Quand les allégations des procureurs contre Lula font le procès du système judiciaire brésilien

Le procureur Deltan Dallagnol réutilise d’anciennes allégations – discréditées depuis – selon lesquelles l’ancien président brésilien Lula aurait possédé secrètement un appartement donnant sur la plage de Guarujá et aurait été à la tête d’un gigantesque scandale de corruption, ce qui revient, d’après la CSI, à faire le procès du système judiciaire brésilien lui-même.

Le juge populiste Sérgio Moro, qu’une apparition quotidienne dans les médias a converti en star du conglomérat de la presse de droite Globo, a aujourd’hui le pouvoir de décider d’engager des poursuites sur la base de ces allégations. Moro a pourtant été tenu de s’excuser devant la Cour suprême du pays pour avoir illégalement mis Lula sur écoute en mars dernier.

Des juristes internationaux spécialistes des droits humains, tels que le renommé Geoffrey Robertson, au Royaume-Uni, défendent une affaire que Lula a déposée auprès de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies suite aux attaques incessantes et sans fondement dont il faisait l’objet. D’après Robertson, « Lula a saisi les Nations Unies parce qu’il lui est impossible d’obtenir justice au Brésil avec le système inquisitorial actuellement en place. Le même juge peut à la fois s’ingérer dans sa vie privée, le faire arrêter à tout moment, le juger pendant son procès et décider de sa culpabilité ou de son innocence sans jury ». La CSI soutient cette affaire pour protester contre le non-respect systématique des droits fondamentaux de Lula.

Au Brésil, de nombreuses personnes ont critiqué l’action de Dallagnol, y compris certains des plus farouches adversaires de Lula, estimant qu’elle pourrait sérieusement entraver les enquêtes en cours sur la corruption dans le cadre de l’opération nationale « Car Wash ». Un des procureurs, Roberson Pozzobon, a déclenché un tollé hier en annonçant pendant une conférence de presse : « Nous n’avons pas de preuves, mais nous sommes convaincus ».

Sharan Burrow, la secrétaire générale de la CSI, déclare : « La justice brésilienne est sous le feu des projecteurs tandis que de puissantes entreprises, soucieuses de protéger leurs intérêts, essaient de s’en servir contre Lula et son Parti des travailleurs, niant le considérable héritage qu’il a réussi à laisser après plus d’une décennie de progrès économique et social. Nous soutenons Lula, et nous sommes résolument opposés à cette utilisation abusive du pouvoir judiciaire pour persécuter l’ancien président. Les dernières manœuvres en date mettent encore un peu plus la démocratie et les droits en danger et installent un écran de fumée très commode pour le gouvernement de Michel Temer qui, après avoir fait un véritable coup d’État politique pour destituer la présidente Dilma Rousseff, poursuit sans relâche son programme consistant à privatiser, vendre les biens publics et anéantir le code du travail. Sous l’apparence de solutions aux difficultés budgétaires actuelles du pays, ce programme provoque en fait des préjudices irréparables pour l’avenir du Brésil ».
www.standwithlula.org