Zimbabwe : Plusieurs responsables du ZCTU agressés et écroués à la veille d’un mouvement de grève

Alors que le ZCTU entame un mouvement de grève pacifique de deux jours pour protester contre les conséquences désastreuses de l’inflation galopante (...)

Bruxelles, le 19 septembre 2007: Alors que le ZCTU entame un mouvement de grève pacifique de deux jours pour protester, au nom de ses membres, contre les conséquences désastreuses de l’inflation galopante (actuellement supérieure à 7600%), le chômage à 80% et le gel des salaires décrété récemment par le gouvernement, la répression a d’ores et déjà commencé.

Dans sa lettre au Président Mugabe (EN), la CSI a condamné sans détour l’attaque et l’arrestation de trois dirigeants du ZCTU le 17 septembre. Michael Kandukutu, organisateur national du ZCTU, Tennyson Muchepfa du National Engineering Workers’ Unions (Syndicat national des travailleurs du génie civil) et Justice Mucheni de la Fédération de l’alimentaire ont été attaqués et tabassés ce lundi vers midi dans le parc industriel de Workington, à Harare. L’attaque est intervenue alors que les syndicalistes diffusaient de l’information concernant l’action pacifique prévue ces 19 et 20 septembre. Les trois syndicalistes ont ensuite été emmenés de force par leurs ravisseurs. Le ZCTU soupçonne des membres de l’Organisation centrale d’intelligence (CIO) d’être responsables de leur enlèvement. Alors qu’il tentait d’établir ce qu’il était advenu de ses dirigeants, le ZCTU a reçu un message par téléphone portable d’un des syndicalistes l’informant qu’ils se trouvaient détenus au commissariat de police de Mbare.

La CSI a, par la suite, été informée que les trois hommes avaient été transférés au Commissariat central de Harare pour y être soumis à un interrogatoire, bien qu’aucun chef d’accusation n’eût été porté contre eux. Des avocats du ZCTU ont été dépêchés sur place mais n’avaient toujours pas pu avoir accès aux trois détenus à l’heure de rédiger ces lignes. Les trois hommes ont tout d’abord été privés de nourriture mais cette situation serait rentrée dans l’ordre par la suite.

Dans sa lettre de protestation, la CSI a mis le gouvernement en garde contre toute nouvelle répression à l’encontre du mouvement de grève pacifique et l’a exhorté, à la place, à écouter ce que les manifestants avaient à dire. On a encore frais dans la mémoire la répression brutale d’une manifestation similaire l’année dernière, qui s’était soldée par des centaines d’arrestations et lors de laquelle Wellington Chibebe, Lovemore Matombo et Lucia Matibenga, respectivement secrétaire général, président et vice-présidente du ZCTU avaient été violemment battus.

Toutefois, à peine la lettre de protestation avait-elle été expédiée que la CSI a été informée de nouvelles arrestations. Isaac Thebethebe et Charles Makozho, respectivement secrétaire régional et président du ZCTU pour la région centrale ont été interpellés dans la matinée du mardi 18 septembre et placés en détention dans la ville de Gweru, dans la province centrale de Midlands. Des avocats du ZCTU ont pu avoir accès aux deux hommes et ont entamé des démarches en vue de leur libération.

Egalement dans la matinée de mardi, cette fois à Bulawayo, c’est le président régional Reason Ngwenya et son collègue Ambrose Sibindi qui ont été interpellés. Ils ont tous deux été relâchés vers minuit. Les deux syndicalistes devaient comparaître au commissariat le lendemain matin. Leur interrogatoire était toujours en cours lors de la diffusion du présent communiqué de presse.

La nuit dernière, à Harare, le frère de Lovemore Matombo, Kenneth Matombo a été écroué en même temps qu’un vigile de la sécurité. Des policiers en civil ont pénétré par effraction dans le domicile de M. Matombo mais lorsqu’ils ont constaté que le président du ZCTU était absent, ils ont décidé d’arrêter son frère et un gardien de sécurité à la place. Les deux hommes se trouvent actuellement en détention au Commissariat central de Harare. La police a confisqué tous les téléphones portables trouvés au domicile de M. Matombo.

« Nous soutenons pleinement cet arrêt de travail pacifique » a déclaré Guy Ryder, secrétaire général de la CSI «et nous appelons le gouvernement du Zimbabwe à cesser ce harcèlement inacceptable du ZCTU. » Et d’ajouter: « Il (le gouvernement) devrait écouter le message des travailleurs et veiller au plein respect des droits humains et syndicaux internationalement reconnus. »


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