À l’heure actuelle, nous traversons une crise internationale de grande portée et aux répercussions considérables, qui nous oblige à remettre en cause le modèle de développement néolibéral hégémonique qui nous est imposé depuis plus de trois décennies. Cependant, jusqu’à présent, les grands pays ont essayé de mettre en place des solutions purement conjoncturelles, consistant à appliquer des politiques qui gardent la même logique que celles qui sont responsables de la crise. C’est ce qui a conduit à l’aggravation des effets les plus pernicieux de la crise, avec des conséquences évidentes pour la majeure partie de la population, en particulier les travailleurs et les travailleuses. Il apparait de plus en plus clairement que les politiques qui favorisent les entreprises et le sauvetage des banques, au lieu de venir en aide aux populations, accentuent le chômage, l’inégalité et l’exclusion sociale.
Face à cette situation, nous partageons la conviction que la sortie de crise nécessite une réponse urgente et structurelle, conjuguée à la participation incontournable du syndicalisme, des mouvements de travailleurs et de travailleuses et des diverses expressions collectives du monde populaire : mouvements sociaux, paysans, écologistes, étudiants, féministes ; mouvements contre la répression, pour la jeunesse et l’enfance, les droits humains, les victimes de la violence, la diversité sexuelle, les populations autochtones, les producteurs de l’économie sociale et solidaire, les organisations en faveur des droits des migrants, les éducateurs et éducatrices, et les adeptes de l’art et de la culture, et bien d’autres.
Consciente de la nécessité d’améliorer les transformations opérées ces dernières années grâce à des projets politiques émancipateurs sur l’ensemble du continent, la CSA est à l’origine de l’élaboration d’un nouvel outil politique, la Plateforme de développement pour les Amériques (PLADA), dont l’axe principal est le développement durable.
La notion de développement durable propose une alternative, par opposition à la matrice de la pensée néolibérale. C’est également une manière de comprendre et d’organiser les aspects essentiels de la vie en société en suivant une nouvelle logique et, enfin, elle apporte une réponse conçue par et pour la majeure partie de la population. Les conditions sont réunies pour lancer un nouveau programme de développement en faveur d’un nouveau modèle économique basé sur la production et le travail, qui réponde aux demandes sociales de nos peuples, qui considère la préservation de l’environnement comme un pilier essentiel et qui privilégie clairement la démocratie, au sein de laquelle les populations peuvent s’exprimer de manière directe et représentative.
Telle est notre vision du développement, qui repose sur notre choix syndical et réaffirme les valeurs incontournables que représentent le travail décent, la répartition de la richesse, la démocratie participative, l’égalité de genre, la protection et l’inclusion sociale de tous et toutes, au niveau intergénérationnel et environnemental, englobant ainsi les dimensions économique, sociale, environnementale et politique.
C’est seulement de cette manière qu’il sera possible de veiller à ce que les conquêtes sociales perdurent, en les approfondissant et en les institutionnalisant. Le défi du XXIe siècle consiste à renforcer les mécanismes qui garantissent que ce sont les peuples, et non les entreprises, qui fixent l’orientation sociale et politique du continent. L’effort commun devra s’attacher à nouer des alliances sociales authentiques, qui visent à instaurer un programme de développement anti-hégémonique capable de représenter et d’exprimer toutes les voix.
La PLADA, actuellement en cours de finalisation, sera lancée au cours du premier semestre de 2014.
