Nouveau rapport de la Confédération syndicale internationale (CSI) : Le rapport « Le Qatar : un cas difficile à défendre » provoque la colère du comité d’organisation local de la Coupe du monde.

À quelques jours de la réunion du Comité exécutif de la FIFA qui s’ouvre à Zurich le jeudi 20 mars prochain, un nouveau rapport de la Confédération syndicale internationale (CSI) montre jusqu’où le Qatar est prêt à aller pour priver les travailleurs de leurs droits.

Le Comité exécutif examinera une enquête de la FIFA sur des irrégularités en matière de droits des travailleurs au Qatar, suite à la publication d’un rapport de la CSI où il était estimé qu’au moins 4000 travailleurs pourraient perdre la vie avant le coup d’envoi du Mondial de 2022.

Ils aborderont la question des travailleurs migrants au Qatar et les initiatives que la FIFA pourrait prendre figureront à l’ordre du jour du Comité exécutif, les 20 et 21 mars prochains.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a indiqué que le gouvernement du Qatar n’assume aucune responsabilité pour les travailleurs et que sa réponse aux critiques de l’opinion publique internationale se limite à un exercice de relations publiques.

Durant une visite au chantier du stade d’Al Wakrah, au Qatar, la secrétaire générale de la CSI a vu 38 travailleurs vivant dans des conditions inhumaines, avec des matelas posés à même le sol dans des espaces aménagés sous les gradins ou les sièges du stade. Ils provenaient de l’Inde, du Népal et de la Thaïlande.

En réaction aux preuves photographiques fournies par la CSI des conditions de travail dans le stade d’Al Wakrah, la FIFA a qualifié la situation au Qatar de « complexe ».
Le Comité suprême, qui est chargé de la construction des 585.000 m2 de l’enceinte du stade d’Al Wakrah, a décliné toute responsabilité vis-à-vis des ouvriers, affirmant qu’ils n’étaient pas couverts par les Normes du Comité suprême relatives au bien-être des travailleurs, élaborées pour apaiser le malaise international face à l’exploitation des travailleurs dans le pays.

« Nous sommes contents d’apprendre que ces ouvriers seront relogés, suite à la visite de la CSI, qui a dénoncé leur situation et alerté la FIFA. Il est toutefois regrettable que « l’inspection satisfaisante » réalisée en janvier par le Comité suprême n’ait pas détecté ces travailleurs.

Que la communauté sportive du Qatar ait pu trouver normal de loger des ouvriers dans de telles conditions sur le stade d’Al Wakrah nous semble tout à fait consternant » a ajouté Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.

« Le Qatar doit changer. La FIFA peut faire la différence en incluant l’abolition de la kafala et le respect des règles internationales du travail aux conditions d’éligibilité du Qatar en tant que pays hôte de la Coupe du monde de 2022.

Si la FIFA demande au Qatar d’abolir la kafala et de respecter les droits fondamentaux internationaux, ce sera chose faite », a déclaré Sharan Burrow.

Le rapport « Le Qatar : un cas difficile à défendre » évoque le système défaillant qui encadre les travailleurs au Qatar et comment le Qatar échoue au test du droit international. Il livre en outre de nouvelles preuves de conditions de travail abusives, notamment :

-  Dans les camps où ils sont logés, les travailleurs cuisinent et se lavent avec de l’eau saumâtre ;
-  Les employeurs exigent le paiement d’une caution de 275 dollars US des travailleurs en échange de l’autorisation de quitter le pays durant les congés ;
-  Chaque année, plus de 2500 employées de maison indonésiennes fuient leur employeurs abusifs ;
-  Les ouvriers vivent dans des conditions inhumaines dans le stade d’Al Wakrah .

La FIFA a le pouvoir de soumettre le droit d’organisation de la Coupe du monde à des conditions qui contribuent à amorcer un changement. La CSI a écrit à la FIFA et aux autorités qataries pour leur demander :

-  La fin du système de kafala et le droit des travailleurs à une représentation collective à travers la liberté syndicale ;
-  Le recours à des agences de recrutement éthiques ;
-  Un salaire minimum non discriminatoire et
-  Un dispositif de vérification diligent et indépendant, assorti d’un pouvoir de sanctions approprié.