La CSI interpelle le ministre du Travail du Qatar au sujet de nouvelles preuves d’abus contre des travailleurs migrants

Des preuves photographiques provenant de camps où sont parqués des centaines de travailleurs migrants au Qatar ont été présentées au ministre du Travail de ce pays du Golfe aujourd’hui, à l’occasion d’une réunion spéciale convoquée durant la Conférence du travail de l’OIT, à Genève.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI) a évoqué les conditions inhumaines dans lesquelles les travailleurs et travailleuses migrants vivent et travaillent au Qatar, privés de tout droit. Un engagement des autorités qataries sur la liberté syndicale tient d’une obligation fondamentale aux yeux de la CSI.

« Les syndicats internationaux se sont engagés pour la cause des droits des travailleurs migrants au Qatar. Seule la garantie de la liberté syndicale et de syndicats libres dotés du droit de négociation collective permettra aux travailleurs et travailleuses migrants d’accéder aux protections dont ils ont besoin », a déclaré Sharan Burrow.

Les photographies d’un camp de travailleurs délivrées anonymement à la CSI la semaine dernière montrent :
- Des monceaux d’ordures,
- Des citernes d’effluves jouxtant les habitations des travailleurs,
- Un seul WC en état de fonctionnement pour 150 travailleurs,
- Une épaisse colonne de fumée provenant d’un feu dans un entrepôt situé en bordure du camp de travailleurs.

« Les conditions de vie et d’emploi des travailleurs migrants au Qatar sont ni plus ni moins que de l’esclavage des temps modernes. À l’heure où il se prépare à entreprendre un chantier de construction titanesque en prévision de la Coupe du monde de 2022, le Qatar met en danger la vie de dizaines de milliers d’ouvriers. En l’absence d’une protection effective et de droits syndicaux, les ouvriers qui perdront la vie en construisant les stades de la Coupe du monde seront plus nombreux que les sportifs qui prendront part à la Coupe du monde », a indiqué Sharan Burrow.

La photographie d’un avis adressé aux travailleurs et affiché sur un panneau à l’intérieur du camp montre les règles très strictes qui s’appliquent aux congés des travailleurs. Le congé annuel n’est accordé qu’au terme d’un ou parfois deux ans de travail continu. L’avis photographié énonce les dispositions suivantes concernant les congés occasionnels :
- Trois jours par an maximum,
- Un jour par trimestre maximum,
- Il n’est pas permis de prendre deux jours de congé consécutivement,
- Les congés ne peuvent être pris sur deux mois consécutifs.

« La migration des travailleurs ne peut relever d’agents sans scrupules qui exploitent les travailleurs mais doit être du ressort de sociétés honorables qui agissent dans le respect du droit international. Vu l’afflux massif continu de main-d’œuvre migrante dans le pays, il incombe aux autorités qataries d’assurer que les travailleurs migrants ne sont pas exploités », a signalé Sharan Burrow.

Au cours de l’entretien, Sharan Burrow a invité le ministre du Travail à la rejoindre dans le cadre d’une rencontre avec des travailleurs et travailleuses migrants au Qatar, prévue plus tard dans l’année.