Dialogue de Madrid : les emplois verts et décents, la protection sociale et la taxe sur les transactions financières doivent être à l’ordre du jour de la Conférence RIO+20

Les leaders syndicaux internationaux qui rencontrent aujourd’hui à Madrid les membres du Panel des Nations Unies sur la Durabilité et des représentants d’entreprises et d’ONG demandent des mesures ambitieuses et décisives en matière de changement climatique à l’approche du Sommet sur le climat qui se tiendra à Durban à la fin de cette année et de la Conférence « RIO+20 » qui se tiendra en 2012. Les propositions syndicales sont articulées autour d’une taxe sur les transactions financières, d’un socle universel de protection sociale, de la multiplication par deux du nombre d’emplois décents et verts et de la garantie d’une transition juste vers un avenir plus respectueux de l’environnement.

« Ce dialogue est la première étape de la mobilisation du mouvement syndical à l’approche de la Conférence Rio+20 », a déclaré Sharan Burrow, Secrétaire générale de la CSI. « Nous partageons, avec les membres de ce Panel, la responsabilité de s’assurer que la Conférence de Rio donnera naissance à des mesures qui réduiront les inégalités, créeront des emplois décents, sauveront le climat et protégeront l’environnement. »

« Le modèle économique actuel nous mène tout droit vers de nouvelles crises, le chômage et la dégradation de l’environnement », a déclaré Zwelizima Vavi, Secrétaire général du COSATU (Congrès des syndicats sud-africains). « Si nous souhaitons sérieusement résoudre la question de la vulnérabilité des travailleurs et des communautés pauvres, Rio+20 doit signer la fin des engagements sporadiques et donner naissance à un socle universel de protection sociale qui permettra à chacun de vivre dignement. Les négociations climatiques de Durban doivent encourager les efforts visant à protéger les plus pauvres d’un point de vue climatique avec une ambition affichée en termes de réduction des émissions et de financement de la lutte contre le changement climatique. »

Lors de la réunion de Madrid, organisée par Sustainlabour, les leaders syndicaux rencontrent les « sherpas » du Panel des Nations Unies sur la Durabilité, les PDG d’Oxfam, des Amis de la Terre, de Greenpeace, du Conseil mondial de l’énergie éolienne (ou Global Wind Energy Council), d’agences des Nations Unies telles que l’OIT et le PNUE.

Voici des déclarations des leaders syndicaux présents à Madrid :

« Les travailleurs brésiliens et ceux du monde entier participeront activement aux préparatifs du Sommet qui se tiendra au Brésil, a déclaré Arthur Henrique, Président de CUT-Brésil. « Même si nous pouvions garantir que nos gouvernements nationaux s’engagent en faveur de la prospérité, de l’égalité et de la protection de l’environnement, cela ne suffit pas à garantir un développement durable : nous devons transformer le paradigme du développement et de la croissance et cela n’est possible qu’à l’échelle mondiale, ce sommet est donc l’occasion rêvée ».
« Si on regarde la situation actuelle au Royaume-Uni et en Europe, on peut voir que l’assainissement des finances publiques est utilisé pour mettre en place des systèmes d’imposition de plus en plus inégaux et pour procéder à une dégradation des services publics, a déclaré Frances O’Grady, Secrétaire générale adjointe de la confédération britannique des syndicats TUC (Trade Union Congress). « Rio+20 peut faire toute la différence sur le chemin menant à une nouvelle politique d’imposition équitable et respectueuse de l’environnement, notamment à l’échelle mondiale, grâce à la création d’une taxe sur les transactions financières ou taxe Robin des Bois qui pourrait financer la transition vers une économie verte ».

« Une économie verte basée sur les droits, les principes de durabilité et l’emploi décent peut permettre de relever les défis de nos sociétés, a déclaré Ambet Yuson, Secrétaire général de l’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB). « Nous avons besoin que les investissements permettant de créer ces emplois soient faits et nous avons besoin de réglementations pour garantir qu’ils constituent le premier pas vers la transformation de nos sociétés. Une transition juste, comme celle demandée par les syndicats, doit être fondée sur la transformation de tous les emplois en emplois durables et les travailleurs de tous les secteurs, y compris le bâtiment et la sylviculture, les soutiendront. »

« Le Panel des Nations Unies a insisté sur le fait que les recommandations des leaders syndicaux étaient nécessaires à la création d’un monde durable et nous sommes ravis de participer à ce dialogue. L’intégration des propositions concrètes ci-dessus aux travaux du Panel influenceront la capacité du Sommet Rio+20 à imaginer des solutions « sortant des sentiers battus » a déclaré Laura Martin, Directrice de Sustainlabour, organisation à l’origine du Dialogue de Madrid. « Nous maintiendrons notre engagement en faveur de ce processus et feront tout notre possible pour garantir que la voix des syndicats est entendue et écoutée d’ici les conférences de Durban et de Rio+20. »