Chaînes de production, travail forcé et action sur le climat au sommet de l’Agenda CSI 2015

La lutte contre l’exploitation dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, la campagne contre l’esclavage moderne et l’action pour la transformation industrielle et la réduction des émissions de carbone seront les « fers de lance » de l’action de la CSI en 2015, comme convenu à l’occasion de la réunion annuelle du Conseil général de la CSI qui s’est clôturée ce 18 décembre à Bruxelles.

« Notre programme de travail pour la nouvelle année est ambitieux et s’inscrit dans la continuité de notre agenda Renforcer le pouvoir des travailleurs que nous avons exposé lors de notre Congrès à Berlin, en mai dernier », a déclaré la secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow. « L’ampleur de l’exploitation dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, l’acceptation de l’esclavage moderne dans l’économie mondiale et l’échec systématique des gouvernements et d’une grande partie de l’industrie à faire face à la réalité du changement climatique destructif figureront au cœur d’un agenda ambitieux de la CSI pour l’année à venir.

En collaboration avec nos affiliés nationaux, nos structures régionales, nos partenaires des fédérations syndicales internationales et en alliance avec d’autres, nous allons tenir les gouvernements et les employeurs responsables des violations des droits des travailleurs à chaque fois qu’elles surviendront et partout où elles surviendront. Les défis sont de taille et nous sommes prêts à les surmonter en tant que mouvement syndical internationale uni et déterminé. »

Une Résolution a été adoptée en défense du droit de grève que les employeurs tentent à présent de torpiller à l’OIT et qui inclut un engagement pour une action mondiale, le 18 février, de même que des stratégies visant à intensifier l’action en défense des droits des travailleurs, plus particulièrement dans une liste de « pays à risque » ciblés. Une Résolution de la CSI concernant les Risques mondiaux attire l’attention sur la contraction de l’espace démocratique et la résurgence des sentiments nationalistes et extrémistes, préparant le terrain pour une action plus large autour des zones de conflit, des attaques contre la démocratie et de la lutte contre la xénophobie et le populisme politique. La défense des droits des travailleurs migrants a figuré au premier plan des délibérations du Conseil, à l’heure où le monde s’affronte à la pire crise de réfugiés des 70 dernières années. La CSI a adopté une Déclaration pour son affilié pakistanais PWF où elle condamne l’attentat terroriste sanglant perpétré dans une école de Peshawar, qui a fait 150 morts.

Les débats du Conseil général sur la dégradation du climat économique mondial, où un accent particulier a été mis sur la nécessité pour les gouvernements et institutions internationales de mettre fin aux politiques d’austérité destructives et de lutter contre le chômage et l’inégalité, ont débouché sur un programme de plaidoyer et de campagne clair en faveur de la justice sociale et économique pour l’année à venir. Ceci est aussi reflété dans les engagements pris par la CSI pour orienter le programme de développement de l’ONU pour l’après-2015.

Des plans ont été adoptés pour accélérer et approfondir les activités de l’Académie d’organisation de la CSI suite à la participation de 350 formateurs en 2014.
Le Conseil a aussi salué l’adoption par le Comité international olympique de critères relatifs aux normes du travail pour les villes candidates aux Jeux olympiques ; des discussions entre le CIO, la CSI et les Fédérations syndicales internationales (FSI) portant sur la mise en œuvre sont prévues début 2015.

« Cette démarche encourageante du CIO est en net contraste avec le refus de la FIFA de prendre des dispositions effectives contre le recours à l’esclavage moderne dans la construction de l’infrastructure de la Coupe du monde de Qatar 2022 et la décision consternante de la Fédération internationale des associations d’athlétisme (IAAF) d’organiser les championnats d’athlétisme de 2017 au Qatar après obtention d’une enveloppe d’incitation de 30 millions d’euros de la monarchie du Golfe », a déclaré Sharan Burrow. Les organisations syndicales nationales et les FSI ont fait le point sur leurs campagnes nationales et sectorielles pour l’abolition du système de visa par parrainage ou kafala, au Qatar, le pays le plus riche du monde, ainsi que dans d’autres pays du Golfe.

Le Conseil général composé de 88 membres et englobant en son sein les dirigeants syndicaux de plus de 70 pays est, après les Congrès quadriennaux, le principal organe de prise de décision de la CSI, organisation forte de 176 millions de membres.
Neuf nouvelles organisations affiliées ont été accueillies au sein de la CSI : CGTA Algérie, CEDOCUT Équateur, LLC Lesotho, CITU et CTSP Maurice, UFTUM Monténégro, CONUSI Panama, KMU Philippines et FESTU Somalie. En outre, le statut d’organisation associée de la CSI a été accordé à l’Association slovène des syndicats libres (ZSSS).

« Nous nous réjouissons de pouvoir accueillir ces nouvelles organisations au nombre des affiliés de la CSI, pour renforcer leur position au niveau de leurs pays respectifs et leur permettre de participer pleinement aux prises de décisions et aux actions du mouvement syndical international », a dit Sharan Burrow.