Guatemala : Les travailleurs se mobilisent de par le monde et déposent une plainte à l’OIT pour exiger le respect de la liberté syndicale

Le Guatemala figure aujourd’hui parmi les principaux auteurs de violations des droits des travailleurs à niveau mondial. Les travailleuses et travailleurs qui osent défendre leurs droits sont systématiquement congédiés et de plus en plus souvent menacés, torturés, voire assassinés.

Et quand ils essaient de faire valoir leurs droits en s’adressant au ministère du Travail ou aux tribunaux, ces institutions leur garantissent rarement un recours effectif. Même quand la justice sanctionne un employeur, les sentences sont fréquemment ignorées et les dispositions prises par les tribunaux pour les faire respecter s’avèrent généralement insuffisantes. Des secteurs entiers de l’économie sont pratiquement dépourvus de syndicats, alors que la densité syndicale oscille, aujourd’hui, autour de 2% seulement, dû à des décennies de répression.

Cela fait plus de 20 ans que les travailleurs et travailleuses du Guatemala tentent de recourir au BIT pour faire valoir des droits qui restent aléatoires dans ce pays. Malgré les condamnations de plus en plus vigoureuses émanant du BIT et les nombreuses missions techniques déployées sur place, les travailleuses et travailleurs au Guatemala n’ont pratiquement pas vu de changement, que ce soit dans la loi ou dans la pratique. En 2012, le ras-le-bol des travailleurs a atteint le point de non-retour. Le 14 juin 2012, à l’occasion de la Conférence internationale du travail, dix délégués des Travailleurs d’Asie, d’Afrique, d’Europe et des Amériques ont déposé une demande pour la mise sur pied d’une Commission d’enquête – la mesure d’investigation la plus sévère disponible à l’intérieur du système de l’OIT. Le Conseil d’administration de l’OIT votera très probablement en faveur de la mise sur pied d’une telle commission en novembre.

« La situation au Guatemala, où les meurtres de syndicalistes sont pratique courante, est véritablement inquiétante. Le gouvernement a rarement recours aux mesures de prévention pour protéger les syndicalistes dont la vie est en danger et engage rarement des enquêtes effectives ou des poursuites judiciaires contre les auteurs matériels ou intellectuels de tels crimes. Le Guatemala est sur le point de supplanter la Colombie en tant qu’endroit le plus dangereux du monde pour être syndicaliste. Les meurtres de 63 syndicalistes depuis 2007 sont une preuve accablante de la réalité terrifiante à laquelle beaucoup de travailleurs et travailleuses s’affrontent à l’heure actuelle », a indiqué Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI).

« Nous appelons instamment les gouvernements et les employeurs à soutenir l’établissement d’une commission d’enquête dans les plus brefs délais. L’examen approfondi des obstacles à l’exercice de la liberté syndicale, assorti de recommandations et doublé de l’attention médiatique internationale et du soutien technique inhérents à une commission de ce type sont susceptibles de faire une grande différence. Le dialogue et le travail décent, qui sont les fondements d’une économie qui génère une prospérité globalement partagée, agissent au bénéfice de tous. Une commission d’enquête pourrait aider le Guatemala à s’engager dans cette voie, faute de quoi l’exploitation, l’inégalité et la violence resteront la norme, rendant les perspectives d’avenir du Guatemala de plus en plus incertaines », a expliqué Victor Baez, secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleuses et travailleurs des Amériques (CSA).

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