurait été engagée en justice au nom d’environ 500 ouvriers portuaires indiens. La plainte de 82 pages accuse l’entreprise de construction navale Signal International et les recruteurs étasunien et indien Malvern Burnett et Dewan Consultants de recours au travail forcé, de trafic humain, de fraude et de violations des libertés civiles à l’encontre de 500 ressortissants indiens.

Les travailleurs soutiennent qu’ils ont été les victimes d’un trafic organisé par un recruteur international entre l’Inde et la Côte du Golfe, aux Etats-Unis. Attirés par des offres de recrutement alléchantes promettant l’immigration légale et permanente aux Etats-Unis sur la base d’un contrat de travail pour les candidats et leurs familles, les travailleurs ont contracté des prêts à hauteur de 20 000 dollars pour payer les frais de recrutement. Ce n’est qu’après coup qu’ils se sont rendu compte que leur carte de séjour et leur permis de travail étaient limités à dix mois seulement, ce qui leur permettrait à peine de rembourser le prêt contracté auprès du recruteur, sans que leur familles ne puissent les retrouver aux Etats-Unis. Les travailleurs vivaient dans des camps de travail surpeuplés et isolés, étaient privés de tout moyen de transport et étaient surveillés jour et nuit par des vigiles de sécurité. D’après leurs témoignages, une déduction salariale mensuelle de 1000 dollars était effectuée pour le logement, qui consistait dans des baraquements précaires où étaient entassées jusqu’à 24 personnes. Les travailleurs ont parlé de discrimination criante et de propos racistes. En dépit de l’existence de preuves attestant de pratiques frauduleuses antérieures, les recruteurs et l’employeur ont menacé, contraint et escroqué ces travailleurs en les obligeant à payer des sommes supplémentaires. Ils ont aussi modifié les termes des contrats et forcé les travailleurs à accepter les modifications en les menaçant de détruire leurs passeports et/ou leurs visas. Une tentative organisée par un groupe de travailleurs l’année dernière pour améliorer les conditions de travail a été violemment réprimée par l’employeur, qui a enfermé les meneurs et a tenté de les faire déporter de force.

Les travailleurs bénéficient du soutien de la Low-Wage Immigrant Worker Coalition, du New Orleans Workers’ Center for Racial Justice, de l’Alliance of Guestworkers for Dignity et de l’AFL-CIO, organisation affiliée à la CSI. La CSI se joint à ces organisations pour soutenir l’appel lancé par les travailleurs qui demandent à être protégés en tant que victimes du trafic humain et exhorte l’agence fédérale responsable de l’immigration et des douanes aux Etats-Unis (Immigration and Customs Enforcement Agency) à accorder la priorité aux droits des victimes et à ne pas sanctionner ce groupe de travailleurs pour avoir exercé leurs droits légaux.


La CSI représente 168 millions de travailleurs au sein de 311 organisations affiliées nationales dans 155 pays.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter le Service Presse de la CSI au +32 2 224 0204 ou au +32 476 621 018.