L’OIT « sonne le glas de l’amiante », dit la CSI

Une déclaration émanant d’un organe des Nations unies confirmant son souhait de voir cesser l’utilisation de l’amiante de par le monde « vient sonner le glas » d’une substance qui ôte la vie à une personne toutes les cinq minutes, a déclaré la Confédération syndicale internationale.

À l’issue d’une déclaration officielle de position(1) cette semaine, l’Organisation internationale du travail (OIT) a averti que les lobbys industriels qui encouragent la vente d’amiante de par le monde doivent cesser d’affirmer qu’ils ont le soutien de l’OIT.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI a déclaré que cette déclaration de l’OIT apportait un soutien important à la campagne du groupement syndical Global Unions en faveur de l’interdiction de l’amiante à niveau mondial et d’une transition juste vers des emplois plus sûrs et meilleurs pour les travailleurs de l’amiante déplacés.

« L’OIT a confirmé qu’elle veut voir abolir l’utilisation de l’amiante de par le monde, point final », a-t-elle déclaré.

« Venant immédiatement à la suite d’appels émanant d’organisations scientifiques(2), médicales(3) et de la santé professionnelle(4) en faveur d’une interdiction mondiale de l’utilisation de l’amiante », ceci sonne le glas de la fibre mortelle et porte un coup décisif aux colporteurs de l’amiante. »

La déclaration de l’OIT tombe à un moment où l’industrie de l’amiante met les bouchées doubles pour étendre la production et la vente de l’amiante chrysotile (blanc). A l’exception du chrysotile, toutes les autres formes d’amiante sont déjà prohibées de par le monde.

Le lobby industriel Chrysotile Institute, leader de la promotion de l’exportation d’amiante à niveau mondial, cite systématiquement des documents du BIT en affirmant que ceux-ci soutiennent ses arguments en faveur de l’utilisation continue de l’amiante.

Déconcertée par l’utilisation abusive répétée de son nom par l’industrie, l’Organisation internationale du travail basée à Genève a publié une déclaration de position qui met en exergue l’engagement de l’agence onusienne pour « la promotion de l’élimination de l’utilisation future de toutes les formes d’amiante et de matériaux contenant de l’amiante. »

Le sujet a causé une nouvelle polémique au cours des derniers mois suite aux tentatives du Chrysotile Institute d’obtenir des fonds publics et privés en vue d’une expansion considérable de la production d’amiante au Québec, Canada.

Sharan Burrow a dit que la déclaration de position de l’OIT pourrait avoir des « conséquences salvatrices, des lors qu’elle vient étayer l’argument syndical en faveur d’une interdiction totale de l’amiante. »

À l’occasion du Congrès mondial de la CSI en juin 2010, à Vancouver, les délégués sont convenus de faire pression en faveur d’une « interdiction totale de l’utilisation et de la commercialisation de l’amiante à niveau mondial. À ce titre, le Congrès, réuni au Canada, lance un appel spécial au gouvernement du Canada pour qu’il adhère à une interdiction totale de l’amiante à niveau mondial. »(5)

Ce n’est pas pour autant que les travailleurs de l’amiante doivent être mis au rebut. D’après Sharan Burrow : « Mettre fin à l’utilisation de l’amiante est crucial mais ne représente qu’une partie seulement de l’équation. C’est pourquoi la CSI poursuit une politique de transition juste et équitable, en remplaçant des emplois néfastes et létaux par des alternatives plus sûres.

« Nous ne voulons pas que les travailleurs de l’amiante se retrouvent à la rue. Nous voulons les voir occuper de bons postes, des postes syndiqués qui ne vont pas leur coûter la vie. L’amiante est une industrie moribonde – nous devons la reléguer à l’histoire et passer à des emplois décents et verts où l’on travaille plutôt qu’on ne meurt pour gagner sa vie. »

Fiona Murie, directrice santé et sécurité de la Fédération internationale des ouvriers du bâtiment et du bois (IBB), dont les membres sont les premiers concernés par l’exposition à l’amiante, a averti que pendant que l’industrie tirait profit de l’utilisation de l’amiante, les travailleurs, eux, payaient de leur vie.

« D’après les dernières estimations de l’Organisation mondiale de la santé, l’amiante provoque déjà 107.000 morts par an »(6), signale-t-elle. « Même une estimation prudente comme celle-là signifie qu’une personne meurt toutes les cinq minutes, à chaque heure de la journée, d’une maladie liée à l’amiante. »

L’experte en santé et sécurité de la fédération syndicale internationale du bâtiment se félicite de la déclaration de l’OIT. « Cela confirme ce que l’industrie a en réalité toujours su – que l’OIT, au même titre que des organisations scientifiques et médicales de renom à l’échelle internationale, s’oppose à l’utilisation continue d’une fibre qui tue, au bas mot, 300 personnes chaque jour.

« L’industrie de l’amiante, aidée et encouragée par les gouvernements du Canada et du Québec, doit désormais renoncer, une fois pour toutes, à son subterfuge inhumain et cynique concernant l’amiante et accepter que personne, y compris l’OIT, ne veut de son produit létal. »

Note aux rédacteurs

1. La position de l’OIT concernant la sécurité dans l’utilisation de l’amiante , BIT, septembre 2010 (6)

2. Lettre de plus de 100 chercheurs scientifiques adressée au Premier ministre du Québec , Jean Charest, 28 janvier 2010.

3. Amir Attaran, David R Boyd et Matthew B Stanbrook. Asbestos mortality : a Canadian export , Canadian Medical Association Journal, volume 179, pages 871-872, 2008.
Ban production, use and export of asbestos , CMA tells governments, Canadian Medical Association (CMA) news release, 20 juillet 2010.
A worn-Out welcome : Renewed call for a global ban on asbestos , Rebecca Clay Haynes, Environmental Health Perspectives, volume, 118, pages a298-a303, online 1er juillet 2010. doi:10.1289/ehp.118-a298

4. Repeat Call for a Ban on Asbestos , Collegium Ramazzini, 20 avril 2010.

5. Résolution : Élargir la protection sociale et garantir une bonne santé et sécurité au travail, Congrès CSI, Vancouver, 21-25 juin 2010.

6. Amiante : éliminer les maladies liées à l’amiante Organisation mondiale de la santé (OMS) Aide-mémoire Nº.343, OMS, juillet 2010.

Informations complémentaires

Pour plus d’informations concernant l’usage abusif que fait l’industrie de l’amiante du nom du BIT pour étayer son argument à l’appui de l’utilisation de l’amiante, voir ITUC/Hazards green jobs, safe jobs blog

Pour plus d’informations, prière de contacter le Service Presse de la CSI au +32 2 224 02 04 ou au + 32 476 62 10 18