Birmanie : Les multinationales étrangères ne peuvent pas prétendre avoir les mains propres

La CSI a écrit à plusieurs centaines d’entreprises dont il est confirmé ou soupçonné qu’elles entretiennent des liens commerciaux avec la Birmanie en les appelant à quitter ce pays et à « cesser leur soutien au régime despotique au pouvoir. »

« Quittez la Birmanie maintenant », avertit la CSI

Bruxelles, le 2 octobre 2007 (CSI en ligne) : La CSI a écrit à plusieurs centaines d’entreprises dont il est confirmé ou soupçonné qu’elles entretiennent des liens commerciaux avec la Birmanie en les appelant à quitter ce pays et à « cesser leur soutien au régime despotique au pouvoir. » La CSI a, par ailleurs, appelé les gouvernements à étendre leurs sanctions économiques contre la junte birmane à tous les secteurs de l’économie. Si les sociétés étrangères ont été nombreuses à avoir mis fin à leurs relations commerciales avec la Birmanie en réponse aux pressions émanant du mouvement syndical international et des organisations en défense des droits humains et de la démocratie, de nombreuses entreprises multinationales continuent néanmoins d’entretenir des relations avec la dictature militaire.

« Aucune entreprise ne peut prétendre avoir les mains propres dès lors qu’elle fait des affaires avec la Birmanie, puisque les généraux ont une part dans toutes les transactions. Depuis des années, nous appelons les entreprises à désinvestir. A présent, celles qui ont refusé de le faire se verront exposer de plein fouet à la condamnation publique du fait qu’elles soutiennent une dictature impitoyable, corrompue et sanguinaire », a déclaré Guy Ryder, secrétaire général de la CSI.

L’économie de la Birmanie est bâtie sur le dos d’une répression absolue de la force ouvrière, le recours aux travaux forcés étant toujours répandu dans ce pays, en dépit des pressions internationales appelant le régime à respecter les droits fondamentaux. L’opportunité du recours à des sanctions totales et efficaces ne laisse désormais plus le moindre doute, et toute entreprise qui refuse de quitter le pays volontairement doit à présent être contrainte de le faire par les gouvernements et les organisations internationales et régionales, y compris les Nations unies et l’Union européenne. Le mouvement syndical international et la Confédération européenne des syndicats ont, depuis de nombreuses années, exhorté l’UE à inclure les monopoles d’Etat birmans, couvrant notamment le gaz, le pétrole, l’extraction minière, les bois tropicaux et les pierres précieuses, à la liste des entreprises avec lesquelles il est interdit aux multinationales basées en Union européenne de faire des affaires.

« La réaction meurtrière de la junte birmane aux manifestations de ces derniers jours prouve jusqu’où elle est prête à aller pour maintenir son pouvoir absolu, tandis qu’elle continue à se remplir les poches aux dépens de la vaste majorité de la population, qui se voit privée de l’accès à des soins de santé adéquats, à l’instruction, à une alimentation correcte, entre autres besoins essentiels. Seule une infime minorité de privilégiés tire profit des relations commerciales de la Birmanie avec des entreprises étrangères, celle-là même qui est auteur des meurtres, des tortures et de la violence à laquelle on assiste encore à l’heure actuelle », a dit Ryder.

La CSI a établi une liste des entreprises entretenant des relations avec la Birmanie, confirmées par des preuves documentées. En tête de liste figurent plusieurs multinationales de renom international comme Caterpillar (Etats-Unis), China National Petroleum Corp. (CNPC), China National Offshore Oil Corporation (CNOOC), Daewoo International Corporation (Corée), Siemens (Allemagne), Gas Authority of India (GAIL), GlaxoSmithKline (Royaume-Uni ), Hyundai (Corée), ONGC Videsh Ltd (Inde), Swift (Belgique) et Total (France). Plusieurs centaines d’autres entreprises ont été mises en examen pour leurs liens avec la Birmanie. Les résultats de ces investigations seront publiés prochainement. La campagne syndicale se penchera de plus près sur l’aide militaire accordée à la Birmanie et examinera également de plus près le resserrement des liens économiques avec l’Inde, la Chine et d’autres pays. A ce propos, il faut noter que le volume des échanges commerciaux avec l’Inde a crû d’environ 341 millions de dollars US en 2004/2005 à 650 millions de dollars US en 2005/2006, la barre pour 2006/2007 étant d’ores et déjà fixée à 1 milliard de dollars.

« Les entreprises qui croient pouvoir continuer à prétendre que leurs affaires avec la Birmanie aident, d’une manière ou d’une autre, les citoyens birmans se trompent dangereusement. Elles s’exposeront à une pression sans précédent les obligeant à se retirer », a affirmé Ryder.

Le Comité syndical mondial sur le capital des travailleurs, réuni à Madrid cette semaine, examinera des stratégies d’actionnariat et d’investissement à l’appui de la campagne mondiale.

La CSI appelle ses organisations affiliées à se rallier aux manifestations pour la démocratie et les droits humains organisées de par le monde ce samedi.

Créée le 1er novembre 2006, la CSI représente 168 millions de travailleurs au sein de 305 organisations affiliées nationales dans 153 pays.
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