L’indice CSI des droits dans le monde indique que des menaces pèsent sur les droits des travailleurs, en dépit du soutien public à une législation du travail forte

En usant du pouvoir qu’elles exercent sur les gouvernements, les grandes entreprises tentent de mener une attaque coordonnée à l’échelon mondial contre les droits des travailleurs, y compris le droit de faire grève. C’est ce que révèle une nouvelle analyse de la Confédération syndicale internationale (CSI) présentée lors de la 103e Conférence internationale du Travail à Genève aujourd’hui.

L’indice CSI des droits dans le monde signale que bien que le droit de grève soit reconnu dans la plupart des pays, dans 87 pays au moins les lois et la pratique excluent certaines catégories de travailleurs du droit de grève.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a dit que les gouvernements agissent en faveur des grandes entreprises et non pas de leur population, laquelle soutient en revanche majoritairement les droits du travail. Le sondage d’opinion mondial 2014 de la CSI, qui mesure l’opinion publique dans 14 pays, a déterminé que 75 pour cent des personnes interrogées soutenaient le droit de grève.

« En dépit d’un fort soutien public au droit de grève, au cours des 12 derniers mois 37 pays au moins ont imposé des amendes ou même des peines de prison pour avoir mené des actions de grève légitimes et pacifiques. »

« Maintenant qu’un classement de 139 pays à partir de 97 indicateurs a été publié dans l’indice CSI des droits dans le monde et permet de mettre au jour les meilleures et les pires conditions de travail dans le monde, les gouvernements et les employeurs ne pourront plus dissimuler leurs attaques contre les droits des travailleurs », a dit Sharan Burrow.

Ce nouvel indice CSI des droits dans le monde sera présenté aux groupes des gouvernements, des employeurs et des travailleurs aujourd’hui à l’OIT. L’indice est élaboré à partir de la base de données recueillies en temps réel par la CSI pour son Rapport sur les violations, qui fait état également du niveau accru de violence qui s’abat sur les travailleurs et leurs syndicats.

  • En 2013, 1 951 syndicalistes ont subi des violences et 629 ont été détenus illégalement en raison de l’action collective qu’ils avaient menée.
  • Des dirigeants syndicaux ont été assassinés dans dix pays : le Cambodge, le Bangladesh, les Philippines, le Mexique, le Honduras, le Guatemala, la Colombie, la Mauritanie, l’Égypte et le Bénin.
  • Le pays comptant le plus grand nombre d’assassinats a été la Colombie, où 26 syndicalistes ont été tués en 2013, soit huit travailleurs assassinés de plus que l’année précédente.

« La force probante des données collectées sur les violations des droits augmente, tant lors des affaires pour lesquelles la justice est saisie qu’au sein des mécanismes de surveillance de l’OIT. »

« L’analyse juridique entreprise pour procéder au classement des pays inclut les données de l’OIT, et peut être déterminante pour les gouvernements décidant de revoir leur position, dans la loi comme dans la pratique, quant aux droits des travailleurs », a dit Sharan Burrow.

« Outre la présentation des données sur les tendances du soutien public aux droits fondamentaux du travail, les pouvoirs publics sont mis en demeure de mettre un frein au pouvoir des entreprises et d’agir dans l’intérêt des populations », a dit Sharan Burrow.

Le sondage d’opinion mondial 2014 de la CSI a révélé que :

  • 77 pour cent des personnes interrogées sont favorables à des lois qui protègent la santé et la sécurité des travailleurs.
  • 94 pour cent sont favorables à des lois qui établissent et protègent un salaire minimum décent.
  • 89 pour cent sont favorables à des lois qui donnent aux travailleurs le droit de négociation collective.
  • 88 pour cent sont favorables à des lois qui donnent aux travailleurs le droit d’adhérer à un syndicat.

Un rapport présentant les analyses régionales pour l’Afrique, les Amériques, l’Asie-Pacifique, l’Europe et l’Asie centrale, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, ainsi qu’un aperçu de 82 pays sur les 139 qui figurent dans la base de données, seront présentés aux groupes des gouvernements, des employeurs et des travailleurs à Genève.

FIN

Notes à l’intention des éditeurs

L’indice CSI des droits dans le monde présente des informations soigneusement vérifiées recueillies au cours des 12 derniers mois, dans un format qui en facilite la lecture, afin que chaque gouvernement et chaque entreprise puisse voir où se situent ses législations ou ses chaînes d’approvisionnement.

La base de données en temps réel sur les violations des droits des travailleurs dans la loi et dans la pratique de 139 pays est consultable ici

L’indice CSI des droits dans le monde note les pays à partir de 97 indicateurs, et en fonction de leur résultat global ils sont classés dans une des cinq catégories suivantes :

1 – Violations des droits sporadiques : 18 pays, dont le Danemark et l’Uruguay
2 – Violations réitérées des droits : 26 pays, dont le Japon et la Suisse
3 – Violations régulières des droits : 33 pays, dont le Chili et le Ghana
4 – Violations systématiques des droits : 30 pays, dont le Kenya et les États-Unis
5 – Les droits ne sont pas garantis : 24 pays, dont le Bélarus, le Bangladesh et le Qatar
5+ - Les droits ne sont pas garantis du fait de l’absence de l’État de droit : 8 pays, dont la République centrafricaine et la Somalie.

Rapport - Indice CSI des droits dans le monde : Les pires lieux au monde pour les travailleurs

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