Le mouvement syndical international enjoint les gouvernements à respecter la toute nouvelle Convention sur le travail domestique

Saluant l’adoption historique par l’Organisation internationale du travail (OIT) de la Convention, assortie d’une Recommandation, sur le travail décent pour les travailleurs et travailleuses domestiques, la Confédération syndicale internationale a appelé l’OIT à faire en sorte que les gouvernements du monde entier s’engagent à protéger les droits des millions de personnes employées comme domestiques.

A défaut d’une surveillance appropriée des conditions d’emploi des millions de domestiques migrants dans le monde, cette catégorie de main d’œuvre restera à la merci de conditions de travail inhumaines et répressives auxquelles s’ajoutent les abus perpétrés par les agences de recrutement, les rémunérations en dessous des minimums légaux, le non-paiement des salaires, l’absence de protection sociale, les horaires de travail excessifs et les pires formes de travail des enfants.

« L’adoption de cette Convention est une immense victoire ; nous appelons donc tous les gouvernements à la ratifier et à l’appliquer, mais nous demandons également à l’OIT de fournir des orientations précises à l’intention des pays dont la législation ne protège pas suffisamment les droits des domestiques travaillant sur leur territoire », a déclaré Sharan Burrow, Secrétaire générale de la CSI.

La CSI a dénoncé l’oppression généralisée et les maltraitances subies par les domestiques migrantes employées dans les pays du Golfe. La plupart de ces employées sont originaires de l’Inde, du Bangladesh, de Sri Lanka, des Philippines, d’Indonésie et d’Éthiopie.

« Le mouvement syndical international dénoncera sans relâche les conditions de travail des travailleurs et travailleuses domestiques dans les pays du Golfe, en particulier en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, au Qatar et à Bahreïn » a déclaré Sharan Burrow.

« Il est inacceptable que des pays dotés d’économies aussi prospères et de patrimoines privés aussi considérables abritent ce quart-monde d’esclaves domestiques, dont les passeports sont confisqués à leur arrivée et qui n’ont absolument personne vers qui se tourner lorsqu’elles sont maltraitées ou harcelées par leur employeur », a-t-elle ajouté.

Sharan Burrow a invité l’OIT à élaborer un plan d’action spécifique destiné à assurer le suivi de la mise en œuvre de la Convention dans les pays du Golfe.
Le nombre de domestiques migrants dans le monde est estimé à 2,1 millions de personnes, dont 83 % de femmes, les services domestiques représentant, au minimum, 7,5 % de l’emploi salarié féminin mondial.

« Les travailleurs/euses domestiques sont enfin reconnus comme ‘travailleurs’. Leur plaidoyer de longue date en faveur de l’égalité de traitement avec les autres travailleurs/euses est à présent incorporé dans la Convention et la Recommandation. Il n’est pas trop tôt. L’UITA, qui est l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes, conjointement avec le Réseau international des travailleurs domestiques, se félicite du bon état d’esprit dans lequel les négociations finales ont été menées. Nous appelons à présent tous les gouvernements à promulguer en loi et à mettre en pratique les dispositions de la Convention en vue d’améliorer la vie de millions de travailleurs/euses domestiques et de leur famille », a affirmé le secrétaire général de l’UITA, Ron Oswald.

En saluant l’adoption de la Convention et de la Recommandation, Peter Waldorff, secrétaire général de l’Internationale des services publics, a affirmé que « des millions de travailleurs, principalement des femmes, fournissent des soins quotidiennement à des personnes vulnérables à leur domicile – des services qui devraient être fournis par l’État. Ces travailleurs/euses font souvent partie d’une main-d’œuvre invisible avec une protection juridique limitée, voire inexistante. Cette Convention devrait contribuer à remédier à cette situation déplorable et nous exhortons les gouvernements à la ratifier et à la mettre en œuvre sans délai ».

La Convention sur le travail décent des travailleurs et travailleuses domestiques que l’Organisation internationale du travail vient d’adopter constitue un jalon important après bien des années de luttes menées par les syndicats et les organisations de migrants et de femmes de par le monde : cet instrument sera déterminant pour garantir l’accès effectif des travailleurs précaires et informels à des conditions de travail décent.

A propos de la Convention :
La Convention donne le droit à des millions de travailleuses domestiques de jouir des droits reconnus aux travailleurs en général. Jusqu’à présent, la majorité des travailleuses domestiques appartenaient à ce qu’on appelle l’économie informelle. Une fois ratifiée, cette Convention a le potentiel de sortir des millions de travailleuses de cette économie informelle pour leur donner un emploi formel. La Convention reconnaît, entre autres le droit des travailleuses domestiques à s’organiser en syndicats, ce qui est aujourd’hui encore interdit dans de nombreux pays. Ce changement devrait leur permettre de négocier et d’améliorer leurs conditions de travail.

Pour plus d’information sur la Convention, voir l’interview Gros Plan sur Marieke Koning (CSI- Egalité)

Voir d’autres publications de la CSI sur ce thème :

-  Guide syndical CSI - Un travail décent, une vie décente pour les travailleurs et les travailleuses domestiques

-  Vivre dans l’insécurité économique : les femmes et le travail précaire