Déclaration CSI/CSA sur le Venezuela

La CSI et son organisation régionale pour les Amériques, la Confédération syndicale des travailleuses et travailleurs des Amériques (CSA), ont une fois de plus exprimé leur profonde inquiétude face à la situation que traverse le Venezuela, où des affrontements violents entraînent des pertes de plus en plus importantes pour le pays et sa population, notamment en termes de vies humaines, de blessés, de détentions, de destruction de l’infrastructure, entre autres préjudices.

Nous avons assisté, au cours des trois derniers mois, à une recrudescence de la violence politique qui vient exacerber la situation de crise aiguë que traverse le pays. Le bilan provisoire fait état d’une centaine de morts résultant de diverses situations de violence (personnes abattues lors de fusillades, brûlées vives, égorgées, mortes à l’issue de pillages ou tuées sur les barricades). Parmi les morts figurent des partisans du gouvernement ainsi que de l’opposition mais aussi, dans une majorité des cas, des personnes sans liens avec les manifestations et qui ne s’identifiaient aucunement avec les affrontements politiques dans lesquels le pays a été entraîné. Les victimes sont majoritairement des jeunes, des travailleurs et des étudiants, des fonctionnaires publics et des membres des forces de sécurité de l’État. Quant aux auteurs des violences, il s’agit notamment des forces de sécurité de l’État – la police et la Garde nationale bolivarienne – et de groupes de citoyens en armes alliés de l’opposition au gouvernement. Il est nécessaire de faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles sont survenus ces incidents et établir, dans chaque cas, les responsabilités juridiques et pénales. Ces morts ne doivent sous aucune circonstance être exploitées à des fins politiques.

Le secrétaire général de la CSA, Victor Baez, a déclaré : « Nous condamnons tout recours à la violence aux fins de régler des différences politiques dans le cadre d’un régime démocratique ». « L’État vénézuélien a l’obligation de garantir à ses citoyens le droit à la vie, de même que le libre exercice de leurs droits civils et politiques, y compris le droit à la manifestation pacifique. D’autre part, il incombe aux acteurs politiques de l’opposition d’utiliser leurs droits démocratiques de manière responsable, de s’abstenir de prôner des procédés anticonstitutionnels pour parvenir à leurs fins et de condamner explicitement le recours à la violence. Aucun projet politique réellement démocratique ne pourra être légitimé sur la base de l’imposition violente. » Le gouvernement vénézuélien et ses institutions publiques doivent intervenir pour contrôler la violence, quelle qu’en soit l’origine, aux fins de protéger les citoyens, ainsi que l’infrastructure de services publics du pays. Il relève du devoir de l’État d’identifier et de sanctionner les fonctionnaires des services de sécurité impliqués dans des actes qui constituent des atteintes aux droits humains. Les citoyens instigateurs de violences ayant occasionné des morts, des blessés et la destruction d’infrastructures publiques ou privées devront, eux aussi, être amenés à répondre de leurs actes.

La majorité du peuple du Venezuela – travailleuses et travailleurs, hommes et femmes de différentes convictions idéologiques – attendent des acteurs politiques, tant du gouvernement que de l’opposition, qu’ils agissent dans le plein respect des principes démocratiques et appellent au désamorçage du discours de haine et de violence, pour préserver et renforcer la démocratie et ses institutions. Il ne sera possible de faire face aux nécessités économiques et sociales et aux graves problèmes de la population que si tous les secteurs de la société – tant le public que le privé, le gouvernement et l’opposition – se montrent disposés à contribuer au rétablissement de la paix et de la stabilité dans le pays.

La secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow, a déclaré : « Le mouvement syndical international représenté par la CSI et la CSA demande qu’il soit mis fin à la crise politique au Venezuela. Il demande un engagement en faveur d’un dialogue réel entre le gouvernement et l’opposition démocratique, une garantie de respect à l’égard des adversaires politiques et la reconnaissance de la nécessité de négociations entre les différents camps pour dégager une solution indispensable pour le pays. Ce processus devra être mené par les citoyens du Venezuela (hommes et femmes) et leurs institutions et organisations politiques et sociales, y compris les syndicats, dans le stricte respect de la Constitution et des lois actuellement en vigueur. »

Il est du devoir de la communauté internationale et des institutions régionales et mondiales de soutenir ce processus au Venezuela, en s’abstenant de tous dictats ou ingérences susceptibles de compromettre la réconciliation et la paix entre ses habitants. Le mouvement syndical international est engagé en faveur de la recherche d’une issue à la confrontation en cours et la restauration de la dynamique sociale et politique dans un climat de paix. C’est ce que l’ensemble du peuple vénézuélien mérite et que la communauté internationale espère.