Emplois, salaires, réfugiés et droits des travailleurs des chaînes d’approvisionnement au sommet de l’ordre du jour des ministres du Travail du G20 : Les leaders du G20 appelés à monter aux créneaux

Le Labour 20 (L20) a salué les engagements pris par les ministres du Travail du G20 réunis la semaine dernière à Bad Neuenahr, d’assainir les pratiques au niveau des chaînes d’approvisionnement des entreprises multinationales, de garantir des salaires de subsistance et d’intégrer les migrants, les femmes, les réfugiés et les jeunes dans le marché du travail.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a déclaré : « Les marchés du travail doivent œuvrer dans l’intérêt des travailleurs et la Déclaration ministérielle jette les bases d’une économie mondiale qui agit dans l’intérêt de tous. Les chaînes d’approvisionnement mondiales sont basées sur une logique de bas salaires, d’emplois précaires et de conditions de travail dangereuses, caractérisée par un recours croissant au travail informel et à l’esclavage moderne. Nous voudrions voir tous les pays rendre obligatoire le respect des Principes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, avec une diligence raisonnable et des procédures de plainte qui garantissent des réparations contre l’exploitation pour les millions de travailleurs dont les multinationales dépendent pour leur production et leurs services. »

« La législation française qui vise à rendre les entreprises responsables pour le traitement des travailleurs de leurs chaînes d’approvisionnement et le Dutch Compact ou « pacte néerlandais », aux Pays-Bas, sont des exemples d’actions affirmatives entreprises en ce sens par des gouvernements nationaux. Le mécanisme de plainte non juridictionnel des Principes directeurs de l’OCDE doit être renforcé à l’aide de conséquences pour les entreprises qui rejettent la médiation et un salaire minimum vital doit être instauré dans chaque pays en tant que socle minimum permettant aux familles de vivre dignement », a-t-elle ajouté.

La mondialisation agit au détriment du peuple. C’est ce qui ressort du Sondage d’opinion mondial de la CSI où 80 des personnes interrogées ont affirmé que le système économique mondial favorise les riches au lieu d’être équitable pour la majorité et où 85% des répondants sont d’avis qu’il est grand temps de réécrire les règles de l’économie globale.

La déclaration des ministres du Travail des pays du G20, qui sont à l’origine de 80% des échanges commerciaux mondiaux, selon laquelle les violations des droits de l’homme et des travailleurs ne font pas partie intégrante de la concurrence entre les entreprises parties au commerce mondial, vient souligner la nécessité de mettre un terme au système d’arbitrage du travail dans les chaînes d’approvisionnement.

« La mondialisation est mise à mal parce que les travailleurs du monde entier sont mis à mal. Les leaders du G20 doivent appuyer les engagements visant à éradiquer l’exploitation de la concurrence et à rendre obligatoire la diligence raisonnable pour les entreprises transnationales. Ce n’est qu’ainsi qu’on verra la mondialisation agir pour le bien de tous les travailleurs », a déclaré madame Burrow.

John Evans, secrétaire général de la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE a salué le fait que les ministres reconnaissent que les droits des travailleurs incluent la nécessité de protéger la négociation collective dans le cadre des nouvelles relations d’emploi propres à l’économie numérique.

« Nous devons assurer pour l’Avenir du travail que la valeur du travail ne soit pas sacrifiée. Nous nous trouvons confrontés, dans l’économie réelle, à des problèmes persistants qui réclament des solutions urgentes, y compris des écarts salariaux abyssaux depuis la crise de 2008 et des niveaux d’inégalité salariale croissants, alors que 60% des travailleurs de par le monde exercent des emplois atypiques. Le G20 doit prendre des dispositions dès à présent pour assurer que l’économie du futur, à dominante numérique, se construise sur la base d’emplois de qualité, d’une protection sociale universelle et de programmes de formation effectifs s’adressant à tous les catégories d’âge et sociales. À l’heure actuelle, une partie des entreprises de l’économie dite du partage ignore les normes internationales du travail et les relations d’emploi. Aussi, les gouvernements sont-ils appelés à intervenir à ce niveau à l’aide de mesures régulatoires, afin de mettre un frein à des pratiques qui dépendent d’un affaiblissement des coûts de la main-d’œuvre et d’une augmentation du nombre d’emplois précaires », a-t-il ajouté.

Les ministres du Travail du G20 ont pris des engagements pour :
Assainir les pratiques dans les chaînes d’approvisionnement mondiales :
-  Nous réaffirmons notre adhésion aux principes directeurs et aux cadres internationaux tels que les Principes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme (Principes directeurs de l’ONU). (Paragraphe 22)
-  Nous encouragerons les initiatives visant à améliorer la santé et la sécurité au travail à travers l’ensemble des chaînes d’approvisionnement mondiales. (Paragraphe 25)
-  Nous insistons sur le fait que les salaires devraient prendre en compte les besoins des travailleurs et de leurs familles, le coût de la vie et les facteurs économiques. À cet égard, la législation sur le salaire minimum et la négociation collective, en particulier, est à même de fixer des socles de revenu minimum vital afin de réduire l’inégalité de revenus, d’éliminer les salaires de misère et d’accomplir une croissance salariale durable. (Paragraphe 27)
-  Nous soulignons l’importance d’une garantie d’accès à des réparations. (Paragraphe 28)

Éradiquer l’esclavage moderne et le travail forcé :
-  Nous nous engageons également à prendre des mesures immédiates et effectives, telles que préconisées par l’ODD 8.7, à la fois au niveau de nos pays et au niveau international, en vue de l’éradication de l’esclavage moderne, du travail forcé et de la traite des êtres humains, ainsi que de l’abolition du travail des enfants sous toutes ses formes à l’horizon 2025. (Paragraphe 23)

Droits fondamentaux au travail :
-  L’inclusion des principes et droits fondamentaux au travail et des conditions de travail décentes dans les accords commerciaux. (Paragraphe 24 b)

Salaires décents :
-  Nous insistons sur le fait que les salaires devraient prendre en compte les besoins des travailleurs et de leurs familles, le coût de la vie et les facteurs économiques. À cet égard, la législation sur le salaire minimum et la négociation collective, en particulier, est à même de fixer des socles de revenu minimum vital, pour réduire l’inégalité de revenus, éliminer les salaires de misère et accomplir une croissance salariale durable. (Paragraphe 26)

L’avenir du travail :
-  Les priorités sur l’avenir du travail visant (ii) la promotion d’une protection sociale et d’une couverture sociale adéquates pour tous les travailleurs et (iii) le respect des principes et droits fondamentaux au travail constituent une base pour le dialogue sociale et la négociation collective dans un monde du travail en transformation. (Annexe)

Les leaders du G20 réunis à l’occasion de la Conférence de Hambourg en juillet sont appelés à appuyer les engagements des ministres du Travail et à mettre en œuvre les plans d’action nationaux sur la diligence raisonnable et les procédures de plainte visant la réparation des atteintes aux droits des travailleurs dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, conformément aux Principes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme.