Déclaration pour la Journée des droits de l’homme

En 1950, l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé que l’on célébrerait la Journée des droits de l’homme tous les ans le 10 décembre pour sensibiliser le public à la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Pour le mouvement syndical, toute l’importance de cette déclaration réside dans son article 23 qui précise :

(1) Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage.

(2) Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal.

(3) Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s’il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale.

(4) Toute personne a le droit de fonder avec d’autres des syndicats et de s’affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.

Malheureusement, en 2013, le droit fondamental d’adhérer à un syndicat de son choix a été attaqué de toutes parts, partout sur le globe.

C’est ainsi que, plus tôt dans l’année, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon a décidé non sans surprise de supprimer le droit des syndicats représentant le personnel de l’organisation de négocier collectivement. Les Nations Unies, chargées de promouvoir les droits de la personne dans le monde entier, ont donc tourné le dos à l’un des droits fondamentaux défendus par leur propre institution spécialisée, l’Organisation internationale du Travail (OIT). Le personnel des Nations Unies occupe souvent des postes difficiles et dangereux dans le monde, et perdre la possibilité de s’exprimer collectivement à la table des négociations pourrait avoir d’importantes répercussions.

En Europe, les États Membres ont tenté de réduire au maximum les coûts du travail en supprimant des législations nationales la liberté syndicale et la négociation collective qui avaient été obtenues au prix de décennies de lutte et de dialogue social. Cette situation a mené à une diminution spectaculaire de la portée des conventions collectives et, naturellement, des salaires. Pourtant, malgré ces mesures, ces économies ne se sont pas améliorées et le chômage reste particulièrement élevé. Dans certains cas, ces réformes étaient le résultat direct de conditions de prêt imposées par la Troïka - le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne. Des instances internationales et régionales, comme l’OIT et le Comité européen des droits sociaux, n’ont eu de cesse de répéter que ces mesures étaient en infraction des droits fondamentaux au travail. La situation des droits syndicaux s’est détériorée au Bélarus malgré la pression internationale constante et le 25 novembre, l’Union européenne a évidemment prolongé ses sanctions à son égard pour une année supplémentaire.

En Corée, en seulement quelques mois depuis son accession au pouvoir, la présidente Park s’en est prise au mouvement syndical coréen en supprimant l’inscription du plus grand syndicat d’enseignants et de travailleurs de l’éducation, et en refusant une fois de plus d’inscrire le syndicat des agents du gouvernement. Le gouvernement a d’ailleurs saisi ses ordinateurs pour des motifs spécieux et a promis une forte répression au syndicat des cheminots s’il poursuivait une grève qu’il menait pour protester contre la privatisation dans le secteur ferroviaire. La violence contre les syndicalistes a refait sérieusement surface aux Philippines où trois militants syndicaux ont été assassinés en 2013. Les îles Fidji, qui ont récemment adopté une constitution qui accorde l’immunité totale au gouvernement militaire, continuent de défier la communauté internationale en refusant que l’OIT mène une enquête à propos d’infractions fréquentes de la liberté syndicale.

En septembre, la CSI a mis en place un Groupe mondial d’enquêteurs au Swaziland pour recueillir les témoignages de travailleuses et de travailleurs à propos de leurs conditions de travail dans le pays. Les forces de l’ordre ont arrêté des dirigeants syndicaux et des enquêteurs (dont Jay Naidoo) et ont empêché les auditions de se poursuivre. Tout au long de l’année, des militants syndicaux ont été menacés et arrêtés.

Au Guatemala, le pays actuellement le plus dangereux du monde pour les syndicalistes, les pressions de haut niveau de la part du mouvement syndical international, de l’OIT et du gouvernement des États-Unis ont forcé les autorités à adopter des plans d’action pour en finir avec les infractions répétées des droits des travailleurs. Toutefois, malgré les promesses, peu semble avoir été fait pour améliorer effectivement la situation et la main-d’œuvre subit toujours de graves infractions de ses droits humains, comme des menaces de mort et des meurtres. De la même façon, les plans d’action adoptés en Colombie, y compris avec les États-Unis, ont permis quelques modifications dans la législation, mais des infractions graves, dont des assassinats, continuent de se produire.

Aujourd’hui, 21 millions de personnes sont victimes du travail forcé. Ce chiffre n’a jamais été aussi élevé. Il est urgent de remédier à ce fléau de l’esclavage moderne en adoptant de nouvelles règles internationales contraignantes qui restaurent la protection des travailleuses et des travailleurs. Kafala, le système de recrutement des travailleurs migrants dans le Golfe, est à l’origine de l’exploitation de nombreux de travailleurs migrants au Qatar - dont le chiffre total s’élève à environ 1,5 million de personnes. Même si l’attention internationale est aujourd’hui braquée sur le pays, le gouvernement n’a toujours pas adopté de nombreuses réformes légales et pratiques pour veiller au respect des droits de la main-d’œuvre, dont l’annulation de l’interdiction pour les migrants de former un syndicat ou d’y adhérer.