Qatar : Une centaine de grévistes arrêtés et en voie de déportation

La CSI a condamné l’arrestation et la déportation annoncée par le Qatar aujourd’hui d’une centaine de travailleurs migrants en grève comme une violation flagrante des droits des travailleurs les plus fondamentaux.

D’après le site d’information qatari Doha News, « Les hommes originaires du Népal, de l’Inde, du Sri Lanka et du Bangladesh sont tous des ouvriers de la construction employés par deux agences de placement – Qatar Freelance Trading and Contracting et Qatar Middle East Co.. Parmi les chantiers sur lesquels ils travaillaient figure notamment l’hôtel Sheraton Doha fraichement rénové. »

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a déclaré : « Nous voici devant une nouvelle démonstration du mépris brutal affiché par le Qatar à l’égard des travailleurs migrants. Les « réformes du travail » promises par les autorités sont du pipeau, cependant que la FIFA, l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF), les multinationales et autres qui s’enrichissent sur le dos de l’esclavage moderne au Qatar devraient avoir honte d’avoir partie liée avec une dictature comme celle-ci. »

Quelque 800 travailleurs se seraient mis en grève au cours des derniers jours pour protester contre des ruptures de contrats d’emploi et des salaires de misère. À leur arrivée au Qatar, ces travailleurs qui avaient signé leurs contrats de travail avant de quitter leurs pays d’origine pour le Qatar ont vu leurs passeports confisqués et les contrats en question déchirés devant leurs yeux. Par la suite, ils ont été contraints de travailler pour deux tiers de la paie qui leur avait été promise au départ. Des témoins ont rapporté avoir aperçu un contremaître attaquer des travailleurs à l’aide d’un tuyau en plastique au moment où la police est arrivée pour procéder aux arrestations ; quant aux travailleurs arrêtés, ceux-ci auraient été conduits vers le tristement célèbre Centre de détention de Doha, où les migrants sont souvent détenus au secret durant de longues périodes jusqu’à leur déportation finale.

« C’est à ça que ressemble la vie sans le droit de grève. Il est profondément déconcertant de voir que des groupes d’employeurs s’évertuent à présent à affaiblir ce même droit au sein de l’Organisation internationale du travail. Le monde doit préserver des droits et ne pas placer chaque travailleur à la merci de son employeur en le privant du droit de faire grève contre l’exploitation et l’abus, comme au Qatar », a déclaré Sharan Burrow.