Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale, a qualifié de faible et décevante la promesse des autorités qataries de simplement augmenter le nombre d’inspecteurs du travail.
« Il y a déjà des inspecteurs du travail et ils n’ont aucun impact. Ce qu’il faut, c’est des lois qui protègent les droits des travailleurs d’adhérer à un syndicat, de négocier collectivement et de refuser d’effecteur des travaux dangereux. Il n’y a que comme ça que les inspecteurs pourront faire leur travail.
Les lois au Qatar accordent aux employeurs un contrôle total sur les travailleurs, pour qu’aucun travailleur ne se sente libre de parler à un inspecteur du travail », a dit Sharan Burrow.
En mars 2013, la CSI a déposé plainte auprès du ministère du Travail du Qatar contre six entreprises qataries après que des travailleurs aient pris contact avec la CSI pour lui soumettre leurs griefs, preuves documentées à l’appui. En 2012, le Département des relations du travail du ministère du Travail du Qatar a reçu 6000 plaintes de travailleurs, cependant que l’Ambassade de l’Inde au Qatar a reçu 1500 plaintes au cours des cinq premiers mois de cette année.
Les règles strictes liées au système traditionnel de parrainage pour l’obtention de visas ou kafala interdisent aux travailleurs de changer d’emploi sans la permission de l’employeur ou de quitter le pays sans avoir préalablement obtenu un visa de sortie signé par l’employeur. Dans une enquête sur les travailleurs migrants au Qatar réalisée en juin 2013 et publiée dans le Journal of Arabian Studies, 90% des travailleurs interrogés ont signalé que leurs passeports avaient été retenus par l’employeur.
De nouvelles preuves vidéo montrant des tailleurs de marbre qui fournissent le marbre poli employé dans la construction d’hôtels et de résidences destinés à la Coupe du monde de 2022 décrivent les heures excessives et les conditions de travail dangereuses auxquelles sont soumis ces ouvriers. Craignant les représailles de leur employeur, les travailleurs ont accepté de parler sous couvert d’anonymat.
« Craignant les représailles, nombre de travailleurs se laissent exploiter. Nous avons procédé au dépôt d’une plainte à l’Organisation internationale du travail où nous décrivons comment le système de visas du Qatar permet aux employeurs de recourir au travail forcé », a indiqué Sharan Burrow.
La CSI attire l’attention sur six pratiques qui enfreignent les droits des travailleurs, notamment :
Les fausses promesses des recruteurs et des parraineurs quant à la nature et au type de travail
Le non-respect par les employeurs de leurs obligations en matière de salaires et de conditions de travail
Le non-respect au Qatar des contrats passés avant le départ
L’endettement des travailleurs vis-à-vis de recruteurs ou de prêteurs sur gages qui imposent des commissions prohibitives
La confiscation des passeports par les employeurs
Les travailleurs sont forcés de vivre dans des camps de travail insalubres et surpeuplés et sont privés du droit de former des syndicats.
L’OIT a mis sur pied une commission tripartite chargée d’examiner les preuves et de soumettre des recommandations au gouvernement du Qatar concernant la mise en œuvre de ses engagements internationaux. La semaine dernière, un haut fonctionnaire de l’OIT a averti que « nombre d’abus qui sont susceptibles de conduire au travail forcé demeurent d’actualité » au Qatar.
Dans une lettre à la CSI, le président de la FIFA, Sepp Blatter, s’est désormais engagé à inclure la question des droits des travailleurs à l’ordre du jour du comité exécutif de la FIFA, qui se réunira à Zurich, les 3 et 4 octobre 2013.
« Les feux des projecteurs sont à présent braqués sur les pratiques du travail inqualifiables du Qatar. Il a fallu attendre deux ans pour en arriver là et la pression devra être maintenue si l’on tient à ce que des vies soient sauvées et la dignité restaurée. Les milliards de dollars qui sont en jeu ne feront qu’accroître la pression en faveur du maintien de la loi du silence, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Qatar », a déclaré Sharan Burrow.
FIN
Pour plus d’informations, prière de joindre Gemma Swart [email protected] +32 479 06 41 63
Sources : Le Qatar reçoit 6000 plaintes de travailleurs.
L’Ambassade de l’Inde au Qatar reçoit 1500 plaintes de travailleurs.
Commentaire officiel de l’OIT concernant le recours au travail forcé.