Pourquoi la Banque mondiale doit améliorer sa Pratique des affaires

À la veille de la parution du rapport Doing Business (Pratique des affaires) 2014 de la Banque mondiale, les organisations de la société civile appellent la Banque à mettre en œuvre les recommandations essentielles qui lui ont été soumises par un comité d’examen indépendant en juin. Celles-ci incluaient l’abandon du classement des pays en fonction d’un indice de « facilité de faire des affaires » et l’élimination définitive des indicateurs très controversés relatifs aux impôts et au travail.

Le rapport Doing Business de cette année, qui classe les pays en fonction de la facilité d’y faire des affaires, est accueilli par un chœur de critiques qui remettent en cause sa pertinence et sa fiabilité. Des informations préliminaires concernant Doing Business 2014 indiquent que les recommandations du Comité d’experts chargé par le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim de procéder à l’examen du rapport en vue de sa révision exhaustive n’ont toujours pas été mises en œuvre.

Christina Chang, analyste économique auprès de CAFOD, a indiqué : « Les décideurs se demanderont, à juste titre, quel poids accorder à une publication qui classe la Zambie au 12e rang mondial en matière d’accès au crédit aux entreprises, alors que plus de 90% des petites entreprises dans ce pays le signalent comme un obstacle majeur à leur succès. »

Le comité d’experts dirigé par Trevor Manuel a conclu que Doing Business constitue une « piètre référence » pour les législateurs et a présenté une liste de réformes requises pour rendre le rapport d’étude phare de la Banque mondiale plus fiable.

Peter Bakvis, directeur du bureau de Washington de la Confédération syndicale internationale a déclaré : « Cela fait une décennie que Doing Business publie des données sur les réglementations du travail en se basant sur l’hypothèse erronée que l’affaiblissement des normes du travail est bénéfique pour l’économie et les affaires. »

Jesse Griffiths, directeur d’Eurodad (Réseau européen sur la dette et le développement), a indiqué : « La Banque mondiale doit évoluer au rythme des nouvelles réflexions et des nouvelles orientations en matière de développement.

« Il est impensable que la Banque continue à ce jour à publier un rapport qui vante les plus faibles taux d’imposition des sociétés comme l’idéal pour le développement. Le problème des pays en développement tient au fait qu’ils ont levé trop peu et non trop de taxes auprès des sociétés transnationales.

« Il est grand temps que la Banque mondiale écoute son comité d’experts indépendant et arrête de classer les pays en fonction d’indicateurs subjectifs et controversés dans Doing Business. Elle doit aussi considérablement revoir à la baisse le budget publicitaire affecté à ce rapport entaché de lacunes. »

Le Comité a en outre recommandé que Doing Business soit transféré au département de recherche de la Banque mondiale afin qu’il puisse mieux s’accorder avec l’évolution de la doctrine du développement et le mandat d’éradication de la pauvreté de la Banque.

Et Christina Chang d’ajouter : « La réforme de Doing Business est importante si l’on tient à atteindre les nouveaux objectifs de la Banque mondiale pour l’éradication de la pauvreté à l’horizon 2030 et parvenir à une prospérité partagée.

« Les petites entreprises sont pourvoyeuses de jusqu’à 90 pour cent des emplois dans les pays en développement et représentent la voie la plus prometteuse pour une majorité de pauvres qui veulent sortir de la pauvreté, or Doing Business ne reflète pas leur réalité. La prise en compte de leurs points de vue dans le débat sur la réforme de Doing Business est critique. »