Le L20 redoute que les faiblesses du programme du G20 menacent des emplois

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Pour le Groupe syndical 20 (L20), il sera ardu de parvenir à une croissance économique supplémentaire de 2 %, objectif brandi comme le principal résultat du Sommet du G20 de Brisbane, puisqu’il n’est pas assorti de plans visant à stimuler la demande grâce à des hausses salariales et à la création d’emplois de qualité.

Au vu des 200 millions de personnes actuellement au chômage sur la planète, du nombre impressionnant de jeunes sans emploi et de la stagnation des salaires, les projections selon lesquelles l’économie mondiale parviendra à satisfaire à un objectif de 2 % supérieur aux trajectoires actuellement envisagées se fondent sur une modélisation économique irréaliste.

Selon Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI), la modélisation adoptée par les dirigeants des pays du G20 s’appuie sur le plein emploi, ce qui n’est absolument pas le cas dans la plupart des nations du globe.
« Nous ne pensons pas que le modèle économique actuel permette d’atteindre l’objectif des 2 % de croissance économique. Étant donné l’imposante crise du chômage et l’absence de plans visant à accroître la demande pour stimuler l’économie mondiale, le G20 se retrouvera l’année prochaine avec des taux de chômage encore plus élevés et des sociétés d’autant plus fracturées », a déclaré Sharan Burrow.

L’analyse du L20 du communiqué montre que les inégalités et la croissance universelle ont été abandonnées au profit des intérêts commerciaux qui priment sur ceux des travailleuses et des travailleurs.

« Les dirigeants des pays du G20 ont progressé positivement sur des thèmes comme la fraude et l’évasion fiscales grâce au plan d’action contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices, ainsi qu’en matière d’investissements dans les infrastructures et de participation des femmes à la population active, mais il faut agir bien plus énergiquement en matière de réglementation du secteur bancaire parallèle, de publication des données fiscales et d’investissements responsables en vue de réduire les risques et de remettre l’économie réelle sur les voies », a expliqué John Evans, secrétaire général de la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE (TUAC).

« Nous remercions la communauté internationale pour avoir surmonté les obstacles mis en place par le gouvernement australien afin d’éviter que le changement climatique et le dialogue social figurent à l’ordre du jour du G20 », a ajouté Sharan Burrow.

Le Groupe syndical 20 (L20) a salué la déclaration des dirigeants sur Ebola, qui reconnaît l’important rôle joué par les travailleurs des services de santé et le personnel humanitaire dans la lutte contre l’épidémie en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone.

« Nous nous réjouissons de travailler avec la présidence turque du G20 afin de relancer le travail du groupe sur les inégalités, sur le climat et sur la hausse des normes sociales le long des chaînes mondiales d’approvisionnement. Les membres du G20 devront aussi reconnaître l’importance de la crise mondiale des réfugiés. Nous espérons que le G20 prônera désormais le dialogue social plutôt que de défendre les intérêts étroits des entreprises comme l’a fait la présidence australienne, et nous tenons à remercier les autorités turques pour leur soutien apporté à ce thème », a conclu Sharan Burrow.

Ged Kearney, présidente de l’Australian Council of Trade Unions, a expliqué que la présidence australienne du G20 a raté l’occasion de montrer l’exemple au monde.
« Malheureusement, le gouvernement Abbott n’a pas été à la hauteur lorsqu’il a eu la possibilité de faire preuve de maturité en orientant le G20 sur des thèmes comme le changement climatique et les inégalités, et au contraire, il s’est servi de ce forum comme d’une tribune pour mettre en avant des politiques nationales qui diminuent les niveaux de vie en Australie », a-t-elle expliqué.